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Les enfants de Tchernobyl respirent au Portugal


Au Portugal, ces enfants peuvent souffler. S'abandonner à la légèreté de l'insouciance. Et respirer à pleins poumons, sans crainte. (Photo AFP)

Le nez chatouillé par les embruns, ils respirent à pleins poumons… Des enfants d’Ukraine passent leurs vacances sur les plages du Portugal. Loin de leurs villages, situés à quelques kilomètres de la centrale nucléaire de Tchernobyl.

Aucun d’eux n’était né en 1986 quand l’un des quatre réacteurs de la centrale ukrainienne a explosé, crachant dans l’air des millions de radioéléments équivalents à l’intensité d’au moins 200 bombes atomiques. Ces gosses n’étaient pas au monde qu’ils étaient déjà condamnés à vivre et grandir avec ça.

Trente-quatre de ces enfants de Tchernobyl ont quitté pendant un mois l’Ukraine pour se ressourcer au Portugal. L’air pur du littoral contribuera à réduire la quantité de césium radioactif dans leur organisme.

Parmi eux, Anya, hébergée par sa famille d’accueil à Peniche sur la côte ouest. «J’ai découvert la mer ici, son odeur si singulière, je ne me lasse pas de la regarder», confie l’adolescente de 16 ans, regard pétillant, dans un portugais quasi-parfait. Pour un temps, elle laisse derrière elle les rivières contaminées de la zone de l’accident nucléaire.

Un mois de vacances, pour un ou deux ans de gagnés

Grâce au projet caritatif «Été bleu», Anya vient au Portugal depuis sept ans pour voir Maria Joao et Hernani Leitao, sa «deuxième famille». La jeune fille souffre de problèmes cardiovasculaires et respiratoires. «Un mois de vacances au Portugal leur procure entre un et deux ans d’espérance de vie en plus», assure Fernando Pinho, responsable du projet Été bleu. Soleil, plage et nourriture saine. Voilà pour les remèdes prescrits aux enfants de Tchernobyl pendant leur séjour.

Bogdan, 9 ans, découvre le pays pour la première fois. Visage rond, sourire timide, il ne parle pratiquement pas un mot de la langue. Mais quelques gestes suffisent pour communiquer avec son nouveau camarade de jeu, Jonas. A son arrivée, «il était un peu renfermé, mais le contact avec nos chats a permis de briser la glace», raconte la mère du garçonnet, Anabela Pereira. Après un cancer de la thyroïde en 2007, cette maman se dit sensible aux retombées de Tchernobyl. «La radioactivité est un mal invisible, qui fait des ravages», souffle-t-elle.

Ici, ces enfants aussi peuvent souffler. S’abandonner à la légèreté de l’insouciance. Et respirer à pleins poumons, sans crainte. A tel point qu’Anya n’imagine pas son avenir en Ukraine. «Après mes études, je reviendrai au Portugal pour travailler dans le tourisme.» Son large sourire à cette simple évocation ne saurait la contredire.

AFP/A.P

Héritiers du mal

Dans les environs de Tchernobyl, plus de 6 000 cas de cancers de la thyroïde ont été recensés chez les enfants et ce nombre ne devrait cesser d’augmenter, d’après l’UNSCEAR, un comité scientifique de l’ONU.
Plus de 29 ans après la catastrophe, l’air, l’eau et les sols dans les zones proches de la centrale sont toujours contaminés par la radioactivité.
Et les jeunes générations continuent d’hériter du mal. Selon les médecins sur place, la liste des maladies qui guettent les enfants est longue : pathologies du cœur, du foie, altérations du système immunitaire, malformations du système nerveux, leucémies, cataractes…

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