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Meurtre d’Ana Lopes : une trace ADN et deux pas dans la neige…


Les gendarmes français avaient retrouvé le corps calciné d'Ana Lopes dans sa voiture incendiée, aux abords de Roussy-le-Village non loin de la frontière luxembourgeoise.(Photo : Fabienne Armborst)

Après la mort brutale d’Ana Lopes en janvier 2017, on a passé au peigne fin les lieux du crime. À Roussy-le-Village, il n’y a pas qu’un ruban adhésif qui a alimenté l’enquête… Décryptage avec la police technique.

Qu’est-il exactement advenu à Ana Lopes quand son ravisseur l’a surprise à quelques mètres de son domicile vers 1 h, le 16 janvier 2017? Avant la découverte des traces de sang à Bonnevoie, il y a eu la découverte de la voiture carbonisée en Lorraine, aux abords de Roussy-le-Village non loin de la frontière luxembourgeoise.

Depuis mardi, les enquêteurs font parler les traces dans le procès de l’ex-petit ami de la victime Marco B. (32 ans). Vendredi matin, un enquêteur de la police technique luxembourgeoise a pris la parole. «La voiture, dans laquelle le corps calciné de la jeune femme a été découvert, a entièrement brûlée.» Fort probable qu’en mettant le feu, l’auteur a voulu ne laisser aucune trace. Il avait d’ailleurs laissé les deux portes avant et la porte arrière gauche, là où se trouvait la victime, grandes ouvertes.Selon l’enquêteur, une manière de s’assurer que le feu dans l’habitacle prenne bien et ne s’arrête pas inopinément….

Mais tout n’a pas été retrouvé en l’état de cendres. Sur le toit, on avait ainsi découvert des restes métalliques d’un briquet électrique et une série de piles AAA. La plaque d’immatriculation et l’insigne BMW aussi restaient reconnaissables. Ce sont ces traces qui ont permis aux gendarmes français de faire rapidement le lien avec la disparition inquiétante de la jeune femme de 25 ans résidant à Bonnevoie.

Une fausse piste dans la neige?

Situé dans une espèce de renfoncement, le lieu du crime n’était pas visible depuis la départementale D653 reliant Frisange à Thionville. L’auteur a dû emprunter un chemin sur quelque 200 m. Mais sur lequel il n’a pas laissé beaucoup de traces non plus. À côté de traces de pneu, seules deux empreintes ont pu être repérées dans la petite couche de neige : un pied gauche et un pied droit. Les photos figurant au dossier ont permis de déterminer que les chaussures correspondaient à une pointure comprise entre 43 et 45. Et que son porteur venait du véhicule. Mais pour le reste, cet indice ne révèle pas grand-chose. «L’auteur a pu emprunter des chaussures plus grandes à quelqu’un… pour créer une fausse piste. Ce n’est pas compliqué d’enfiler deux paires de chaussettes», remarquera la présidente de la 13e chambre criminelle.

L’indice découvert à deux pas de là est moins déroutant : un ruban adhésif de couleur gris argenté de la marque Kip. La police technique et scientifique l’a trouvé à 55 mètres de l’épave. Le numéro inscrit en son intérieur n’a pas permis de retracer son origine. Mais le laboratoire d’expertise judiciaire d’Épinal livrera plus d’indices. Son analyse a permis de mettre en évidence des traces de sang d’Ana Lopes sur la face extérieure. Et sur la face collante, c’est l’ADN masculin d’un membre de la famille de Marco B. qui a pu être relevé…

Victime d’au moins un violent coup à Bonnevoie

Ce n’est pas le seul indice qui avait fait avancer l’enquête et qui fait que l’ex-petit ami de la victime se retrouve aujourd’hui sur le banc des prévenus. Trois jours après avoir passé au peigne fin le lieu du crime en Lorraine, il y avait en effet eu la découverte route de Thionville à Bonnevoie, du sachet McDonald’s contenant les deux Happy Meal qu’Ana avait achetés à 0 h 49 quelques minutes avant sa disparition. Il se trouvait entre une BMW et une Honda stationnées à 40 cm d’une façade. Au vu des importantes traces de sang au sol, sur le crépi et sur les deux voitures, il s’agit de l’endroit où le ravisseur a eu raison de la jeune femme. Car les enquêteurs y avaient également décelé un serre-câble… qui s’avère du «même type et de la même marque» que ceux saisis lors d’une perquisition début mai sur le lieu de travail de Marco B.

L’absence de giclées de sang font dire à l’enquêteur de la police technique que la jeune femme n’a vraisemblablement ni été poignardée ni été victime d’un tir. L’autopsie n’a pu déterminer la cause exacte du décès d’Ana. Une fracture crânienne avait néanmoins pu être diagnostiquée. Ce qui serait compatible avec un violent coup… «En raison des traces de sang, on peut partir du principe que la victime blessée est restée un certain temps au sol», ajoute-t-il. Le temps que son ravisseur l’embarque dans la voiture?

La suite du procès est fixée à mardi matin.

Fabienne Armborst

Vers une première visioconférence?

Au programme de la deuxième semaine du procès de l’ex-petit ami d’Ana Lopes figure notamment l’audition de trois experts en génétique. Le coronavirus ne facilite pas la donne. La suite de ce procès qui doit se tenir jusqu’au 3 avril reste incertaine. En tout cas, l’un des experts étrangers a proposé de livrer ses conclusions par visioconférence à distance, depuis le tribunal de Bordeaux. La justice luxembourgeoise n’est pas habituée à ce type d’audition. Mais au vu des circonstances, cette solution est certainement intéressante. Cela implique toutefois que le parquet entame certaines démarches de procédure. Et que la salle d’audience soit équipée du matériel technique nécessaire. Lors de la suite du procès mardi, on devrait apprendre si ce projet se concrétise.

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