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À la barre pour avoir outragé un juge, taxé d’antisémitisme


"Même si le grand-père du juge d'instruction avait fait partie de la Wehrmacht, cela ne justifiait pas de telles allégations à l'égard du juge d'instruction qui n'a fait que son travail», a asséné le premier substitut du procureur. (photo F.A.)

Le parquet de Luxembourg reproche à un sexagénaire d’avoir taxé d’antisémitisme un juge d’instruction dans le but d’étouffer l’affaire pénale engagée contre lui.

Six mois d’emprisonnement et une amende, c’est la peine que le parquet a requise contre un homme de 61  ans poursuivi, entre autres, pour diffamation, injure et outrage envers un magistrat de l’ordre judiciaire dans l’exercice de ses fonctions. Vu que le prévenu François D. n’a pas d’antécédent judiciaire, le parquet ne s’oppose pas à un sursis.

En 2013, le prévenu, qui a comparu mercredi à la barre, avait adressé plusieurs courriers au ministre de la Justice, au procureur général d’État ainsi qu’au service de la police judiciaire concernant le juge d’instruction en charge d’une affaire dans laquelle il était suspecté, avec deux autres personnes, d’avoir produit de fausses déclarations de sinistre dans le but de percevoir de l’argent.

Dans ses écrits, le sexagénaire suspecte le juge d’instruction d’antisémitisme et demande son dessaisissement parce qu’il avait inculpé un homme qui porte un «nom et prénom bien juifs». «Le juge […] s’exprime dans un haut allemand quasi parfait et effrayant», avait-il par ailleurs remarqué et il avait ajouté que le grand-père du juge d’instruction était dans la Wehrmacht sous le III e Reich. Dans une dernière lettre, il écrivait enfin  : « Ma proposition est d’étouffer l’affaire ».

« Vous avez utilisé les reproches pour étouffer une affaire pénale que le ministère public a engagée contre vous », a résumé le président de la chambre correctionnelle, Prosper Klein, mercredi. À la barre, le prévenu, qui s’est défendu sans avocat, a contesté avoir dit quoi que ce soit d’outrageant au juge d’instruction  : « Il n’y a pas eu d’outrage. Je soupçonne quelque chose. Je demande son dessaisissement. »

Quant au fait d’avoir tenté de discréditer son juge, il a affirmé  : « J’ai demandé le dessaisissement du juge d’instruction. Il aurait suffi qu’on me le refuse et c’était terminé. »

«Ce sont des propos tirés de nulle part»

Pour le président de la chambre correctionnelle, « les reproches formulés à l’égard du juge d’instruction sont outrageants ». Avant de requérir la peine d’emprisonnement, le premier substitut du procureur d’État, Colette Lorang, a souligné le nombre de courriers dans lequel le prévenu a tenu des « propos outrageants . Ces propos ont été tenus avec une certaine méchanceté. Ce sont des propos tirés de nulle part . Même si le grand-père du juge d’instruction avait fait partie de la Wehrmacht, cela ne justifiait pas de telles allégations à l’égard du juge d’instruction qui n’a fait que son travail .»

Enfin, le parquet retient la persévérance du prévenu à vouloir enterrer une affaire pour ne pas comparaître devant le tribunal. Me Pim Knaff, qui représente la partie civile, a réclamé 2 500 euros pour préjudice morale et 1 500 euros d’indemnités de procédure.

Le 8 juillet, le tribunal rendra son jugement.

Fabienne Armborst

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