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La Russie durcit ses représailles contre la Turquie


Le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, à Moscou le 27 novembre 2015. (Photo : AFP)

La Russie a durci vendredi ses représailles contre la Turquie, rétablissant l’obligation de visas pour les Turcs alors qu’Ankara, accusé d’avoir «dépassé les limites» en abattant un bombardier russe Su-24 près de la frontière syrienne, cherchait à l’inverse à renouer les contacts pour «apaiser les tensions».

La Russie «a décidé de suspendre le régime sans visa» pour les Turcs, «cette décision s’appliquera à partir du 1er janvier», a annoncé le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, lors d’une conférence de presse avec son homologue syrien, Walid Mouallem.

Cette annonce intervient au lendemain d’un appel du ministère russe des Affaires étrangères à tous les Russes se trouvant sur le territoire turc à rentrer en Russie, en raison de «l’actuelle menace terroriste en Turquie».

«Il ne s’agit pas de vengeance, (…) la menace est réelle», a insisté M. Lavrov, qui avait peu avant accusé Ankara d’avoir «dépassé les limites de ce qui est acceptable» en abattant mardi un bombardier russe Su-24 près de la frontière syrienne.

L’appareil revenait d’une mission de combat dans le nord-ouest de la Syrie. La Turquie affirme que l’appareil était entré dans son espace aérien et qu’il a été averti «dix fois en cinq minutes», tandis que Moscou assure qu’il survolait le territoire syrien et n’a pas été mis en garde avant d’être touché.

Un pilote a été tué alors qu’il descendait en parachute après s’être éjecté, et l’autre a été secouru après une opération spéciale menée conjointement par les forces spéciales russes et syriennes. Une première opération de sauvetage a coûté la vie à un soldat russe. Il s’agit des premières pertes officielles pour l’armée russe depuis le début de son intervention en Syrie le 30 septembre.

Furieuse, la Russie accuse depuis l’incident la Turquie d’avoir partie liée avec l’organisation État islamique (EI) et exige des excuses.

«Un flux de combattants s’est mis en place via la Turquie dans différentes directions», a affirmé M. Lavrov. Il a réitéré que la Russie «soutenait activement» la proposition du président français François Hollande de fermer la frontière turco-syrienne, en précisant espérer que «cette initiative sera mise en place».

«Nous sommes convaincus qu’avec la fermeture de cette frontière, nous pourrons résoudre en grande partie la tâche visant à éradiquer le terrorisme sur le sol syrien», a-t-il souligné.

La Russie avait déjà annoncé jeudi préparer des mesures de rétorsion économique après cet incident aérien, le plus grave entre les deux pays depuis le début de l’intervention russe en Syrie. Ces mesures, qui doivent être rendues publiques samedi, pourraient notamment passer par le gel de projets conjoints, des restrictions commerciales, ou encore des limitations sur le recours à la main d’oeuvre turque en Russie.

Erdogan veut rencontrer Poutine

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a pour sa part exprimé vendredi le souhait de rencontrer «en face à face» son homologue russe Vladimir Poutine au sommet sur le climat qui s’ouvre dimanche à Paris pour parler de l’incident aérien qui a opposé leurs deux pays.

«Je ne voudrais pas que ce problème nuise à nos relations», a-t-il déclaré. M. Erdogan a également assuré que l’armée turque «ne connaissait pas la nationalité» de l’appareil et qu’elle n’avait pas «délibérément abattu un avion russe», ne faisant qu’«appliquer les règles d’engagement» en vigueur.

Alors que la Russie continue d’exiger des excuses, le président turc a d’ores et déjà exclu de les présenter, jugeant «inacceptables» les critiques de Moscou. Il a également accusé la Russie, alliée de la Syrie, de «jouer avec le feu» en soutenant le régime de Bachar al-Assad.

«La Russie (…) continuera à fournir tout le soutien nécessaire à la Syrie dans la lutte pour la destruction du terrorisme», a répondu Sergueï Lavrov. Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a affirmé que son pays allait «travailler» avec la Russie pour «apaiser les tensions», dans une tribune publiée vendredi dans le quotidien britannique The Times.

AFP/M.R.

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