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L’Ouzbékistan, foyer de l’islamisme radical en Asie centrale


Photo fournie le 31 octobre 2017 par l'administration pénitentiaire du Comté de St Charles, de Sayfullo Saipov, un Ouzbeck soupçonné d'être le chauffeur de la camionnette qui a fauché des cyclistes et des passants à New York faisant 8 morts. (Photo : AFP)

L’Ouzbékistan, d’où serait originaire l’auteur de l’attentat de New York, a vu émerger dès les années 1990 un mouvement islamiste radical qui s’étend aujourd’hui, des Ouzbeks ayant été impliqués dans plusieurs attentats à travers le globe.

Selon plusieurs médias américains, le chauffeur de la camionnette qui a fauché des cyclistes et des passants mardi à Manhattan, faisant huit morts et 11 blessés, est Sayfullo Saipov, un Ouzbek habitant dans le New Jersey. Il disposait d’un titre de séjour permanent, selon le New York Times, qui précise qu’il avait déjà « été sous le radar » de la police.

« L’Ouzbékistan est prêt à apporter toutes ses forces et tous ses moyens pour fournir une aide à l’enquête sur cet acte terroriste », a indiqué le président ouzbek Chavkat Mirzioïev, cité dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Ex-république soviétique, laïque et à majorité musulmane, l’Ouzbékistan a été dirigé d’une main de fer par l’autoritaire Islam Karimov de 1989 à sa mort, en septembre 2016. Chavkat Mirzioïev, son ancien Premier ministre, a pris les rênes du pays en prônant une rupture avec l’autoritarisme de son prédécesseur.

L’Ouzbékistan a vu naître un mouvement islamique radical dès 1991, l’année de l’indépendance du pays.

Le Mouvement islamique d’Ouzbékistan (MIO) apparaît dans une vallée peuplée de 12 millions d’habitants, la vallée de Ferghana, située dans l’est du pays mais englobant également une partie des territoires kirghiz et tadjik.

De 1992 à 1997, le MIO sera accusé d’être à l’origine d’une série de meurtres perpétrés dans la vallée de Ferghana. L’organisation tentera d’y introduire la loi islamique et lancera même une offensive en 2000 dans le sud de l’Ouzbékistan.

Sévèrement réprimé à partir de 1998 par Islam Karimov, le MIO rejoint les talibans en Afghanistan, avant de prêter allégeance au groupe Etat islamique (EI) en 2015. Plusieurs cadres du MIO ont également occupé des postes à responsabilité au sein d’al-Qaïda.

Combattants à l’étranger

Le Mouvement islamique d’Ouzbékistan a pris part à la sanglante attaque contre l’aéroport pakistanais de Karachi, qui a fait 37 morts en juin 2014.

Les islamistes ouzbeks ont surtout fait parler d’eux à l’étranger. Comme les autres pays d’Asie centrale – Kirghizstan, Tadjikistan, Turkménistan et Kazakhstan -, les sombres perspectives économiques et la corruption ont poussé beaucoup de jeunes hommes à l’exil, principalement en Russie.

Parmi eux, certains ont été tentés de rejoindre des groupes radicaux. Selon les services de sécurité russes, entre 2.000 et 4.000 ressortissants d’Asie centrale ont ainsi rejoint les rangs des organisations jihadistes en Irak et en Syrie, qu’il s’agisse de l’EI ou de la branche syrienne d’Al Qaïda.

Et les citoyens ouzbeks, ou les Ouzbeks ethniques vivant dans les pays voisins, forment un des plus gros contingent. Si l’Ouzbékistan n’a jamais publié de chiffres sur ses ressortissants ayant rejoint les jihadistes, les estimations des experts varient de 500 à plus de 1.500.

Plusieurs d’entre eux se sont fait connaître au cours des dernières années. Abdulkadir Masharipov, l’auteur présumé de l’attentat revendiqué par l’EI contre une boîte de nuit d’Istanbul ayant fait 39 morts la nuit de la Saint-Sylvestre, est ainsi de nationalité ouzbèke.

S’il est né au Kirghizstan et possédait la nationalité russe, Akbarjon Djalilov, l’auteur présumé de l’attentat dans le métro de Saint-Pétersbourg qui a fait 14 morts en avril, était pour sa part ethniquement ouzbek.

Quelques jours après l’attentat de Saint-Pétersbourg, un Ouzbek, qui avait montré des sympathies pour l’EI, a été arrêté par la police suédoise après avoir lancé un camion sur la foule d’une rue piétonne très fréquentée de Stockholm, tuant cinq personnes.

Le Quotidien / AFP

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