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Réfugiés : « La situation n’est pas tendue »


Depuis janvier dernier, la police grand-ducale s'est rendue une trentaine de fois dans le foyer d'accueil de l'ancien Monopol de la route d'Esch à Luxembourg. (Photo : Archives LQ)

La semaine passée, deux bagarres entre demandeurs de protection internationale ont suscité de vives réactions sur la Toile. Mais ces événements sont «des exceptions».

«Le nombre d’interventions dans les foyers d’accueil pour les demandeurs de protection internationale ne nous inquiète pas», affirme la police grand-ducale. Depuis le début de l’année, moins d’une centaine ont été recensées dans sept foyers emblématiques du pays, alors que sur tout le territoire la police grand-ducale est appelée une centaine de fois pour des bagarres dans des bars et cafés… chaque week-end.

C’est des sauvages!» «Des parasites, ces gens». «Un grand merci à tous ceux qui étaient pour les accueillir bravo et c’est que un début». «Bravo au gouvernement continuer comme ça vous êtes sur la bonne voie, rixe entre musulmans, mosquées qui poussent comme des champignons, plus de droits pour l’islam que nos propres citoyens» «Partout où ils sont accueillis c’est pareil. Ils foutent la merde»… La semaine dernière, les commentaires affligeants ont plu sur les réseaux sociaux après une bagarre entre réfugiés à Dudelange et une rixe au foyer d’accueil de demandeurs de protection internationale de l’ancien Monopol, route d’Esch à Luxembourg.

Retour sur ces deux événements d’abord. Samedi 14 mai, vers 21 h, à Dudelange, une bagarre éclate entre une vingtaine de personnes. À l’arrivée de six patrouilles de police, il apparaît que deux individus, des demandeurs de protection internationale, sont légèrement blessés et accusent deux autres réfugiés de les avoir frappés. Les policiers reconduisent les blessés au foyer d’accueil, mais il s’avère qu’ils ne sont pas logés dans cette structure. Ils sont donc ramenés à leur véritable logement.

Dans la nuit du mercredi 18 au jeudi 19 mai, un individu sous l’emprise de l’alcool regagne sa chambre du foyer d’accueil de l’ancien Monopol de la route d’Esch à Luxembourg. Il discute avec l’un de ses colocataires. Il s’ensuit le début d’une bagarre entre les deux individus. D’autres s’en mêlent. Les choses dégénèrent et tournent en rixe. La sécurité du foyer d’accueil appelle la police. À leur arrivée sur place, les 20 policiers subissent des jets d’objets divers, mais les choses se calment assez vite. Six personnes sont interpellées et passent la nuit au poste.

De là à ce que ces deux événements soient généralisés, il n’y a qu’un pas que certains «commentateurs» franchissent aisément.

«Les choses se passent bien dans les foyers»

Mais la réalité est autre. «Depuis l’automne dernier (NDLR : la mise en place de nouveaux foyers d’accueil pour faire face à la crise migratoire), les choses se passent bien, affirme-t-on à la Croix-Rouge luxembourgeoise, qui gère plusieurs structures, dont le Monopol. La situation n’est pas tendue dans les foyers. Il y a parfois des bagarres, mais ce sont des exceptions.» En charge des quelque 80 foyers d’accueil de demandeurs de protection internationale du pays – qui hébergent 3 300 personnes (chiffre de fin avril) – l’Office luxembourgeois de l’accueil et de l’intégration (OLAI) confirme : «Des bagarres peuvent arriver, mais ce sont des événements ponctuels et nous ne constatons pas de véritables tensions dans les foyers d’accueil.»

Du côté de la police grand-ducale, on souligne également que ce qui s’est passé le 19 mai au Monopol est «exceptionnel». «Je ne peux pas affirmer que c’est la première fois que des demandeurs de protection internationale s’en prennent aux policiers, mais je ne crois pas que ce soit arrivé souvent», explicite l’un des porte-parole de la police grand-ducale.

Le représentant des forces de l’ordre poursuit : «Depuis le début de l’année 2016, nous sommes intervenus une trentaine de fois au Monopol (NDLR : capacité maximale : 600 lits; 70 personnes y séjournent actuellement). Ce foyer sort du lot par rapport aux foyers Don Bosco (capacité maximale : 120 lits), Luxexpo (360 lits), Logopédie (300 lits), Dudelange (120 lits), Ettelbruck (200 lits) et Weilerbach (220 lits), où nous avons été appelés plus ou moins une dizaine de fois dans chacun d’entre eux.» La cause de ces interventions policières dans ces foyers d’accueil est «entre 95 et 99 % des cas liée à des bagarres dues à l’alcool ou de la frustration». Deux phénomènes qui pourraient s’expliquer par le parcours traumatisant de ces demandeurs de protection internationale, qui ont quitté leur pays, leur famille, fui la guerre, traversé des mers, de nombreux pays européens, avant d’arriver au Grand-Duché.

Au total, les policiers sont intervenus moins d’une centaine de fois dans ces sept foyers d’accueil de réfugiés en cinq mois. «Ce nombre d’interventions ne nous inquiète pas, affirme le porte-parole de la police grand-ducale. Je rappelle qu’au cours d’un week-end « normal », nous sommes appelés une centaine de fois pour des bagarres dans des bars, cafés, chez des particuliers sur l’ensemble du territoire.»

Guillaume Chassaing

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