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École internationale de Differdange : un atout contre l’échec scolaire


Le ministre s'est rendu mardi à l'école internationale (Photo : Didier Sylvestre).

En quatre ans, l’École internationale a fait ses preuves. Elle permet aux élèves d’apprendre dans leur langue maternelle et maximise leurs chances de réussir. Claude Meisch y était en visite mardi.

Drôle d’interrogation à l’oral. Les élèves en LV4 (langue vivante 4) portugais de la classe de Joel Barbosa prononcent timidement les phrases dans cette langue étrangère qu’ils découvrent depuis septembre. Face à eux, c’est toute une délégation qu’ils doivent convaincre de leurs progrès, notamment le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, ou encore l’ambassadeur du Portugal, António Gamito, venus visiter l’École internationale de Differdange et d’Esch-sur-Alzette (EIDE). Première école européenne publique à avoir ouvert ses portes au Luxembourg en 2016, celle-ci offre l’apprentissage du portugais en tant que langue maternelle aux élèves d’origine portugaise, depuis la première année du primaire (P1) jusqu’au baccalauréat européen.
Dans la classe suivante, celle de Paula Ribeiro, les élèves du secondaire ont vécu au Portugal ou sont originaires de ce pays, mais tous sont lusophones. Cette structure a notamment était pensée pour eux : «Cela leur donne une chance de pouvoir choisir la langue de la section dans laquelle ils vont travailler et cela leur permet de réussir leur scolarité. On a diversifié l’offre d’apprentissage scolaire. Mais cela demandera toujours autant de travail aux élèves dans les autres matières», assure Claude Meisch.

«Le but final, c’est que les élèves obtiennent un diplôme qui leur permette soit d’intégrer le marché du travail luxembourgeois, soit de poursuivre des études au Grand-Duché ou à l’étranger. Si l’on remonte à il y a quatre ans, cette offre n’existait pas. C’était à l’élève de s’adapter au système scolaire classique. Avec cette nouvelle voie, c’est désormais l’école qui s’adapte à l’élève. Et il n’y a pas qu’ici que nous mettons ce système en place. Une telle structure existe aussi à Mondorf, Junglinster et Clervaux», précise encore le ministre.
Un instrument indispensable pour lutter contre l’échec scolaire et «nous voyons le résultat dans les statistiques. C’est une vraie avancée et nous voulons faire profiter de cette chance tous les élèves et parents du pays.»

Une croissance exceptionnelle

L’école internationale du sud-ouest se partage déjà sur deux sites, Differdange et Esch, et un important bâtiment est actuellement en construction. «Le campus à Differdange est en train de croître», indique son directeur, Gérard Zens. Pour l’instant, nous sommes dans un bâtiment qui a été dessiné pour 400 élèves et nous arrivons aux limites de notre capacité. Heureusement le nouveau bâtiment va ouvrir ses portes en septembre et sera destiné entièrement aux élèves du secondaire. Le bâtiment d’appoint dans lequel nous sommes va être pendant un court temps utilisé pour l’école primaire en attendant sa construction, également juste en face.» Les travaux de fondation ont déjà débuté et cette école devrait être opérationnelle en septembre 2022. À cette date, le bâtiment existant sera à nouveau destiné aux élèves du secondaire pour permettre une nouvelle extension des capacités d’accueil.

Environ 100 millions d’euros ont déjà été investis par l’État sur le site de Differdange. Environ 17 millions d’euros pour le premier bâtiment et environ 70 millions pour celui en construction. Le budget de l’école primaire devrait «également représenter un important investissement», soutient le directeur.

Des extensions plus que nécessaires, puisque la structure accueille 300 nouveaux inscrits à chaque rentrée scolaire. Pour l’année scolaire 2019/2020, l’EIDE compte 1 030 élèves. À la prochaine rentrée, elle en accueillera 1 350, puis 1 800 en 2023. Le nombre d’enseignants doublera quasiment dès septembre, passant de 111 à 200.
Pour espérer placer son enfant dans cette école, deux portes d’entrée principales s’offrent aux parents d’élèves : le primaire 1 et le secondaire 1. Il y a davantage de places, et de nouvelles classes peuvent même être créées au besoin.

Dans les autres cycles, les places sont très rares. «À Differdange, la moitié des élèves viennent de la ville même et un quart des élèves viennent des communes limitrophes : Bascharage, Pétange, Soleuvre et Belvaux. Et à Esch, c’est la même chose», poursuit le directeur. Le dernier quart des élèves vient de plus loin et certains sont mêmes frontaliers. Dans tous les cas, il s’agit d’une école publique et elle est donc gratuite.

Audrey Libiez

Les cours de portugais renforcés

Cette visite de l’École internationale était aussi l’occasion pour le ministre de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse, Claude Meisch, d’échanger avec la secrétaire d’État aux Communautés portugaises, Berta Ferreira Milheiro Nunes, et le président de l’Institut Camões, Luis Faro Ramos, sur la scolarisation des élèves lusophones et la place de la langue portugaise dans l’école luxembourgeoise. L’ambassadeur du Portugal au Luxembourg, António Gamito, et l’ambassadeur du Luxembourg au Portugal, Jean-Jacques Welfring, étaient également présents.

Dans le cadre de l’entrevue, Claude Meisch et Berta Nunes ont signé le cadre de référence des cours complémentaires de langue portugaise. Cette nouvelle formule de cours est offerte depuis 2017/2018 à l’enseignement fondamental aux élèves lusophones des cycles 2 à 4, en dehors de l’horaire scolaire, à raison de deux leçons par semaine. Le cadre de référence définit le programme spécifique enseigné dans ces cours, qui fait le lien entre le plan d’études luxembourgeois et le programme portugais de l’Institut Camões.

Claude Meisch et Berta Nunes s’accordent sur l’importance de promouvoir l’apprentissage du portugais dans les écoles luxembourgeoises, notamment dans le cadre de cours à option dans l’enseignement secondaire. Les deux parties collaboreront pour élaborer les programmes de ce cours. L’information des parents lusophones sur le système éducatif luxembourgeois devrait également être renforcée. La possibilité d’accorder une plus grande place à la langue portugaise dans le cadre des études offertes à l’université du Luxembourg sera également étudiée.

La langue luxembourgeoise reste essentielle

Le but de l’école luxembourgeoise, traditionnelle ou internationale, est d’amener les élèves au multilinguisme, explique le directeur de l’École internationale de Differdange et Esch-sur-Alzette. Dans ce multilinguisme, la langue luxembourgeoise occupe une grande place.» Gérard Zens précise : «Dans notre école, le but est que les élèves parlent tous luxembourgeois, pas en entrant, mais en sortant de l’école, et ça se fait grâce au mélange des élèves. Nous avons tout de même dans notre établissement presque 20 % d’enfants qui ont un passeport luxembourgeois. L’intégration passe par le mélange, c’est-à-dire différentes nationalités et différentes cultures sous un toit. Les élèves s’adaptent aux langues en fonction des amis avec lesquels ils sont en train de parler.»
Et dans les classes lusophones, même si les élèves assument de parler portugais à la maison, ils revendiquent le mélange des langues, et notamment avec le luxembourgeois à l’école.

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