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Le striptease comme thérapie


Ophélie Carré (à d.) pendant son cours de striptease burlesque. Sexy, mais jamais vulgaire, cette pratique aide ces femmes à accepter leur corps. (photo AFP)

À Villeurbanne, près de Lyon, l’effeuillage burlesque travaille à la «guérison par l’art».

À la barre de ces cours de striptease rétro, inspiré des pin-up des années 50, Ophélie Carré, une jolie blonde de 27 ans, professeur de danse de cabaret, diplômée en 2015 de l’école d’art-thérapie de Tours.

À 61 ans, Irène n’en revient pas d’avoir attendu son âge pour «découvrir cette explosion de liberté»: avec une dizaine de copines, bien plus jeunes, elle se défoule chaque semaine, près de Lyon, lors de séances d’effeuillage burlesque.

« La première fois, j’étais un peu gênée car j’étais la plus vieille, mais j’ai osé et j’en étais fière », raconte cet agent de service de collectivité, costumée en Lili Marlène, veste queue de pie et bas résille. « Il n’y avait plus de tabou, j’ai senti une harmonie, un sentiment de liberté, je me suis sentie redevenir femme », s’enflamme, radieuse, cette brune pulpeuse, mère de trois enfants, qui a recommencé à se maquiller et s’habiller «sexy».

« Un jour on m’a demandé un cours d’effeuillage pour un enterrement de vie de jeune fille et je me suis prise au jeu », raconte cette jeune maman qui « allie la guérison par l’art et l’effeuillage ». « Je voulais mettre à profit l’effeuillage pour renouer avec son corps et sa féminité, améliorer l’estime de soi et dépasser ses limites en osant », explique-t-elle. Elle commence par des stages, une fois par mois, et devant le succès, ouvre son atelier à Villeurbanne en septembre dernier. Sans critère d’âge, de physique ni d’origine sociale!

«Plus sûre d’elle»

Mercredi soir, une dizaine d’effeuilleuses décomplexées, en culottes hautes et soutiens-gorge, répétaient leurs chorégraphies, pour le spectacle de fin d’année. Et d’enlever d’abord les gants, puis la veste pour finir, comme le veut la règle, en… «nippies» (cache-tétons).

« On est sur un scénario comique et glamour, mais ça reste soft et on n’ôte jamais le bas », souligne Ophélie Carré pour qui « le burlesque ajoute cette touche d’humour qui enlève toute vulgarité ». En bas résille, gants rouges et miniciré noir, Andrée, boa autour du cou, attaque en musique son numéro solo de «dominatrice». Dans la lumière rose, elle se déshabille en se trémoussant lascivement, sous les encouragements de ses camarades qui jouent le public. Qu’elle fait mine ensuite de frapper avec son fouet.

«On se marre bien»

À 43  ans, cette ancienne anorexique est venue à l’effeuillage burlesque après avoir vu le film Tournée , du réalisateur et acteur Mathieu Amalric, qui avait enflammé le festival de Cannes en 2010 et braqué les projecteurs sur cet art coquin. « Ophélie m’a aidée à me réconcilier avec moi, elle a débloqué mes verrous », explique cette petite brune, qui se trouve aujourd’hui « plus séductrice et plus sûre d’elle ».

Longtemps « complexée par une cicatrice sur la jambe », Ella, chargée de communication de 27  ans, a sauté le pas pour « mieux accepter certaines choses de (son) corps ». « D’être ensemble et de voir le corps des autres, c’est une façon de relativiser sur soi et les autres et on se marre bien », assure-t-elle.

En témoignent la bonne humeur et les rires qui fusent à tout moment. « Il ne faut pas se prendre au sérieux. On ne regarde pas le corps mais tout le reste, le costume, le maquillage, le charisme de la danseuse, le côté comique ou glamour », résume Ophélie Carré. « Au début il faut les rassurer car le but, c’est de se faire plaisir. »

C’est le cas d’Helen, une Anglaise de 34  ans, qui a découvert l’effeuillage burlesque l’an dernier à la Nouvelle-Orléans et a voulu en faire de retour en France. « Ici, toutefois, c’est plus soft, on cherche à divertir le public alors que là-bas, on veut l’exciter », note cette brune piquante pour qui « c’est une libération de monter sur scène ».

Le Quotidien / AFP

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