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Dudelange : un château d’eau et un projet fou


Le château d'eau, érigé en 1928, fait partie du paysage des Dudelangeois. (Photo Alain Rischard)

Entre l’idée et sa réalisation, il s’est écoulé dix ans. Mais l’ancien château d’eau de Dudelange, restauré de manière spectaculaire, méritait que l’on se penche sur sa seconde vie.

D’abord, il a répondu : «Vous êtes fous», avant de raccrocher le téléphone. Puis, trente secondes plus tard, Jean Back, directeur du CNA, rappelle Mars di Bartolomeo, député-maire de Dudelange à l’époque, pour lui dire finalement que «l’idée est formidable». Nous sommes en 2002, Mars di Bartolomeo rencontrait Georges Calteux, ancien directeur du Service des sites et monuments, pour évoquer avec lui la consolidation du château fort du mont Saint-Jean.

Cela n’avait rien à voir avec le château d’eau, mais Mars di Bartolomeo, qui voulait le mettre en valeur d’une manière ou d’une autre, se serait contenté d’une belle illumination et a profité de cette rencontre pour demander à Georges Calteux s’il voulait participer à ce projet. «Il nous a demandé ce qu’on voulait en faire et a lui-même proposé d’y abriter la collection de photos The Bitter Years d’Edward Steichen», raconte Mars di Bartolomeo.

L’actuel président de la Chambre des députés se souvient de cet épisode comme «d’une histoire merveilleuse». Quand Georges Calteux lance cette idée, Mars di Bartolomeo se jette sur son téléphone et joint Jean Back du CNA, conservateur des collections d’Edward Steichen, pour la lui soumettre. «Il nous a dit que nous étions fous et quand il a réalisé le défi à relever, il a rappelé aussitôt pour nous dire : OK, on le fait», se rappelle l’ancien député-maire de la ville qui rêvait d’une seconde vie pour le site du Schnautzelach. C’est ainsi qu’est né le projet de réaménagement du château d’eau et de sa salle des pompes.

«La ministre de la Culture de l’époque, Erna Hennicot-Schoepges, a dit oui sans hésiter. Le projet a mûri, puis Octavie Modert a repris le portefeuille de la Culture et l’a poursuivi. Finalement, on a voté les premiers crédits au budget avec un gros effort du ministère et l’adhésion des deux ministres», se réjouit encore aujourd’hui Mars di Bartolomeo.

Un défi à relever

Il a fallu attendre dix ans avant de découvrir cette réalisation. «Nous partons d’une réunion sur la consolidation du château fort du mont Saint-Jean et nous nous retrouvons avec un beau projet de château d’eau !», dit-il gaiement.

Si Jean Back avait finalement adhéré au projet, il savait que la tâche serait rude. Il faut être un peu fou pour imaginer exposer des photos dans un environnement humide par définition. Il fallait donc imaginer la meilleure isolation pour la cuve et, bien sûr, l’aménagement de l’espace à l’intérieur de la tour. Le budget est passé de 6 à 9 millions d’euros pour un résultat exceptionnel sous la maîtrise d’ouvrage du Service des sites et monuments nationaux, alors que l’architecte Claudine Kaell réalisait une véritable prouesse et relevait le défi de façon magistrale.

Le château d'eau et le quartier Schmelz de Dudelange, photographiés vers 1930. (source archives ville de Dudelange/fonds Jean-Pierre Conrardy)

Le château d’eau et le quartier Schmelz de Dudelange, photographiés vers 1930. (source archives ville de Dudelange/fonds Jean-Pierre Conrardy)

«Le château d’eau, qui n’était plus en service, avait un air triste, il était gris, n’avait plus aucune utilité, mais, comme les antennes d’émission de RTL, c’était un symbole de Dudelange et les habitants avaient l’habitude de l’avoir dans leur environnement», raconte Mars di Bartolomeo. Et de conclure : «Il lui fallait des moyens et Claudine Kaell en a fait quelque chose de merveilleux.» Derrière le CNA, sur le terrain des friches industrielles de l’ARBED, «un château d’eau se dresse en gardien des lieux depuis 1928», décrit le CNA dans son historique. «Entourée de bassins de recyclage et d’épuration des eaux, flanquée d’une maison de pompage, la tour est le centre d’un ensemble patrimonial remarquable», poursuit-il.

Aujourd’hui, le visiteur découvre «un lieu spectaculaire», qui unit «patrimoine architectural et muséographie contemporaine» et qui offre «une des collections photographiques majeures du XXe siècle avec des œuvres d’auteurs renommés comme Walker Evans et Dorothea Lange», résume le CNA. L’inauguration a eu lieu le 29 septembre 2012. Un lieu dédié au dialogue entre la collection historique d’Edward Steichen «The Bitter Years» et la photographie contemporaine, comme le mentionnait le ministère de la Culture à l’époque.

Geneviève Montaigu

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