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Prêtre égorgé : une interpellation, Hollande appelle à la « cohésion »


Francois Hollande avec le maire de Saint-Etienne-du-Rouvray, Hubert Wulfranc, à son arrivée dans la commune ce 26 juillet. (photo AFP)

Dans une attaque revendiquée par l’Etat islamique, un prêtre a été égorgé mardi dans l’église d’une petite ville du nord-ouest de la France. « Ce sont les catholiques qui ont été frappés, mais ce sont tous les Français qui sont concernés », a déclaré le président socialiste François Hollande.

L’attaque, rapidement revendiquée par l’EI qui a aussi endossé deux récents attentats en Allemagne, s’est déroulée à Saint-Etienne-du-Rouvray, une petite ville de 29.000 habitants dans la banlieue de Rouen, en Normandie. « Je pensais que (les attentats) se passaient seulement dans les grandes villes et que ça ne pouvait pas arriver jusqu’à chez nous », réagit, incrédule, Joanna Torrent, une employée de magasin de Saint-Etienne-du-Rouvray.

Vers 9h30, en pleine messe, deux assaillants armés, dont l’un serait connu des services antiterroristes, ont fait irruption dans l’église où se trouvaient au moins cinq personnes et ont égorgé le père Jacques Hamel, un prêtre octogénaire.

Un autre otage a été grièvement blessé et se trouve entre la vie et la mort. Les assaillants, qui ont crié « Allah Akbar ! » selon une source proche du dossier, ont été abattus par la police au moment où ils sortaient sur le parvis de l’église.

« Ce sont les catholiques qui ont été frappés, mais ce sont tous les Français qui sont concernés », a déclaré le président socialiste François Hollande. Rapidement arrivé sur place, il a appelé à la « cohésion » un pays déjà ébranlé par l’attaque de Nice, également revendiquée par l’EI, qui a fait 84 morts et plus de 350 blessés le 14 juillet, le jour de la fête nationale.

Deux perquisitions, au moins une interpellation

C’est la première fois en France qu’un prêtre est tué dans une attaque jihadiste et le pape François a condamné « un meurtre barbare » dans « un lieu sacré où s’annonce l’amour de Dieu ». « La communauté chrétienne est très touchée, la messe est le moment le plus important donc forcément c’est un symbole très fort », se désole un prêtre d’une paroisse voisine, Alexandre Joly.

Le parquet antiterroriste a été immédiatement saisi de l’enquête. Lors d’une première perquisition, avenue Olivier-Goubert, dans un quartier où s’étirent de petites résidences mitoyennes, à 300 mètres à peine de l’église où a eu lieu le drame, au moins une interpellation a eu lieu. Selon une source proche de l’enquête, il s’agit du domicile d’un des présumés auteurs de la prise d’otages. Selon des témoins sur place, une autre interpellation avait eu lieu précédemment, en début d’après-midi.

Peu avant 18h, le dispositif a été levé sur les lieux de cette première perquisition. Une autre perquisition était en cours mardi soir rue Nikola-Tesla, dans une zone résidentielle des quartiers nord de la commune. Selon un voisin, il s’agirait du domicile des parents de l’un des deux présumés preneurs d’otage. « Je l’ai vu pour la dernière fois vendredi. Il jouait au foot dans son jardin. Il ne nous parlait jamais. Il a un frère handicapé mental, je pensais qu’il l’était aussi. On savait qu’il voulait aller en Syrie », a expliqué ce voisin.

L’opposition repart à l’attaque

Comme après l’attentat de Nice, l’opposition de droite et d’extrême droite n’ont pas attendu pour partir à l’attaque contre le gouvernement socialiste, accusé de laxisme ou d’incompétence dans la lutte antiterroriste. « Nous devons changer profondément la dimension, la mesure, la stratégie de notre riposte », a martelé le chef de l’opposition, l’ex-président Nicolas Sarkozy, dénonçant « une action incomplète contre le terrorisme ».

« Nous devons être impitoyables. Les arguties juridiques, les précautions, les prétextes à une action incomplète, ne sont pas admissibles », a-t-il clamé, avant de demander au gouvernement de « mettre en oeuvre toutes les propositions » et « sans délai » de la droite, comme par exemple la création de centres de rétention pour les suspects de radicalisation.

La présidente du parti d’extrême droite Front national Marine Le Pen a dénoncé sur Twitter la « responsabilité (…) immense » de « tous ceux qui nous gouvernent depuis 30 ans », tandis que sa nièce, la députée Marion Maréchal-Le Pen, exortait, également sur Twitter, les Français à se « réveiller ».

Le Quotidien / AFP

L’EI et « le royaume de la Croix »

Frappée trois fois en 18 mois par des attentats sans précédent (17 morts en janvier 2015, 130 morts le 13 novembre, 84 morts le 14 juillet), la France vit dans la crainte de nouvelles attaques risquant de fracturer davantage encore la société.

Le groupe Etat islamique, qui perd du terrain en Irak et en Syrie où il a proclamé un califat en 2014, a régulièrement menacé l’Hexagone de représailles pour sa participation à la coalition militaire internationale dans ces deux pays. L’EI cible régulièrement dans sa propagande et ses communiqués de revendication les dirigeants « croisés » occidentaux et « le royaume de la Croix », expression semblant désigner l’Europe.

La menace d’une attaque contre un lieu de culte chrétien planait depuis plus d’un an en France, notamment depuis l’échec d’un projet d’attentat en avril 2015 contre une église catholique de Villejuif, en banlieue parisienne. Après cette tentative avortée, le gouvernement avait annoncé une « adaptation » du dispositif de lutte antiterroriste concernant les lieux de culte catholiques.

Mais si les quelque 700 écoles et synagogues juives et plus de 1.000 des 2.500 mosquées du pays sont protégées par les forces de l’ordre, il paraît illusoire d’appliquer un même niveau de sécurité à la totalité des 45.000 églises catholiques que compte le pays.

En plus d’un an, plusieurs projets d’attentat de masse ont été déjoués mais des attaques ciblées, comme le double meurtre en juin près de Paris de policiers à leur domicile, ont profondément choqué la France. Depuis les carnages de 2015, les autorités ont prolongé plusieurs fois l’état d’urgence, un régime d’exception facilitant notamment des assignations à résidence et des perquisitions. Ce régime court jusqu’en janvier.

Le Quotidien / AFP

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