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Alep s’embrase à nouveau, l’évacuation des civils suspendue


"Alep est dans une situation d'urgence absolue: environ 100.000 personnes sont encore piégées sur un territoire de 5 km carrés", selon Médecins du Monde. (photo AFP)

Le front d’Alep s’est embrasé mercredi après un court répit entre régime et insurgés, douchant les espoirs de milliers de civils affamés et désespérés d’être évacués des dernières poches rebelles dans la deuxième ville de Syrie.

Après une pause de plusieurs heures, le régime a repris ses raids aériens et tirs d’artillerie sur le réduit rebelle d’Alep, où des habitants terrifiés fuyaient dans les rues à la recherche d’un abri, selon un correspondant de l’AFP qui a vu beaucoup de blessés autour de lui.

D’autres tentaient de se cacher dans les entrées des immeubles. Le correspondant a vu char du régime tirer en direction des secteurs insurgés. « La situation est horrible maintenant à Alep », s’est écrié le militant Mohammad al-Khatib, contacté par l’AFP via internet. « Les blessés et les morts sont dans les rues, personne n’ose les retirer ». « Le bombardement est continu, personne n’arrive à bouger. C’est une situation indescriptible », a-t-il ajouté.

« On est revenu à la case départ », a résumé le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, en faisant état d’au moins deux morts dans la poignée de quartiers encore tenus par les insurgés dans le sud de la ville. La télévision d’Etat a parlé de sept civils tués par des tirs rebelles.

L’accord d’évacuation conclu sous la houlette de Moscou et d’Ankara aurait permis à des milliers de civils et d’insurgés de partir après plus de quatre mois de siège asphyxiant de l’armée et de pénuries de toutes sortes.

L’allié russe du président Bachar al-Assad a accusé les rebelles d’avoir déclenché à nouveau les hostilités, alors que le parrain de l’opposition, la Turquie, blâmait les troupes du régime et leurs alliés.

Une perte d’Alep marquera la fin de la rébellion dans cette ville symbole dont elle avait conquis la partie orientale en 2012. En revanche, elle représentera la plus importante victoire du pouvoir et de ses alliés russe et iranien depuis le début de la guerre en 2011.

Erdogan va parler à Poutine

Ce sont surtout les civils qui payent un lourd tribut: des centaines ont péri alors que près de 130.000 ont pris la fuite depuis le début le 15 novembre de l’offensive dévastatrice des prorégime qui contrôlent désormais 90% de la ville septentrionale.

Avant la reprise des bombardements, des milliers d’entre eux attendaient d’être évacués des zones rebelles. Dans le quartier al-Machad, une foule d’habitants, portant des affaires, s’était massée dans les rues depuis 5 heures du matin afin de pouvoir sortir, selon un journaliste de l’AFP.

Parmi eux, des enfants pauvrement vêtus grelottaient de froid car la température avoisine les 4 degrés en journée et moins 3 la nuit. Beaucoup d’habitants avaient passé la nuit sur les trottoirs, faute d’abris, sous la pluie.

Tôt le matin, une vingtaine de bus étaient stationnés dans le secteur gouvernemental du quartier de Salaheddine, en vue de l’évacuation qui était censée commencer à 4 heures. Mais celle-ci a finalement été suspendue en raison de désaccords.

D’après un responsable rebelle, le régime et son allié iranien ont « imposé de nouvelles conditions ». « Ils veulent lier l’accord » notamment à une levée du siège par les rebelles des villages de Fouaa et Kafraya, sous contrôle gouvernemental dans la province d’Idleb (nord-ouest).

De son côté, une source proche du pouvoir a accusé les rebelles d’avoir cherché à augmenter le nombre des personnes évacuées de 2.000 à 10.000.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé qu’il appellerait mercredi soir son homologue russe Vladimir Poutine pour tenter de sauver la trêve. « La situation est très fragile et compliquée », a-t-il reconnu.

« L’Iran, 1ere puissance régionale »

Selon l’influent groupe rebelle Noureddine al-Zinki, l’accord prévoyait l’évacuation en premier « des blessés et des civils », suivis des insurgés avec leurs armes légères, dans les régions rebelles des provinces d’Alep ou d’Idleb.

« Alep est dans une situation d’urgence absolue: environ 100.000 personnes sont encore piégées sur un territoire de 5 km carrés », selon Médecins du Monde.

Le Quotidien / AFP

Un appel à des « observateurs internationaux »

L’accord d’évacuation avait été annoncé après quatre semaines d’un déluge de feu du régime qui a dévasté la partie orientale d’Alep et après le tollé international suscité par les atrocités qui auraient été commises contre les civils dans les quartiers repris par l’armée.

Des responsables de l’ONU, des ONG et des capitales occidentales ont accusé le régime d’avoir commis des « atrocités » dans les secteurs reconquis. Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme a fait état « d’informations indiquant que des forces progouvernementales avaient tué au moins 82 civils », dont des femmes et des enfants.

Alors que la communauté internationale est jusqu’à présent restée impuissante, Washington et Paris ont appelé à des « observateurs internationaux » pour superviser une éventuelle évacuation.

Une reprise totale de la ville permettra au régime de contrôler les cinq plus grandes villes du pays, avec Homs, Hama, Damas et Lattaquié. Un revirement rendu possible par le soutien de Moscou.

En Iran, autre allié fidèle de M. Assad, des responsables ont salué la « libération » d’Alep « des terroristes ». Et pour le général Yahya Safavi, haut conseiller du guide suprême, son pays est désormais « la première puissance de la région ».

Le conflit très complexe en Syrie, où sont impliqués différents belligérants sur un territoire morcelé, a fait depuis mars 2011 plus de 310.000 morts.

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