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Le Panama poursuit son idylle avec la Chine


La vice-présidente et ministre des Affaires étrangères panaméenne, Isabel de Saint-Malo, et son homologue chinois Wang Yi trinquant en juin 2017 au rapprochement diplomatique entre leurs deux pays. (Photo : AFP)

Le Panama fait la sourde oreille aux avertissements de Washington et poursuit son rapprochement avec Pékin, avec la première visite officielle du président chinois les 2 et 3 décembre.

Le chef de l’Etat chinois doit présider pendant sa visite à la signature d’une vingtaine d’accords entre Pékin et le pays centraméricain, a annoncé le président panaméen Juan Carlos Varela.

« C’est une grande visite, qui envoie un message clair sur l’engagement du président Xi, de son gouvernement et de son peuple pour le renforcement des relations avec le Panama », s’est félicité le président Varela.

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo était pourtant venu le 18 octobre dernier au Panama pour mettre en garde le président panaméen et lui demander de « bien ouvrir les yeux » sur la stratégie chinoise d’investissements.

Pour ce proche du président américain Donald Trump, les entreprises d’État chinoises sont des « prédateurs » dont « les manières sont rien moins que transparentes ». Les investissements chinois ont pour objectif « de bénéficier au gouvernement chinois, et non au peuple du Panama », avait asséné le chef de la diplomatie américaine.

« Le Panama est un pays souverain, un pays qui a sa dignité, un pays avec un canal (transocéanique) ouvert au monde », a répliqué jeudi le président panaméen.

Des « élucubrations »

Outre la vingtaine d’accords bilatéraux qui vont être signés, le Panama et la Chine négocient un Traité de libre commerce, tandis que des entreprises chinoises ont remporté de juteux marchés.

Les accusations de Pompeo « sont des élucubrations éthérées, qui flottent de çi-de-là mais qui n’ont aucun fondement », a balayé jeudi l’ambassadeur chinois à Panama, Wei Qiang. « La Chine ne fait rien qui puisse nuire dans ce pays où nous développons nos relations », a assuré le diplomate.

Le Panama « ne peut tout simplement pas ignorer » la Chine, a souligné de son côté le président du Conseil national panaméen des entreprises privées, M. Severo Sousa. « Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas écouter ce qu’a dit (Mike) Pompeo » mais plus comme des « conseils » que comme des « avertissements », a-t-il déclaré.

Les autorités du Panama espèrent notamment avec ce rapprochement voir leur pays devenir la plateforme de distribution des exportations chinoises en Amérique latine.

Le réveil de Washington

Pour certains analystes, Pékin entend prendre pied au Panama, dans un pays et une région historiquement sous influence américaine. Après les Etats-Unis, la Chine est le deuxième client du Canal de Panama, par où transitent 5% du commerce maritime mondial.

Le Panama, longtemps considéré comme le paradis des paradis fiscaux, pourrait aussi rechercher en la Chine un nouvel allié face à ses accusateurs et à son inscription sur des listes noires de paradis fiscaux, selon certains experts.

Les avertissements de Washington « sont très clairs » et « la Chine et le Panama pourraient être en train de jouer avec le feu » car Washington ne peut accepter une menace sur le Canal, s’inquiète de son côté Guillermo Cochez, ancien ambassadeur du Panama auprès de l’Organisation des Etats américains (OEA)

LQ/AFP

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