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Mondorff : la secrétaire de mairie accusée d’avoir volé la commune


La mairie de Mondorff. (photo Wikipedia / DR)

La justice reproche à l’ancienne secrétaire de mairie d’avoir vécu sur le dos de la petite commune mosellane située juste en face de Mondorf-les-Bains. Elle aurait détourné plusieurs dizaines de milliers d’euros… dépensés en partie au Grand-Duché.

Le préjudice s’élève à plusieurs dizaines de milliers d’euros pour la petite mairie de Mondorff (575 habitants), dans le Nord mosellan. Et selon les investigations des enquêteurs, l’ancienne secrétaire de mairie, en poste pendant 26 ans, est à l’origine de ce détournement établi entre 2008 et 2013.

Quatre ans de prison, dont 30 mois avec sursis, ont été requis à l’encontre de la fonctionnaire, âgée de 54 ans, qui n’avait encore jamais fait parler d’elle devant un tribunal correctionnel. La procédure judiciaire a mis au jour des modes opératoires variés et l’incroyable liberté d’action dont aurait profité l’employée communale mise en cause.

Il y a tout d’abord ces 16 800 euros détournés, par voie de chèques principalement, auprès du foyer socio-éducatif de Mondorff, dont la prévenue était trésorière. On lui reproche également d’avoir présenté des bons de commande falsifiés au nom de la mairie dans des magasins de bricolage ou encore des supermarchés, où la municipalité disposait de compte client à débiter.

La secrétaire se serait servie de ces bons pour faire ses courses alimentaires ou s’offrir un salon de jardin, voire des éléments de salle de bain. Le tout pour plus de 15 000 euros.

Mieux : 11 150 euros ont été dépensés dans une station-service au Luxembourg, grâce à des cartes d’achat d’essence prétendument ouvertes par la commune. Enfin, l’enquête révèle que la secrétaire aurait imité la signature d’une adjointe au maire pour s’octroyer quelques avantages en salaires et primes diverses.

Décision le 5 juillet

Le présumé manège s’est arrêté lorsque l’employée communale a craqué sur des bijoux, payés là encore avec des bons de commande portant l’en-tête de la mairie, destinés à financer «des fournitures diverses». Cette facture de 2 200 euros n’est pas passée. La bijoutière a tiqué. La machine s’est grippée.

« Elle n’est pas la seule à être bénéficiaire de ces détournements , martèle son avocat, Me Joseph Roth. Les élus l’ont laissée faire, l’enquête s’est bien gardée de voir plus loin .» Une alerte interne relevant des dysfonctionnements dans la gestion de la commune, ainsi qu’un rapport de la chambre régionale des comptes en 2013, pointait le déséquilibre budgétaire important de la commune et les économies nécessaires à opérer. Le maire de l’époque, partie civile dans ce dossier, n’aurait rien vu, rien su, aveuglé par la confiance qu’il vouait à la secrétaire qui avait la main sur tout.

Sauf qu’après sa mise à pied en septembre 2013, la mairie et les contribuables ont continué d’en payer les conséquences. « Les indemnités versées aux élus ont été arrêtées pendant un an et demi », rappelle Me Christelle Merll, avocate de la commune.

Le conseil évoque aussi la majoration des factures impayées, l’augmentation inévitable des impôts et les subventions suspendues aux associations le temps de rétablir la situation financière. « La mairie de Mondorff espère être indemnisée », ajoute Me Merll. Elle a d’ores et déjà réclamé une provision de 20 000 euros avant de chiffrer précisément le préjudice lors d’une prochaine audience sur intérêts civils.

Le vice-procureur de Thionville, Françoise Rosenau, requiert également à l’encontre de la prévenue une interdiction d’exercer un emploi dans la fonction publique, et plus généralement dans le domaine comptable. Le tribunal rendra sa décision le 5 juillet.

Frédéric Thisse (Le Républicain lorrain)

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