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Yutz : histoire de la mystérieuse église Sainte-Ursule laissée à l’abandon


L’endroit fantomatique, entouré d’un petit cimetière, tombe aujourd’hui en décrépitude. (photo Pierre Heckler / RL)

Voilà plus de trente ans que l’église Sainte-Ursule à Yutz est à l’abandon. Pendant un temps, il a été question de transformer l’édifice cultuel en un lieu culturel. Mais le projet n’a jamais abouti. L’endroit fantomatique, entouré d’un petit cimetière, tombe aujourd’hui en décrépitude.

Murs décrépis, planchers ruinés, plafonds troués… En poussant la porte de l’église Sainte-Ursule, plantée au milieu d’un cimetière, le frisson est garanti. Cet édifice religieux laissé à l’abandon se trouve rue de l’Ancienne-Mairie à Haute-Yutz. Autel, objets d’apparat ont été débarrassés par les services techniques de la Ville il y a plus de trente ans. Les bancs et le lustre central ont été vendus. Des travaux de façade et de toiture ont été entrepris par la mairie. Et puis plus rien.

« L’ancien maire, Jean-Pierre Bonnetin, voulait en faire un lieu de culture dans les années 1980 », rapporte Bernard Adamiste, Yussois passionné d’histoire locale et auteur d’un site retraçant le passé de la commune. L’idée de transformer l’église Sainte-Ursule en bibliothèque, en théâtre municipal, ou encore en salle de concert a donc fait son chemin sans jamais en trouver le bout, faute de sous. Plusieurs anciens élus yussois contactés le confirment. Y compris l’actuel maire de Yutz, Bruno Sapin, déjà membre du conseil municipal dans le passé.

Des idées mais pas d’argent

« On a envisagé plein de choses pour ce lieu… », se souvient-il. Lui non plus n’a pas de solution miracle pour redonner à Sainte-Ursule une quelconque utilité et un coup de frais salutaire. « Vu son état, ça coûterait très très cher », relève Bruno Sapin. Et pas sûr que l’édifice, propriété de la commune, puisse intéresser un acheteur potentiel. « On n’a jamais eu de demande à ma connaissance… » Il faut reconnaître que l’environnement, avec le cimetière aménagé tout autour, n’est pas des plus engageants. Même s’il n’entame en rien le cachet et l’atmosphère si particulière de ce bâtiment fantomatique. Bien au contraire.

Mais l’argent et l’emplacement ne semblent être les seuls problèmes… Car avant de reconvertir l’église encore faudrait-il qu’elle soit désacralisée. Or en Alsace-Moselle, la tâche est rendue complexe par le régime concordataire en place. Ici, le maire doit tout d’abord écrire à l’évêque pour que celui-ci demande au préfet d’ordonner la désaffection de l’édifice. Sans quoi sa désacralisation n’est pas reconnue. Et sa transformation s’avère impossible. À ce jour, l’Évêché de Metz ne porte trace d’aucune démarche de ce type.

Frédérique Thisse (Le Républicain lorrain)

Un peu d’histoire

Difficile de faire toute la lumière sur Sainte-Ursule, aujourd’hui envahie par la poussière et les toiles d’araignées… Ni les archives de la ville, ni l’Évêché ne sont en mesure de détailler son histoire récente. Un Yussois passionné d’histoire locale, Bernard Adamiste, s’est penché sur le passé de l’église (détaillé sur le site lesruesdeyutz.fr). Sainte-Ursule a été érigée aux alentours de 1850 pour les habitants de Haute-Yutz.

« Les cloches ont été volées par les Allemands durant la Première Guerre mondiale pour les fondre et en faire du matériel d’armement », raconte Bernard Adamiste. Quatre cloches de remplacement seront ensuite acquises grâce à une quête, grâce aussi au soutien du conseil de fabrique et de la commune. En 1944, la Wehrmacht réquisitionne ces cloches sans avoir le temps de les ramener en Allemagne au vu de l’avancée des troupes alliées. Elles seront retrouvées en 1945 dans un wagon de train à Florange.

Dans les années 1960, Sainte-Ursule était devenue trop petite. Une église toute neuve, plus grande (Saint-Joseph) a donc été construite tout près, consacrée en 1966. « L’éventualité de raser Sainte-Ursule a été envisagée en conservant son clocher », écrit Bernard Adamiste. Mais le coût et la complexité de l’opération auraient découragé le conseil de fabrique à l’époque.

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