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États-Unis : dizaines d’arrestations à Ferguson après une nuit de confrontation


Des policiers arrêtent un homme à Ferguson (Missouri) dans la nuit du 10 au 11 août 2015 (Photo AFP)

La police a procédé à des dizaines d’arrestations à Ferguson durant une nouvelle nuit de confrontation malgré l’état d’urgence instauré lundi dans cette ville du Missouri, théâtre de violences lors de l’anniversaire de la mort d’un jeune Noir tué par un policier blanc.

Des centaines de manifestants ont montré leur colère en jetant des bouteilles et des pierres sur les forces de l’ordre, souvent casquées et protégées par des boucliers transparents.

La police a risposté avec du gaz poivre et en procédant à de nombreuses arrestations.

«Les policiers sont visés par des pierres et des bouteilles. Nous continuons de soutenir la liberté d’expression, mais les agitateurs qui ne répondent pas aux appels à se disperser risquent d’être arrêtés», a prévenu la police sur Twitter.

Les autorités ont décrété l’état d’urgence lundi après-midi mais n’ont pas instauré de couvre-feu sur la ville.

Steve Stenger, le responsable du comté de Saint Louis, où se trouve Ferguson avait annoncé que la police du comté prenait en charge la gestion de la crise dans la ville, pour tenter d’éviter les dérapages et les maladresses qui avaient contribué à jeter de l’huile sur le feu l’année dernière et mené à de violents affrontements.

Aucun chiffre précis du nombre d’arrestations n’était disponible en début de matinée.

Elles avaient commencé tôt dans la soirée lorsque des manifestants ont tenté de bloquer pacifiquement l’une des autoroutes de la ville et ont été délogés par la police.

Dimanche, après une journée de manisfestations, essentiellement dans le calme, pour commémorer la mort de Michael Brown, la tension était brutalement montée après qu’un jeune Noir de 18 ans a fait feu à plusieurs reprises sur des policiers, qui ont risposté par des tirs très nourris.

L’incident, qui n’avait rien à voir avec les manifestations, s’était produit après un affrontement entre deux bandes rivales.

Tyrone Harris a été inculpé lundi pour coups et blessures sur un agent de police, agression à main armée et pour avoir tiré sur un véhicule motorisé, avant d’être blessé par les trois policiers qui ont répliqué.

Même si le contexte de cette fusillade est très différent de l’incident d’août 2014 et les émeutes qui ont éclaté en novembre quand le policier qui avait abattu Michael Brown a été totalement blanchi par des jurés, il n’en a pas moins accru les tensions.

Rythme «glacial» des réformes

Elles restent très vives dans la ville malgré les efforts faits par les autorités pour tenter de restaurer un lien plus serein entre les policiers — en très grande majorité blancs — et la population qui dénonce leurs incessantes brimades.

Le comportement scandaleux de la police de Ferguson a été confirmé par un rapport accablant du ministère de la Justice et depuis le chef de la police et plusieurs responsables de la ville ont depuis démissionné ou été remplacés. Le nouveau chef de la police est un Noir.

D’autres cas de violences policières gratuites envers des Noirs (qui ont coûté la vie à plusieurs d’entre eux) ont jeté la lumière sur des méthodes et un état d’esprit des milliers de services de polices locaux aux Etats-Unis qui affectent la communauté noire mais sont souvent ignorés de la population blanche.

Plus largement, elles ont crûment illustré le fait que l’élection du premier président Noir en 2008, présentée comme le signe d’une ère post-raciale, n’avait en fait rien changé en profondeur.

Le président de la NAACP, plus importante association de défense des droits civiques des Noirs américains, Cornell William Brooks, a estimé dimanche que les réformes législatives qui permettraient d’obliger la police à rendre plus de comptes et à mieux former ses agents avançaient à un rythme «glacial».

Barack Obama a lui rejeté les critiques accusant le premier président américain Noir de ne pas en avoir assez fait pour lutter contre le racisme, lors d’un entretien sur la radio publique NPR.

«Je me sens pris d’une grande urgence pour accomplir autant que possible» avant de quitter le pouvoir en janvier 2017, a-t-il déclaré.

AFP

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