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Rhabillés pour l’hiver ou vandalisés, les radars dans le viseur des gilets jaunes


Les radars fixes n'ont jamais emballé les automobilistes mais là, c'est flagrant... (illustration AFP)

Recouverts de peinture, emballés dans du plastique, vêtus d’un gilet jaune, ou incendiés : déjà ciblés par les automobilistes en colère depuis le passage au 80 km/h, les radars routiers font l’objet de nombreuses dégradations ces dernières semaines, en plein mouvement populaire contre la politique du gouvernement français.

Selon Europe 1, depuis le début de la mobilisation le 17 novembre, plus de 1 500 actes de vandalisme ont été recensés et au moins 250 appareils détruits, mettant « hors service la moitié » du parc, qui compte environ 3 200 radars fixes (dont 2 500 pour contrôler la vitesse). A la Sécurité routière, on se refuse à donner des chiffres ou à faire le lien avec les gilets jaunes. « C’est incontestable que depuis plusieurs semaines, les dégradations ont augmenté », se contente d’affirmer le Délégué interministériel à la Sécurité routière, Emmanuel Barbe.

Ces dernières semaines, des cas de vandalisme ont été répertoriés à travers la France et trois « gilets jaunes » ont été condamnés à trois mois avec sursis et 105 heures de travail d’intérêt général pour avoir incendié deux radars.

Les radars font l’objet d’une colère croissante depuis l’été de la part d’automobilistes et motards opposés à l’abaissement de 90 à 80 km/h de la limitation de vitesse sur les routes secondaires à double sens sans séparateur central. Cette mesure, entrée en vigueur le 1er juillet, constitue selon eux un « passage en force » du gouvernement, qui aurait fait fi des sondages, des manifestations et de la fronde de certains élus pour « imposer » cette mesure qui pourrait sauver, selon les autorités, jusqu’à 400 vies par an.

Incarnation du « racket »

Pour leurs détracteurs, les radars incarnent le « racket » de l’État contre les automobilistes, un terme repris par certains gilets jaunes qui protestent contre la hausse des prix des carburants et les taxes en général. En 2017, les radars routiers ont rapporté 1,01 milliard d’euros à l’État, selon la Cour des comptes.

« Ces vandalismes sont la conséquence directe » des 80 km/h, estime le délégué de l’association 40 millions d’automobilistes, Pierre Chasseray, opposé à cette mesure. « En juillet, les automobilistes se sont fait flasher massivement. Aujourd’hui, une minorité réagit et devient même populaire », souligne-t-il, tout en n’appelant « surtout pas aux dégradations ». Pour lui, Emmanuel Macron doit revenir sur cette mesure : « Le 80 km/h, c’est symbolique. C’est le moment de la rupture avec une opposition franche, massive, visible dans les sondages. C’était la première vague (de contestation) qui n’a pas été écoutée », assure Pierre Chasseray.

En dévoilant lundi soir une série de mesures pour tenter de calmer la colère, le chef de l’État n’a toutefois pas franchi ce pas. Entre le coût de remplacement des engins détruits – « entre 30 000 et 70 000 euros » selon le type de radar – et la perte en termes d’amendes, le coût des dégradations est « extrêmement élevé », admet-on à la Sécurité routière. « C’est un délit grave de destruction d’un bien public, qui sera remplacé avec de l’argent public. Mais l’enjeu le plus important, l’inquiétude que nous avons porte sur les vies humaines », souligne Emmanuel Barbe : « Sans radars, les gens se disent qu’ils peuvent foncer et causent des accidents graves ».

Pour l’endommagement d’un radar, les sanctions peuvent aller jusqu’à 30 000 euros d’amende et deux ans d’emprisonnement. Une destruction est, elle, passible de 75 000 euros d’amende et cinq ans de prison.

LQ/AFP

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