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Esch : quatre étudiantes sensibilisent à la face cachée des smartphones


Danielle, Camille, Alison et Claudia ont présenté les coûts humains qu'a la production de smartphones en Afrique. (Photo: Julien Garroy)

Acheter continuellement le dernier smartphone à la mode contribue à l’exploitation des minerais de sang, impliquant des conditions de travail désastreuses pour de nombreux Africains. C’est ce que quatre lycéennes du lycée technique de Lallange ont voulu démontrer.

Travail forcé des enfants, prostitution subie, mariage contraint, esclavage sexuel, voilà à quoi sont confrontés la plupart des habitants de la République Démocratique du Congo. Ce pays possède la plupart des minerais nécessaires à la fabrication de smartphones, ce qui devrait en faire l’un des états africains les plus riches.

Sauf que la réalité est toute autre. C’est ce que Camille, Danielle, Claudia et Alison ont voulu faire comprendre à leurs camarades lundi lors d’une conférence aboutissant un travail qu’elles ont réalisé au cours de l’année.

Motivées par un article sur cette question lu sur Le Quotidien, les quatre lycéennes ont choisi de plancher sur ce thème. « On n’était pas vraiment informées sur le sujet, alors que cela nous concerne tous, vu que nous avons tous un smartphone », racontent-elles simplement.

Elles en ont profité pour inviter quatre acteurs luxembourgeois dans le domaine : les députés européens Claude Turmes et Mady Delvaux, le directeur des achats de Ceratizit Claude Lanners et Jean-Louis Zeien. Un choix que M. Reimen, professeur encadrant les étudiants pour leur projet, a salué car il « représentait un spectre des modes de pensée, entre les plus ‘utopistes’ et la réalité terre-à-terre de l’entreprise ».

Les quatre étudiantes avaient invité leurs camarades à préparer des questions aux intervenants. « Nous voulions que les élèves osent parler à des politiciens », expliquent les jeunes femmes.

Écologie et commerce équitable

Les étudiantes ont aussi souhaité faire passer le message « que simplement avec un smartphone, on peut détruire des vies ». L’industrie numérique a besoin des ressources minières présentes dans les pays africains. Où, comme elles l’expliquent à travers leur écrit, la main d’œuvre est exploitée parfois dès l’âge de 7 ans, dans des mines risquant en permanence l’effondrement. Où la température atteint les 50 degrés, le tout avec peu d’équipement et pour 1 ou 2 dollars à peine par jour.

« C’est aussi un problème de surconsommation. On parle de téléphones mais c’est un tout, avec les vêtements et l’alimentation. On consomme déjà tant de choses, alors on peut au moins faire un geste. Ce geste, c’est le recyclage et il peut amener un grand changement », insiste Alison.

Le député européen Claude Turmes en a profité pour mettre en avant le « fairphone », un smartphone issu du commerce équitable et pouvant remédier au problème des mines de sang. Ce concept se base sur le recyclage d’anciens téléphones dont les pièces détachées vont être réutilisées pour donner une seconde vie à des produits.

Claude Lanners a aussi expliqué aux étudiants la responsabilité qu’ils portent. Si les plus jeunes ne cherchaient pas constamment à avoir le dernier mobile sorti, il y aurait forcément moins de demandes de minerais.

Les quatre étudiantes ont compris cette logique. Même si elles admettent que les découvertes faites au cours de leur travail n’ont pas bouleversé leurs habitudes, elles avouent que leur vision des choses, « notamment sur ce qui se passe en Afrique », a complètement changé.

Mathieu Obringer

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