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Affaire Lafarge en Syrie : au moins un mort et un disparu parmi les salariés


Lafarge avait racheté l'usine de Jalabiya en 2008 et y avait investi environ 680 millions d'euros. (photo AFP)

Un salarié de Lafarge en Syrie a été tué et un autre est toujours porté disparu, selon des sources concordantes, alors que le cimentier français est dans la tourmente judiciaire, accusé d’avoir financé « le terrorisme » et mis en danger ses salariés entre 2011 et 2014.

En 2013, Yassin Ismaïl, employé par Lafarge depuis 2009 dans son usine de Jalabiya au nord de la Syrie, a été « arrêté par des jihadistes » du futur groupe Daech (EI), qui « l’ont exécuté après plusieurs mois de captivité », ont indiqué plusieurs membres de sa famille, interrogés dans leur ville d’Ain Issa. L’enlèvement de Yassin Ismaïl par Daech et sa mort ont été confirmés par trois de ses collègues chez Lafarge.

Pour son oncle, Yassin Yassin, son travail chez Lafarge a pu jouer dans sa disparition, car « l’usine se trouvait en zone kurde, et l’EI l’a tué en l’accusant d’être un espion des Kurdes ». En 2013 également, un autre salarié de Lafarge, Abdoul al-Homada, a disparu à Alep, à 150 km à l’ouest de l’usine, alors qu’il venait y chercher son salaire versé par le Lafarge dans une banque locale, ont indiqué quatre de ses collègues de l’époque. Selon plusieurs d’entre eux, il a très probablement été tué depuis.

Six anciens dirigeants mis en examen

En novembre 2016, 11 anciens salariés et l’association française Sherpa ont porté plainte contre Lafarge, sa filiale syrienne Lafarge Cement Syria, et plusieurs dirigeants « pour financement du terrorisme » et « mise en danger délibérée de la vie d’autrui », notamment entre 2012 et 2014. Six anciens dirigeants de Lafarge ont depuis été mis en examen.

Sur ces deux cas, LafargeHolcim a répondu n’avoir « pas connaissance qu’un collaborateur de Lafarge Syrie soit décédé à la suite d’un enlèvement ». Aux enquêteurs parisiens, l’un d’eux, le directeur général adjoint de Lafarge à l’époque, Christian Herrault, a assuré en décembre dernier que « tous les enlèvements » de salariés avaient « été réglés, les rançons ont été payées et les personnes libérées sans dommage corporel ». Mais, à propos du cas d’Abdoul al-Homada, il a concédé qu’un salarié enlevé à Alep n’avait « jamais été retrouvé ».

Lafarge, qui avait racheté l’usine en 2008, y avait investi environ 680 millions d’euros. Il a cessé de l’exploiter en septembre 2014, lorsqu’elle a été prise par Daech. Plusieurs salariés locaux présents ce jour-là ont raconté avoir fui l’usine en catastrophe, juste avant l’arrivée sur place des jihadistes.

Le Quotidien/AFP

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