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Londres : coup de balai anti-harcèlement dans la City


La volonté de réformer les entreprises - souvent via la féminisation de leur direction - se combine désormais au souci d'éviter les scandales. (illustration AP)

Départ d’un vétéran de la banque, renvois en série dans les cabinets d’audit, grands patrons accusés publiquement : le monde des affaires britanniques traque le harcèlement sexuel et moral.

Ce grand nettoyage intervient un peu plus d’un an après le lancement de #MeToo. Le mouvement de dénonciation des agressions a donné un second souffle, au Royaume-Uni, à des initiatives plus anciennes visant à changer une culture d’entreprise souvent jugée machiste. La volonté de réformer les entreprises – souvent via la féminisation de leur direction – se combine désormais au souci d’éviter les scandales.

Résultat, une véritable cure est en cours. En début de semaine, les quatre grands cabinets d’audits britanniques ont tour à tour dénombré leurs employés accusés de harcèlement sexuel ou moral contraints de plier bagages. « Nous virerons les gens qui se comportent de façon inappropriée. Personne ne sera à l’abri » en cas d’attitude répréhensible, a prévenu le directeur général de Deloitte, David Sproul, dans les colonnes du Financial Times. La société a révélé avoir fait partir ces quatre dernières années une vingtaine d’associés, ces hauts cadres du secteur, pour des faits de harcèlement – sans préciser toutefois les conditions de ces départs ni les faits exacts reprochés.

Dans la foulée de Deloitte, KPMG, PwC et EY sont sortis du bois un par un, évoquant chacun le départ récent d’une demi-douzaine de cadres dans des affaires similaires. Mercredi, l’agence Bloomberg a rapporté que le patron de l’activité de HSBC sur les marchés avait été contraint de quitter la banque, après avoir été accusé de « comportement inapproprié » avec une employée plus jeune dans le bar d’un hôtel de New York. « Une accusation a été faite contre un individu. Nous avons traité cette affaire frontalement, fermement et de façon appropriée », a répondu la banque.

« Un engagement public » à respecter

Dans l’assurance, une cinquantaine de compagnies ont publié cet été une charte de bonne conduite pour éliminer le harcèlement. « Cette promesse est un engagement public, en tant qu’organisations mais aussi collectivement, à ne pas tolérer les comportements inappropriés et à créer une atmosphère de travail bienveillante et diverse », a expliqué Inga Beale, la directrice du Lloyd’s à l’époque. A l’origine de cette initiative, elle est une figure de la finance britannique, devenue en 2014 la première dirigeante de ce prestigieux marché londonien de l’assurance. Inlassable avocate de la diversité sexuelle et d’une culture d’entreprise accueillante pour les femmes, elle se félicitait toutefois « des progrès immenses accomplis depuis le début des années 1980, particulièrement lors de la dernière décennie ».

Au-delà de la finance, d’autres pans de l’économie britannique font l’objet de révélations fracassantes. Le fondateur et directeur général de l’enseigne de vêtements Ted Baker, Ray Kelvin, s’est mis en congé la semaine dernière après une série d’accusations de harcèlements contre lui. Des reproches abondamment relayés dans la presse ont évoqué des « câlins » imposés à des employées par Ray Kelvin qui aurait aussi massé des salariées et pris certaines sur ses genoux. Toujours dans le secteur de la distribution et de la mode, le patron du groupe Arcadia, Philip Green, a été mis en cause dans une affaire rendue publique fin octobre par un lord de la vénérable chambre haute du Parlement.

LQ/AFP

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