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Premier sommet entre la Ligue arabe et l’UE


Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, et la chancelière allemande, Angela Merkel, lors de la conférence sur la sécurité à Munich le 16 février dernier. (photo AFP)

Sécurité, migration, développement économique seront parmi les thèmes évoqués dimanche et lundi au premier sommet des chefs d’État de l’Union européenne et de la Ligue arabe à Charm el-Cheikh, dans l’est de l’Egypte.

Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, accueillera plusieurs de ses homologues européens et arabes, aux côtés des présidents du Conseil européen, Donald Tusk, et de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Vingt-quatre présidents et Premiers ministres européens sur 28 sont attendus dans la station balnéaire égyptienne, selon un responsable de l’Union européenne (UE).

Parmi eux, la chancelière allemande, Angela Merkel, fera le déplacement ainsi que la Britannique, Theresa May, au moment même où cette dernière doit faire face à l’inflexibilité des Européens sur le Brexit. Le président français, Emmanuel Macron, et le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, ainsi que les dirigeants lituaniens et lettons, ne seront pas présents, ont ajouté des sources de l’UE.

Du côté des pays arabes, le Premier ministre libanais, Saad Hariri, les présidents irakien, Barham Salih, et tunisien, Béji Caïd Essebsi, seront notamment présents. Il n’était pas clair dans l’immédiat si le président soudanais, Omar el-Béchir, confronté à une vague de manifestations antigouvernementales dans son pays et sous le coup de plusieurs mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), se rendra au sommet.

Coopération économique, défis mondiaux et questions régionales

Selon l’ambassadeur Ivan Surkos, chef de la délégation de l’Union européenne au Caire, trois thèmes principaux seront au menu des discussions : la coopération économique entre l’Europe et les pays arabes, les défis mondiaux et les questions régionales. Au registre des défis mondiaux, les deux parties évoqueront le multilatéralisme, les changements climatiques, les migrations, la sécurité. Les dossiers régionaux comme le conflit israélo-palestinien, la Syrie, le Yémen et la Libye seront également abordés.

« Des contacts et une coopération renforcée entre les membres de l’UE et de la Ligue arabe peuvent potentiellement améliorer la prospérité et la stabilité dans les deux régions », a estimé Ivan Surkos.

Si la question des migrations, au cœur des relations entre les deux blocs, sera évoquée au cours des échanges, le sommet ne sera « absolument pas » consacré à cette seule question, a assuré la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. « Nous aurons des discussions franches et ouvertes, pas seulement sur les migrations, assurément pas », a dit Federica Mogherini à la presse lundi en citant notamment la coopération économique en Méditerranée.

Mais selon un responsable de l’ONU parlant sous couvert d’anonymat, « certains pays de l’UE ne veulent pas discuter de migration. Comment voulez-vous discuter d’un problème si on ne peut même pas l’évoquer? » « Si sur les aspects migratoires il y a cette approche négative très forte (de l’Europe), alors cela risque de bloquer toutes les autres discussions », explique cette même source en citant le développement économique et le commerce.

En décembre, l’Assemblée générale de l’ONU a ratifié le Pacte mondial pour les migrations, texte destiné à renforcer la coopération internationale pour une « migration sûre ». Mais parmi les pays de l’UE, la Hongrie, la République tchèque et la Pologne ont voté contre. La Hongrie et son Premier ministre, Viktor Orban, se sont montrés résolument hostiles à l’immigration en particulier depuis la crise migratoire de 2015.

Une région que la Russie et la Chine convoitent

Selon Marc Pierini, analyste pour le centre de réflexion Carnegie Europe, ancien ambassadeur de l’UE en Tunisie et en Libye, l’enjeu majeur du sommet de Charm el-Cheikh est « d’établir un dialogue qui fasse un sens entre deux entités qui sont confrontées à leurs propres défis ». Cette réunion intervient selon lui à un moment où « les pays arabes ressentent toujours les effets des révolutions initiées en 2011 ». En outre, selon lui, « l’unité de la Ligue Arabe est malmenée ». De son côté, l’UE est « divisée en interne sur certains de ses principes fondamentaux », dont le respect de l’État de droit, assure Marc Pierini.

Selon une source de l’UE, ce premier sommet arabo-européen est d’autant plus important que les Etats-Unis se désengagent de la région et que la Russie et la Chine la convoitent, « pas nécessairement dans notre intérêt ».

AFP

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