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Pride Month : les jeunes d’Eppeldorf s’engagent pour la cause LGBT


Eppeldorf ne compte qu'un peu plus de 200 habitants, mais son club des jeunes (son président, Fränz Friederes, en polo bleu) sait se faire entendre ! (photo Anne Lommel)

Le club des jeunes a lancé la mobilisation de ses semblables en faveur du Pride Month. Le mois de juin est, depuis 2000, dédié à la cause LGBT.

Fränz Friederes est le président du club des jeunes d’Eppeldorf, un village situé entre Diekirch et Echternach. Lui, son comité et les membres de son club sont parvenus à convaincre 13 clubs et organisations à rejoindre le mouvement du Pride Month, qui milite pour que la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres ) soit reconnue en tant que telle par tous. Pas mal pour une première !

Qui a eu l’idée de lancer le Pride Month au Grand-Duché et comment l’idée est-elle venue ?

Fränz Friederes : Le but de notre association est de soutenir une communauté de jeunes. Et il n’est justement pas si facile pour les LGBT d’intégrer ces groupes. Or, dans notre club, nous avons des gays, dont moi-même. J’ai proposé au comité que nous montrions publiquement notre soutien à la communauté LGBT. La première chose à laquelle nous avons pensé, c’était de mettre notre logo aux couleurs de l’arc-en-ciel. Il s’agit d’un moyen très populaire utilisé par les entreprises et les organisations aux États-Unis. Ensuite, nous avons rapidement développé l’idée d’inviter d’autres organisations de jeunes à nous rejoindre pour accroître le poids de notre message.

Outre le changement de votre logo, avez-vous lancé d’autres initiatives en relation avec le Pride Month ?

Il est important de comprendre la profondeur du message qui se trouve derrière la modification de notre logo. Nous continuons pendant tout le mois de juin à inviter de nouvelles organisations à rejoindre le mouvement. Pour l’instant, nous n’avons pas prévu d’autres activités, mais nous songeons à participer à la GayMat.

Pourquoi cette action est-elle si importante pour vous ? Après tout, au Luxembourg, les LGBT semblent être bien acceptés…

Avoir le premier Premier ministre gay est un accomplissement important pour la communauté LGBT dans le monde. Qui plus est, les avancées juridiques qui permettent le mariage entre personnes de même sexe et interdisent les discriminations sont cruciales pour que les LGBT soient acceptés socialement. Mais ces progrès ne vont pas faire disparaître tous les problèmes par magie. Il y a beaucoup de jeunes qui ne connaissent pas vraiment leur identité sexuelle ni leur genre et qui n’ont pas encore franchi le pas du coming out. On estime que 5 à 10% de la population n’est pas hétérosexuelle.

Ces jeunes sont confrontés à un certain langage qui, chez eux, suggère que le fait d’être gay ou lesbienne est une mauvaise chose. C’est le signe d’une large diffusion de l’homophobie, de la biphobie et de la transphobie au sein de notre société. J’ai moi-même dû faire face à une crise d’identité à cause de cela. Nous, les porteurs de l’initiative, ne voulons pas simplement que les LGBT soient tolérés, nous voulons prendre position activement et publiquement pour eux. Ils doivent savoir qu’ils seront accueillis ici comme ils sont et qu’ils recevront notre aide dès qu’ils feront face à des discriminations. Le but de cette action est aussi de rappeler à la population les problèmes des LGBT. Cette initiative place le comité dans la situation d’une personne LGBT. Il faut du courage pour quitter sa neutralité et faire face aux hostilités.

Est-ce que les autres clubs de jeunes ont été durs à convaincre ? Avez-vous essuyé des refus ?

Beaucoup sont difficiles à contacter. Il y en a qui n’ont pas d’adresse mail ni de personne de contact référencée. Nous avons essayé d’envoyer des messages par Facebook, mais cela n’a pas marché, puisqu’ils ont été considérés comme des spams ! Finalement, la majorité des clubs que nous avons réussi à joindre ne nous ont pas répondu… Quant à ceux qui nous ont rejoints, il n’y avait pas besoin de les convaincre. Ils ont tout de suite compris la teneur du message et supportent la cause de manière incroyable! Nombre d’entre eux sont placés sous la tutelle de l’organisation luxembourgeoise des clubs des jeunes. Bien sûr, nous avons également reçu des réponses homophobes. Mais elles ont juste renforcé notre motivation.

D’après votre vécu, que pensent les jeunes des LGBT ? Est-il facile de parler de ces sujets avec eux ? Sont-ils ouverts d’esprit ?

En général, vous n’entendez pas grand-chose sur ces sujets-là avec eux. La plupart du temps, les mots « gay » ou « schwul » sont utilisés de manière négative. Dans notre club, nous avons la chance d’avoir des membres particulièrement ouverts d’esprit. La preuve : ils ont élu leur premier président gay il y a deux ans. Nous continuerons donc à lutter contre les attitudes anti-queer pour promouvoir une société du vivre ensemble.

Ferez-vous partie du Pride Month l’année prochaine ?

Il est clair que tous les clubs et les organisations de jeunes qui sont avec nous ne vont pas cesser leur engagement à la fin du mois. Nous ferons donc bien sûr partie du Pride Month l’année prochaine et nous ferons tout pour que nous soyons le plus nombreux possible. Nous continuerons à militer pour une société plus ouverte, dans laquelle les jeunes pourront développer leur sexualité et leur genre librement, sans ressentir la peur d’être rejetés. En étant à la tête d’un club de jeunes, il est de mon devoir d’agir ainsi.

Entretien avec Erwan Nonet

13 clubs aux côtés de l’Eppelduerfer Jugend
On retrouve ainsi les clubs de jeunes de Gilsdorf, Beeler-Leetem, Bettendorf, Betzdorf, Préizerdaul, Fouhren, Ermsdorf ainsi que le Daachverband vun de Lëtzebuerger Jugendklibb, les Letzebuerger Studenten zu Berlin, les Jonk Lénk, Richtung 22, Haxogreen et les Jonk Bad.

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