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La police «anti-burkini» soulève l’indignation


Parce qu'elle refusait de changer de tenue pour se baigner, la femme a reçu une amende puis a quitté la plage. Photo : dr

Des photos montrant une femme soulevant sa tunique sous l’oeil de policiers ont relancé mercredi la polémique sur l’interdiction du burkini sur certaines plages françaises.

Risque d’humiliation des musulmanes, « pain bénit » pour les jihadistes : l’inquiétude monte en France face aux arrêtés pris par certaines villes du littoral au nom de la lutte contre le prosélytisme fondamentaliste. La controverse, qui gronde depuis une quinzaine de jours, a pris une nouvelle ampleur mercredi après la publication dans la presse britannique de photos d’un contrôle de police sur une plage de Nice (sud-est).

Sur les clichés, non floutés, une femme, foulard sur les cheveux, legging aux jambes, semble ôter sa tunique devant quatre agents sur une plage de la célèbre Promenade niçoise, frappée le 14 juillet par un sanglant attentat jihadiste (86 morts). Selon la mairie de Nice, elle ne s’est pas dévêtue ni n’a été forcée à le faire, mais elle a soulevé sa chemise pour montrer aux policiers qu’elle portait un maillot de bain en dessous. Comme elle refusait de se baigner autrement, elle a reçu une amende puis a quitté la plage.

«Un nouveau fascisme»

Cette explication n’a pas empêché les photos, mises en ligne mardi soir par le tabloïd Daily Mail, de se propager sur internet, où elles ont suscité une indignation mondiale. «C’est un nouveau fascisme, une nouvelle France… Horrible», a twitté la militante tunisienne Amira Yahyaoui.

«Question du jour : combien de policiers armés faut-il pour forcer une femme à se déshabiller en public?», s’est aussi indigné le directeur de la communication Europe de Human Rights Watch.

Le Conseil d’Etat, plus haute juridiction administrative française, se penchera jeudi sur la légalité de ces interdictions. Au-delà du risque de surenchère ou de stigmatisation, certains craignent que ces arrêtés ne fassent qu’aggraver les tensions identitaires en France et nourrissent la propagande jihadiste.

Pour «les sympathisants jihadistes», les photos prises à Nice «sont du pain bénit», a estimé le journaliste David Thompson, spécialiste des réseaux jihadistes français sur le portail France info. Elles «représentent l’incarnation même de leur rhétorique anti-France : celle d’un pays ennemi de l’islam, présenté comme une terre de mécréance par excellence, où l’on humilie les musulmans sous le regard passif d’un public immobile».

Les ventes de burkinis ont été dopées par le débat français, a d’ailleurs affirmé  la créatrice australienne de cette tenue, Aheda Zanetti.

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