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Assassinat de Hassel : le trio acquitté


Luxembourg – À la différence du tribunal de première instance, la Cour d’appel n’a pas reconnu coupables les trois prévenus de l’assassinat de Hassel.

Être condamné en première instance à la perpétuité et être acquitté par la Cour d’appel est plutôt rare. La décision de la Cour d’appel a surpris plus d’une personne présente hier dans la salle d’audience. D’autant plus que le parquet général avait requis la confirmation de la réclusion à perpétuité pour les trois prévenus. Il avait ajouté qu’en cas de doute, la Cour d’appel pouvait réentendre des témoins.

Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 2010, Camille Kolber avait été assassiné à coups de hache, chez lui à Hassel. La victime de 69 ans avait été retrouvée baignant dans son sang par un de ses proches le jour de la Toussaint 2010.

Pas moins de 20 séances avaient été nécessaires fin 2013 pour boucler le procès en première instance. À l’issue de ce premier procès, les trois prévenus, deux Français et un Luxembourgeois, avaient été condamnés à la perpétuité. Le fils adoptif de la victime, Pascal G. T. K. avait été jugé comme l’instigateur du crime. Son nouveau compagnon, Jérémy B., ne l’en aurait pas empêché et aurait donné les instructions nécessaires. Charles-Édouard C., quant à lui, aurait été l’auteur matériel qui a exécuté le crime avec la hache. Leur mobile aurait été l’argent.

Le procès devant la Cour d’appel s’est étendu sur cinq séances. Les avocats à la défense des trois prévenus y ont une nouvelle fois longuement plaidé l’innocence du trio tout en étayant leurs arguments : enquête dans un seul sens, absence de traces d’ADN, comportement étrange du chien de la victime… La défense était d’avis que la piste du dernier compagnon de la victime n’avait pas été suffisamment vérifiée. Il aurait été le dernier à avoir vu Camille Kolber en vie, le 31 octobre 2010 au soir. Il n’aurait pas d’alibi et ses traces d’ADN auraient été retrouvées dans l’ensemble de la maison. Pour rappel, sur les lieux du crime, aucune trace d’ADN de Charles-Édouard C. n’avait été retrouvée.

« C’est une décision courageuse »

Dans son réquisitoire, le parquet général était ensuite revenu sur les principaux éléments à charge contre les trois prévenus : « Les éléments, à eux seuls, n’établissent pas les faits. Mais en les assemblant tous, c’est assez convaincant. » Ainsi, même si, sur le lieu du crime, on n’a pas retrouvé de traces ADN de Charles-Édouard C., ce dernier n’avait pas raté un seul article sur l’assassinat de Hassel. L’historique de son ordinateur avait aussi révélé que, dès la mi-août, des recherches sur internet sur différentes armes et façons de tuer avaient été effectuées. Le parquet général avait donc requis la confirmation de la réclusion à perpétuité pour les trois prévenus. Il avait ajouté qu’en cas de doute, la Cour d’appel pouvait réentendre des témoins.

En fin de compte, la Cour d’appel n’a pas suivi ces réquisitions et prononcé l’acquittement des trois prévenus de l’assassinat de Hassel. Une décision que les avocats à la défense des trois prévenus ont saluée à la sortie de l’audience. « C’est une décision courageuse des magistrats de la Cour d’appel qui ont assumé les insuffisances du dossier, qui ont constaté que la charge de la preuve qui pèse sur le ministère public ne pouvait pas être rapportée », a ainsi laissé entendre Me Sébastien Lanoue, l’un des avocats du principal prévenu, Charles-Édouard C. « Nous avons longtemps plaidé que cela est un dossier où subsiste toute une série de doutes », a par ailleurs rappelé Me Fränk Rollinger, l’avocat de Jérémy B.

Quatre ans en prison avant d’être acquittés

Même s’ils ont été acquittés par la Cour d’appel, Charles-Édouard C., Pascal G. T. K. et Jérémy B. ont néanmoins dû quitter la salle d’audience sous escorte policière. La procédure actuelle au Luxembourg veut qu’une personne acquittée retourne au centre pénitentiaire sous escorte policière. « C’est l’état actuel de la loi. Symboliquement, on aurait pu souhaiter qu’ils sortent libres par la porte principale. Ils seront libérés au cours de la journée [hier] », a noté Me Lanoue.

Avant d’être acquitté de l’assassinat, le trio a passé près de quatre ans en prison. Les quadragénaires ont la possibilité de demander des dommages et intérêts.

Alors que, du côté des proches des trois prévenus, la joie était immense, du côté de la famille de la victime, c’était tout le contraire. Me Eric Says, la partie civile qui représente le frère de la victime, estime incompréhensible, au vu des éléments du dossier, que le premier jugement n’ait pas été confirmé. « Mon client ne peut en aucun cas être satisfait de cette décision », a-t-il fait savoir avant de déclarer devoir d’abord étudier la motivation de cet arrêt avant de voir qu’elle sera la prochaine démarche. Pour son client, il serait pour le moment impossible de faire son deuil. Après la décision de la Cour d’appel hier, l’assassinat de Hassel reste non élucidé.

De notre journaliste Fabienne Armborst


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