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Steve Reckel : «L’esprit de solidarité est énorme»


Steve Reckel le bourgmestre de Mondorf-les-Bains. (Photo : Julien Garroy)

En pleine crise du Covid-19, les petites communes du pays font face avec leurs moyens.

Le Quotidien a pu recueillir les témoignages de Steve Reckel, bourgmestre à Mondorf-les-Bains, Vincent Reding à Weiler-la-Tour, Carlo Muller à Reckange-sur-Mess et Annie Nickels-Theis à Bourscheid. Tous soulignent le grand élan de solidarité qui traverse le pays et qui se vérifie au sein de leur commune où «tout le monde se connaît, c’est différent de l’anonymat des grandes villes».

(Photo : Julien Garroy)

Steve Reckel. (Photo : Julien Garroy)

«Nous avons une population très âgée» (Steve Reckel, bourgmestre de la commune de Mondorf-les-Bains, 5 300 habitants)

«Il y a beaucoup d’incertitude et on ne sait pas combien de temps ça va durer, mais les gens sont très disciplinés, et ils ont très bien réagi face à la situation.» Steve Reckel, le bourgmestre de Mondorf-les-Bains, veille sur une commune de 5 300 habitants. «Nous avons une population très âgée. 20 à 25 % de ses habitants sont des personnes âgées ou vulnérables. Nous avons la moyenne d’âge la plus élevée du pays», rappelle le bourgmestre, dont la commune est une des plus vulnérables du pays dans le cadre de la propagation du virus.

Face à la crise du Covid-19, il a fallu réagir vite, notamment pour la livraison de repas à domicile aux personnes âgées et vulnérables confinées. Deux systèmes sont aujourd’hui en place : le premier existait déjà avant, et concernait avant la crise 30 à 35 clients. «Depuis une semaine, nous avons enregistré beaucoup de nouvelles demandes et le service concerne actuellement 90 personnes», constate Steve Reckel. La livraison est ici assurée par le service communal, qui a aussi dû adapter sa structure pour faire face. Au lieu d’une personne pour assurer les livraisons, il en faut maintenant quatre. Face à la demande qui explose, un autre service de livraison a dû être mis en place en toute hâte : «Nous avons passé un accord avec les commerçants du village, boulangers, bouchers et le supermarché avec lesquels nous avons établi une liste de produits de première nécessité», explique Steve Reckel.

Les personnes de plus de 60 ans et celles considérées comme des personnes vulnérables peuvent s’inscrire à la commune pour bénéficier de ce service. Les services communaux distribuent ensuite la liste des produits disponibles dans les boîtes aux lettres de la commune avant de les relever pour livrer les produits le lendemain. Les factures sont avancées par la commune qui les refacture ensuite aux particuliers.

«L’esprit de solidarité est énorme, on a beaucoup de demandes de personnes qui veulent aider comme bénévoles, se réjouit le bourgmestre de Mondorf-les-Bains, mais je préfère leur dire de rester à la maison. C’est plus sûr. Et nous avons assez de personnel au sein de la commune qui s’engage.»

(Photo : Julien Garroy)

Steve Reding. (Photo : Julien Garroy)

«On s’organise avec les scouts» (Vincent Reding, bourgmestre de Weiler-la-Tour, 2 400 habitants)

«Nous sommes une commune très familiale.» Vincent Reding, bourgmestre de Weiler-la-Tour, 2 400 habitants. Vincent Reding est bourgmestre à Weiler-la-Tour qui compte 2 400 habitants. L’offre en structures commerciales est faible et les mesures de confinement qui touchent le pays isolent encore un peu plus sa commune.

Mais Vincent Reding peut s’appuyer sur l’esprit de solidarité des habitants, et sur l’aide des scouts de la LGS. «On s’organise avec les scouts de Roeser qui font les courses et les livraisons pour les personnes vulnérables en quarantaine. Les personnes vulnérables nous appellent aussi à la commune et on transmet leurs messages et leurs commandes.» Ce sont aussi les scouts qui prennent en charge la livraison de médicaments qu’il faut aller chercher en pharmacie.

La commune s’organise dans un esprit d’entraide et de solidarité. «Le personnel de l’administration communale est très motivé pour apporter de l’aide aux personnes sur place. Personne ne voulait rester à la maison, tout le monde veut apporter son aide, nous vivons un grand moment de solidarité», se réjouit Vincent Reding.

Ses services distribuent, toutes les semaines, des dépliants aux habitants pour les tenir informés des dernières mesures et des aides mises en place. «Cela nous permet aussi d’atteindre les personnes âgées qui n’utilisent pas les nouveaux médias», précise le bourgmestre. Les services communaux de Weiler-la-Tour sont épaulés par les équipes du CGDIS de Patrick Meiers qui sont sur le terrain avec une quinzaine de personnes : «Ils aident où ils peuvent.»

(Photo : Julien Garroy)

Carlo Muller. (Photo : Julien Garroy)

«Appelez-nous et on viendra vous aider» (Carlo Muller, bourgmestre de Reckange-sur-Mess, 2 800 habitants)

«On est une petite commune où tout le monde connaît tout le monde.» Carlo Muller est bourgmestre de Reckange sur Mess, la commune compte 2 800 habitants. «À l’heure où je vous parle, nous n’avons pas à ma connaissance de personnes contaminées au Covid-19 dans la commune.»

Frappée par les mesures de confinement, la commune a réagi rapidement face à l’urgence : «On a mis en place une coopération avec une grande enseigne à Bascharage qui nous permet d’opérer des livraisons de produits de première nécessité aux personnes qui en ont besoin», raconte Carlo Muller. «Ces livraisons sont réalisées par nos ouvriers communaux, tous bénévoles, qui vont retirer les courses qui ont été commandées et les livrer aux personnes sur le pas de leur porte, en prenant bien soin de ne pas avoir de contacts physiques et de respecter les gestes barrières.»

Les commandes sont enregistrées par la commune par appel téléphonique entre 9 et 11 h, les ouvriers communaux se rendent ensuite à Bascharage pour 14 h où des accès spéciaux leur sont aménagés. L’enseigne facture une fois par semaine à la commune, qui refacture ensuite aux particuliers.

Les initiatives du bourgmestre Carlo Muller ne s’arrêtent pas là : «On est en train de mettre un dépliant en place que l’on distribuera à la population en début de semaine prochaine, pour diffuser les informations essentielles sur le confinement et les aides qu’elle peut recevoir et où elle peut s’adresser.»

Autre exemple de solidarité dont se réjouit Carlo Muller : le Hexemeeschter, un service du CIGR-Direga (l’ASBL Centre d’initiative et de gestion régional pour les communes de Dippach, Reckange, Garnich) qui s’adresse déjà en temps normal aux personnes de 60 ans et plus ainsi qu’aux personnes dépendantes et handicapées. Face à la crise du Covid-19, le Hexemeeschter a étendu ses services et procède aujourd’hui à la livraison de médicaments «qu’ils vont chercher en pharmacie, tout en continuant de prendre soin des petits tracas de la vie quotidienne, comme par exemple réparer le robinet qui fuit», détaille Carlo Muller.

Les temps sont durs pour le pays et ses communes, mais le bourgmestre Carlo Müller reste serein : «Ce qui est important c’est la solidarité et l’entraide qui se sont installées dans le pays, entre les gens, leurs communes, les institutions, la politique, la police, la santé. On va tout faire pour continuer d’aider et de soutenir les gens dans notre commune, appelez-nous et on viendra vous aider.»

(Photo : Julien Garroy)

Annie Nickels-Theis (à g.), ici au côté de Dan Kersch. (Photo : Julien Garroy)

«Dans le temps, chaque ville avait une épicerie» (Annie Nickels-Theis, bourgmestre de Bourscheid, 1 700 habitants)

Situé dans le nord du pays, Bourscheid compte 1 700 habitants. «Nous sommes une petite commune au vu du nombre d’habitants, mais très vaste au niveau du territoire géographique», relève la bourgmestre Annie Nickels-Theis. Plus de 200 personnes sur le territoire de la commune sont âgées de 65 ans et plus, dont beaucoup vivent encore en famille, mais une vingtaine sont isolées.

Face à la crise provoquée par le Covid-19, les services communaux de Bourscheid ont vite réagi : «On a communiqué avec les personnes vulnérables de notre commune pour qu’elles puissent bénéficier de la livraison de produits de premières nécessités», explique la bourgmestre. Situé à quelques kilomètres d’Ettelbruck, Bourscheid manque de structures commerciales. «Dans le temps, chaque ville avait une épicerie, et ce n’est plus le cas aujourd’hui», regrette Annie Nickels-Theis. «Aujourd’hui, pour faire ses courses, il faut se rendre à Ettelbruck ou Diekirch. Les gens doivent s’y rendre en voiture, ce qui actuellement n’est ni pratique ni recommandé.»

La livraison des repas à domicile est organisée avec la Croix-Rouge à Colpach. «C’est un service déjà en place en période normale», rappelle Annie Nickels-Theis. Face à la crise, la demande pour couvrir les besoins a vite augmenté : «On a constaté une hausse des inscriptions depuis la semaine dernière, qui sont passées d’une douzaine à une vingtaine.» Un défi logistique de taille pour la petite commune.

Pour répondre aux besoins, «nous avons pu passer un accord avec une grande enseigne à Ingeldorf pour l’achat et la facturation des produits à la commune», annonce la bourgmestre avant de poursuivre : «Les gens téléphonent à la commune le matin et on livre dans l’après-midi, ou ils nous appellent l’après-midi et on livre le lendemain matin. Les factures sont avancées par la commune et ensuite refacturées aux personnes.»

Le service d’achat et de livraison est assuré par des volontaires bénévoles. Le même principe s’applique pour la livraison de médicaments qui sont achetés en pharmacie puis apportés aux personnes qui en ont fait la demande.

Annie Nickels-Theis se rend elle-même sur le terrain : «Je fais partie des volontaires, ce qui permet de continuer à entretenir les liens sociaux, être à l’écoute des gens, même en respectant les consignes de sécurité et en restant à distance. Ça fait du bien aux gens qu’on soit là, qu’on soit à l’écoute, qu’on entende leurs soucis, qu’on les rassure dans leurs doutes et leurs craintes.»

Chris Mathieu

 

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