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Ebola : l’ex-ministre congolais de la Santé suspecté de détourner des fonds


Le Dr Ilunga en mars dernier, lors d'une visite à Butembo, l'un des épicentres de l'épidémie, où le Centre de traitement d'Ebola avait été attaqué. (archives AFP)

L’ex-ministre congolais de la Santé Oly Ilunga soupçonné de détournement de fonds alloués à la lutte contre Ebola en République démocratique du Congo a été placé en garde à vue à Kinshasa, a annoncé samedi la police.

Le Dr Ilunga a été interpellé et « l’ordre a été donné de l’acheminer sous bonne escorte à la police où il a été placé en garde à vue. Il sera déféré le lundi 16 septembre 2019 au parquet général près la Cour de cassation », a indiqué le colonel Pierrot-Rombaut Mwanamputu, porte-parole de la police.

Visé par une enquête judiciaire, le Dr Oly Ilungu avait été interpellé et entendu fin août par la justice, avant d’être interdit de sortie du territoire de la RDC.

Son interpellation était liée à « des faits infractionnels portant [sur la] mégestion des fonds alloués à la riposte de la maladie à virus Ebola », précise le colonel Mwanamputu.

« Les informations parvenues à la police ont fait état de sa disparition de la circulation avec pour projet de gagner le Congo-Brazzaville par le Kongo Central, et ce, aux fins de se soustraire des poursuites judiciaires », a affirmé l’officier. « Les recherches menées sur sa personne ont conduit à le dénicher cloîtré dans un appartement de la place » à Kinshasa, a-t-il ajouté.

Quand il dénonçait « un manque d’éthique »

Nommé en décembre 2016, le Dr Ilunga a démissionné le 22 juillet du ministère de la Santé. Il s’estimait désavoué par le chef de l’État Félix Tshisekedi, qui lui avait retiré la conduite de la riposte contre Ebola, dont il a confié la coordination à Jean-Jacques Muyembe, directeur de l’Institut congolais de la recherche biomédicale de Kinshasa.

L’ex-ministre s’opposait aussi à l’introduction d’un deuxième vaccin « par des acteurs qui ont fait preuve d’un manque d’éthique manifeste ». Oly Ilunga s’était opposé dans une circulaire à l’introduction de ce deuxième vaccin du laboratoire belge Janssen, filiale de l’Américain Johnson&Johnson.

Début septembre, son avocat avait indiqué qu’Oly Ilunga avait été entendu entre autres sur le versement de fonds à des chefs coutumiers dans la lutte contre Ebola. Ces fonds ont été versés après l’assassinat en avril d’un médecin de l’Organisation mondiale de la Santé.

Cet épidémiologiste camerounais a été tué par des inconnus à Butembo, l’un des épicentres de l’épidémie, où le Centre de traitement d’Ebola a également été attaqué.

Plus de 2 000 décès

Après ces drames, le ministère avait insisté sur « l’engagement » des communautés dans la riposte contre Ebola, pour surmonter leurs « résistances » et les violences contre les médecins et les bénévoles.

La RDC est confrontée à une épidémie d’Ebola déclarée le 1er août 2018, la dixième et la plus importante sur le sol congolais depuis 1976. Le dernier bilan publié vendredi fait état de 2 071 décès pour 3 084 cas enregistrés, selon les autorités sanitaires.

L’épidémie touche actuellement trois provinces de l’est de la RDC : le Nord-Kivu d’où elle est partie, l’Ituri et le Sud-Kivu. Elle a également touché l’Ouganda voisin.

LQ/AFP

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