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Les vignerons bios entament les vendanges avec une belle confiance


La clé du millésime sera le travail dans les vignes, et ça, les vignerons y sont habitués. (Photos : Claude Lenert)

Ils ne sont pas très nombreux et ne représentent qu’un petit 4 % de la surface de vignes plantées au Grand-Duché. Pourtant, pas un ne ferait machine arrière et force est de constater que leurs parcelles ne sont pas les moins belles du pays! Leurs vendanges sont déjà lancées et ils se montrent confiants sur ce qu’il devrait en sortir.

Le vin bio, au Luxembourg, reste une exception : il ne concerne que 4 % des superficies plantées, un pourcentage qui ne grandit que très lentement année après année. La première maison qui a opéré sa transition est le domaine Sunnen-Hoffmann, à Remerschen. Yves Sunnen a refusé d’utiliser les produits phytosanitaires dès 2000. Depuis, quelques collègues l’ont rejoint.

Aujourd’hui, le domaine bio le plus vaste est celui de Guy Krier (domaine Krier-Welbes, à Ellange- Gare), avec 12, et bientôt 13 hectares de vignes certifiées puisque la conversion de nouvelles parcelles s’achèvera dans quelques mois. Il célèbre cette année les 10 ans de la conversion de ses vignes, tout comme Luc Roeder (maison viticole Roeder, à Steinheim/Rosport) qui fait pousser ses 82 ares étagés sur les terrasses en pierres sèches qu’il monte lui-même sur le magnifique terroir de la Hoelt, sur le versant sud d’une boucle de la Sûre. Les plus vieilles vignes du pays sont ici : de l’elbling plus que centenaire! Le cousin de Guy Krier, Jean-Paul Krier (domaine Krier-Bisenius, à Bech- Kleinmacher), est également un vigneron certifié bio convaincu depuis cinq ans. Citons également, les domaines Joé Beissel (à Bous), Happy Duchy ou encore le Clos Jangli, de taille plus réduite mais aux productions enthousiasmantes.

Depuis quelques années, on voit aussi arriver un intérêt certain de la part des domaines Vinsmoselle qui disposent de quelques vignes bios autour de Mertert, et des caves Mathes, qui produisent un pinot blanc et un crémant biologiques. Le fer de lance du bio pour la coopérative est Aly Leonardy, qui a profité d’un remembrement de très anciennes parcelles sur les rives de la Sûre, à Mertert, pour créer une très jolie enclave bio avec du riesling, du pinot gris et du pinot noir. Ses terrasses en pierres sèches qui surplombent la Sûre, en face de Langsur, «sont un bijou!, s’enthousiasme-t-il. Il a fallu arroser les jeunes plants parce qu’il a fait très sec, mais les vignes plus anciennes sont magnifiques».

Sur les hauteurs du Kraizbierg, à Remerschen, les vignerons bios ont lancé leurs vendanges. (Photo : Claude Lenert)

Sur les hauteurs du Kraizbierg, à Remerschen, les vignerons bios ont lancé leurs vendanges. (Photo : Claude Lenert)

D’autres coopérateurs travaillent également des vignes bios : Tom Pétry à Mertert, Roger Demuth à Wormeldange et même le conseiller viticole de Vinsmoselle, Harald Beck, s’y est mis. «Il y a une volonté de la part de la coopérative d’offrir une gamme bio, les viticulteurs y réfléchissent de plus en plus», assure Aly Leonardy.

Encore mieux que 2018?

Mercredi, à l’orée du moment le plus important de l’année, plusieurs vignerons bios étaient réunis autour de leur conseillère Sonja Kanthak (IBLA). Chacun a reconnu que si les quantités seraient limitées cette année, ils se frottaient les mains en observant la qualité des raisins qu’ils s’apprêtaient à mettre en cuve. Car si l’année a été exigeante, elle n’a > pas été plus difficile pour les vignerons bios que pour les autres. Tous ont été égaux devant les aléas climatiques qui ont causé les pertes (gel tardif en mai, puis brûlures par le soleil lors de la canicule de fin juillet) et comme l’été a été sec – «il manque l’équivalent d’un mois de pluie», rappelait Serge Fischer, du service viticulture de l’Institut vitivinicole –, la pression des maladies cryptogamiques (peronospora, par exemple, qui provoque le mildiou) a été très faible. Puisque les traitements bios sont uniquement préventifs et curatifs, ils se doivent d’observer les vignes avec la plus grande méticulosité.

La clé du millésime sera donc le travail dans les vignes, et ça, les vignerons y sont habitués. Pour Aly Leonardy, c’est une certitude : «Une fois que l’on a éliminé tout ce qui doit être jeté, la qualité des raisins est meilleure que l’année dernière.» Luc Roeder abonde : «Ce qui n’a pas été brûlé par le soleil est vraiment très beau.» Guy Krier glissait même que «les acidités sont meilleures que l’année dernière » et donc que «les vins seront sans doute plus harmonieux». Mieux que 2018, déjà encensé par les vignerons, ce serait fort… et parfaitement crédible! D’autant que ce mois de septembre est très intéressant par ses nuits fraîches et ses journées chaudes, qui «sont parfaites pour développer l’aromatique», souligne le vigneron.

Le crémant en premier

Pour élaborer le crémant, il faut des raisins mûrs, mais pas à l’excès. Ce sont donc souvent les grappes qui lui sont destinées qui sont coupées en premier. Yves Sunnen, par exemple, a été un des premiers vignerons à lancer les vendanges, c’était en tout début de semaine : «Pourquoi attendre? Les auxerrois font environ 90 ° Oechsle (NDLR : le taux de sucre) et les équilibres sont idéaux.»

Le pinot noir du Kraizberg. (Photo : Guy Krier)

Le pinot noir du Kraizberg. (Photo : Guy Krier)

Jeudi, Guy Krier a embrayé avec les pinots plantés sur le magnifique coteau du Kraizberg, à Remerschen, avant de poursuivre avec de l’auxerrois. «Les grappes sont belles, bien compactes, je m’en servirais pour élaborer la Cuvée Julie», avance-t-il. Pour tous les domaines, le crémant est une priorité. Moteur des ventes, il est impératif de récolter suffisamment de bons raisins pour ne pas en manquer. L’année dernière, avec des taux de sucre encore supérieurs, nombreux sont les vignerons qui avaient vendangé encore plus tôt en prévision des bulles.

De notre collaborateur Erwan Nonet

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