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Luxembourg : le secteur de la jeunesse fait sa rentrée


Une quarantaine de services dédiés à la jeunesse se sont rassemblés à l'occasion de la «Foire vun der Jugendaarbecht». (Photo : alain rischard)

Les associations du secteur de la Jeunesse se sont retrouvées mardi à Luxembourg, à l’occasion d’une foire pour présenter et échanger sur leurs différentes activités.

Pour la deuxième année consécutive, le Service national de la jeunesse (SNJ) a décidé de réunir les acteurs du secteur de la jeunesse en un même lieu, en l’occurrence le Forum Geesseknäppchen, afin de permettre aux divers services et associations de se présenter, de faire connaître leurs initiatives et d’échanger, voire d’envisager des projets communs.

«Par le passé, il s’agissait de la ‘rentrée du SNJ’, rappelle Georges Metz, son président. Nous présentions nos nouveaux projets et nos nouveaux financements. Puis nous avons décidé de nous mettre moins au centre et d’offrir une plateforme aux organisations et aux services dédiés à la jeunesse.»

Une opportunité que n’ont pas hésité à saisir les différents organismes luxembourgeois – avec une quarantaine de stands, ce sont quelque 200 personnes qui ont participé à l’événement.

Centre de médiation

De nombreuses thématiques étaient représentées, au niveau tant des services publics, avec le SNJ bien sûr, le service BeeSecure, la Maison de l’orientation… que des ASBL, comme Radio Graffiti par exemple, ou encore le Centre de médiation.

Cette ASBL a été créée en 1998 pour aider les gens à régler leurs conflits par la voie de la médiation, mais également pour informer les personnes quant à leurs droits. «À l’origine, l’ASBL a été créée pour les jeunes en conflit avec leurs parents par rapport à leur scolarité, la poursuite de leurs études, le fait de quitter le domicile familial… Puis pour réparer les délits mineurs sur injonction du parquet», explique Paul Demaret, coordinateur et médiateur agréé. «Aujourd’hui, 75% de nos médiations concernent des relations de couple.»

Mais l’enfant reste néanmoins au cœur de la médiation, puisqu’il s’agit d’aider à résoudre des conflits impliquant des problématiques de garde ou de droits de visite notamment. «Les couples sans enfant sont orientés vers une autre adresse», précise Paul Demaret.

Si la médiation reste encore trop méconnue pour Paul Demaret, «elle est de plus en plus implantée dans les écoles», et des jeunes sont formés pour jouer le rôle de médiateurs au sein de leur établissement dans le cadre d’un projet intitulé «compétence par les pairs». Des compétences acquises pour gérer les conflits qui peuvent être un atout sur un CV mais aussi pour la société en général.

Tatiana Salvan

Lutter contre la radicalisation

Parmi les services dédiés à la jeunesse présents hier au forum Geesseknäppchen, il y avait «Respect.lu», le centre contre la radicalisation luxembourgeois, qui, comme son nom le laisse entendre, propose un accompagnement des personnes radicalisées ou en voie de l’être, ainsi qu’un soutien à leurs proches. Respect.lu s’est également donné pour mission de sensibiliser à cette problématique le grand public et les éducateurs.

Ce tout jeune service (il a été créé en 2017) est né d’une initiative gouvernementale. «À la suite des attentats en France et en Belgique, le gouvernement luxembourgeois a cherché une ASBL pour mettre en place une structure permettant de faire face à la radicalisation», rappelle Karin Weyer, la psychologue de Respect.lu. «Ainsi a été montée l’ASBL SOS Radicalisation, puis le service Respect.lu.» Le centre contre la radicalisation fait majoritairement face à des jeunes gens, «mais nous nous occupons actuellement de personnes âgées de 11 à 60 ans».

Des personnes radicalisées sur le plan idéologique, politique ou religieux. «Toute forme de radicalisation qui mène à la violence», résume Karin Weyer, avant de préciser : «Toutes les formes de radicalisation ne sont pas problématiques pour la société, comme par exemple, le féminisme ou le syndicalisme radicaux, qui ont même permis de faire évoluer les choses. Ces formes de radicalisation ne présentent pas un danger car elles ne veulent pas détruire le système démocratique. Il y a danger lorsqu’il y a une volonté de changer radicalement le système démocratique pour en faire un système autoritaire.»

29 situations l’an dernier et autant cette année

Comment repérer une personne qui se radicalise ? Il y a toute une panoplie de phénomènes, que Respect.lu se chargera d’évaluer avec les personnes qui entrent en contact avec le centre pour effectuer un signalement. «Un changement de comportement, le retrait du réseau social, même familial, jusqu’à la coupure nette avec des personnes dont on était très proche jusque-là, des propos de plus en plus radicaux qui cautionnent ou invoquent la violence, peuvent alerter. Mais il faut examiner la situation de la personne, c’est du cas par cas», souligne Karin Weyer.

Le service va ensuite essayer d’entrer en contact avec la personne (celle-ci n’est obligée de répondre que si une instance l’y astreint). Dans un premier temps, il s’agira d’établir la confiance avec la personne radicalisée. «On constate souvent qu’il n’y a plus de dialogue dans les familles. Les parents disent à leur enfant : ‘Ne va plus sur ces sites internet’ ou ‘Ne fais plus ça’, mais ils ne demandent pas : ‘Qu’est-ce qui t’intéresse là-dedans ? Pourquoi tu fais ça ?’. On essaye de rétablir le dialogue. C’est du travail à long terme.»

D’après Karin Weyer, la radicalisation est souvent une crise, née d’un manque, pour lequel les mouvances radicales «ont le don perfide de proposer une réponse» : «Face au manque de sens, de perspectives, de solidarité, face à un sentiment d’isolement ou celui d’être incompris, elles vont répondre : ‘tu as quelque chose à faire, tu es important, tu es membre d’une élite, on t’accepte’.»

L’an dernier, Respect.lu a pris en charge 29 situations de radicalisation, et tout autant pour l’année 2019 à ce jour. «Il n’y a pas eu d’acte terroriste au Luxembourg, mais on sait bien qu’on n’est pas à l’abri. Il n’est pas nécessaire que ce soit un phénomène de masse, il suffit d’une personne», conclut la psychologue.

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