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Le Portugais Antonio Guterres sera le nouveau chef de l’ONU


Premier ministre du Portugal de 1995 à 2002, ce polyglotte âgé de 67 ans, qui parle couramment français, a aussi été le chef du Haut commissariat pour les réfugiés (UNHCR) durant 10 ans. (photo AFP)

L’ex-Premier ministre portugais Antonio Guterres est assuré de succéder à Ban Ki-moon comme secrétaire général de l’ONU, après un vote informel du Conseil de sécurité mercredi, et pourrait être élu dès jeudi.

L’ambassadeur russe Vitali Tchourkine, qui dirige le Conseil de sécurité en ce mois d’octobre, a déclaré à des journalistes à l’issue du vote que M. Guterres était « clairement le favori ».

Le diplomate russe a annoncé un vote formel du Conseil jeudi pour confirmer le choix du candidat, ajoutant qu’il s’attendait à ce que la sélection se fasse « par acclamation ». « Nous souhaitons tout le bien à M. Guterres en s’acquittant de ses devoirs de secrétaire général des Nations unies ces cinq prochaines années », a ajouté M. Tchourkine.

Durant le scrutin de mercredi, les cinq membres permanents du Conseil,- Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie -, qui disposent d’un droit de veto, ont voté avec des bulletins de couleur différente des dix autres membres. Dans les scrutins précédents tous les membres du Conseil, permanents et non permanents, disposaient des mêmes bulletins.

Il a donc été possible de voir pour la première fois mercredi si l’un des cinq membres permanents envisageait de bloquer la candidature de M. Guterres.

Le Portugais avait terminé en tête des cinq scrutins préliminaires déjà effectués. Aux deux tours précédents, 12 des 15 pays membres l’avaient « encouragé », deux l’avaient « découragé », émettant donc un vote défavorable, et un dernier était « sans opinion ».

Le vote de mercredi a permis de voir que quatre des grandes puissances avaient émis un vote favorable, et l’une d’entre elles a remis un vote « sans opinion ». Mais aucun des cinq membres permanents n’a bloqué M. Guterres. Celui-ci a même fait mieux qu’aux précédents scrutins, obtenant cette fois 13 votes favorables.

« C’est une excellente nouvelle, sur la méthode et sur le fond, pour les Nations unies », a souligné l’ambassadeur français, François Delattre.

Son collègue britannique Matthew Rycroft a estimé lui que M. Guterres fera « un secrétaire général très fort, très efficace », l’ambassadrice américaine Samantha Power mettant en avant l’expérience et la vision du diplomate portugais.

« Homme d’action »

Celui-ci a occupé la fonction de Premier ministre du Portugal entre 1995 et 2002. Il va d’ailleurs devenir le premier secrétaire général à avoir été chef d’un gouvernement auparavant. Plusieurs anciens ministres des Affaires étrangères ont occupé ce poste.

Ce polyglotte âgé de 67 ans, qui parle couramment français, a aussi été le chef du Haut commissariat pour les réfugiés (UNHCR) durant 10 ans. Ingénieur de formation, fervent catholique, le socialiste se décrit lui-même comme un homme d’action et s’est battu sans relâche durant une décennie pour les droits des migrants, de 2005 à 2015.

Durant ses deux mandats à la tête du HCR, il avait également réussi à réformer la structure interne de l’institution, améliorant son efficacité en permettant le déploiement de davantage de personnels sur les points chauds.

« La meilleure personne pour ce poste a été sélectionnée et c’est très bien pour le monde, c’est très bien pour les Nations unies, c’est très bien pour le Portugal », s’est réjoui le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa, estimant que M. Guterres était un homme « exceptionnel ».

Dix candidats étaient en lice pour succéder au sud-coréen Ban Ki-moon, qui a effectué deux mandats de cinq ans.

Après approbation par le Conseil de sécurité, le candidat retenu doit également recueillir le vote favorable de l’Assemblée générale de l’ONU avant de prendre ses fonctions le 1er janvier.

S’il est élu, Antonio Guterres ferait mentir les observateurs qui anticipaient il y a quelques mois la nomination d’un secrétaire général issu d’un pays d’Europe de l’Est, seule région à ne pas avoir encore obtenu ce poste.

L’idée qu’une femme puisse diriger l’ONU, après huit hommes depuis la création de l’organisation, semblait aussi être un argument de poids.

La candidature de Kristalina Georgieva, mise en avant au dernier moment la semaine passée par la Bulgarie, semblait ainsi être de nature à pouvoir faire bouger les choses, mais la commissaire européenne au Budget et ancienne vice-présidente de la Banque mondiale n’a pas convaincu. Mme Georgieva a recueilli huit votes négatifs, dont deux de membres permanents.

L’Argentine Susana Malcorra a reçu un vote négatif venant d’une grande puissance. La Bulgare Irina Bokova en a reçu deux, tout comme le Slovaque Miroslav Lajcak. La Néo-Zélandaise Helen Clark, le Serbe Vuk Jeremic, le Macédonien Srgjan Kerim et la Moldave Natalia Gherman en ont reçu trois chacun. Enfin, le Slovène Danilo Turk en a reçu quatre.

C’est la première fois qu’un secrétaire général de l’ONU est choisi avec un processus si transparent.

Le Quotidien / AFP

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