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40e anniversaire du PPE : Merkel et la Turquie en invités à Luxembourg


La chancelière allemande, Angela Merkel, s'est retrouvée hier soir aux côtes de Jean-Claude Juncker pour célébrer les 40 ans du PPE. La cérémonie était organisée à Luxembourg. (photo JC Ernst)

La chancelière allemande, Angela Merkel, a une nouvelle fois défendu l’accord conclu entre l’UE et la Turquie, à l’occasion de la célébration des 40 ans du Parti populaire européen, lundi soir à Luxembourg.

Les pointures de la famille politique européenne du Parti populaire européen (PPE), telles qu’Angela Merkel (CDU), le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker (CSV), ou encore le président du Conseil européen, Donald Tusk (PO/Plate-forme civique), ont rehaussé cet anniversaire de leur présence.

Le Parti populaire européen a célébré, lundi, à l’hémicycle de Luxembourg-Kirchberg, ses 40 ans de combat et de défense en faveur d’un projet européen qui lui est cher. Quelque 700 membres de la famille politique des démocrates-chrétiens et conservateurs européens ont en effet assisté à la grand-messe du premier groupe politique siégeant au Parlement européen, désormais quadragénaire. Et l’anniversaire était suivi par plus d’une centaine de représentants de la presse internationale. Bien que les prémices de la réponse chrétienne à l’Internationale communiste remontent à plus de 40 ans, le PPE a bel et bien été créé en 1976 à Luxembourg.

« La Dame de titane », comme l’a introduite le secrétaire général du PPE, Antonio Lopez-Isturiz White, en faisant allusion à la «Dame de fer» que fut Margaret Thatcher, ne l’a certainement pas oublié. Au cours d’un plaidoyer pro-européen à souhait, la chancelière Merkel a évoqué tour à tour « la réussite d’une Europe en paix depuis 40 ans », le fait d’être parvenu « à respecter la diversité » et celui d’avoir su « surmonter l’opposition entre Ouest et Est ».

Angela Merkel, lundi soir au Kirchberg. (photo Hervé Montaigu)

Angela Merkel, lundi soir au Kirchberg. (photo Hervé Montaigu)

Dans ce contexte, Angela Merkel a salué « le rôle central » joué par le PPE dans le travail de pacification du Vieux Continent et a également lancé un clin d’œil, dans ce sens, au président français, François Hollande, au lendemain de leur visite commune à Verdun. « Verdun est un symbole », a déclaré la chancelière. Car les pères fondateurs de l’Europe et le processus d’unification européen qui a fait suite aux deux guerres mondiales ont forcément occupé une grande partie des discours prononcés.

«Un anniversaire c’est aussi du travail»

Si Angela Merkel a enjoint à ses collègues du PPE d’« être fiers de leur famille politique en regardant vers le passé» , elle n’a bien évidemment point occulté les tensions qui déchirent actuellement l’UE. « Un anniversaire de 40 ans, cela se fête, mais c’est aussi du travail », a-t-elle rappelé en énumérant les grand défis actuels et futurs auxquels est ou sera confrontée l’UE : le terrorisme, les flux migratoires, la numérisation, l’évolution démographique et le changement climatique. « Des défis considérables », selon la chancelière, qui a appelé à l’unité « afin de pouvoir les surmonter ».

Angela Merkel a, dans ce cadre, évoqué la question de la stabilité de la zone euro et celle de la libre circulation, en corrélation avec la crise des migrants : « Il faut se battre contre les causes forçant les réfugiés à fuir leur pays, comme il faut se battre contre les causes à l’origine des guerres civiles. »

«Les pères fondateurs ont dû être patients»

La chancelière a ensuite soulevé la question de l’aide humanitaire et pris position sur l’accord conclu avec le président turc, Recep Tayyip Erdogan : « L’accord avec la Turquie constitue un modèle pour l’équilibre de nos intérêts, afin de protéger nos frontières, mais aussi de faire face aux trafiquants de migrants et dans l’optique que nos intérêts puissent rester dans notre marché intérieur. »

Dans ce contexte global, Angela Merkel a mis en avant la question du maintien de «nos valeurs» et mis sur la table celle de la politique européenne de sécurité commune (PESC), en l’illustrant par l’annexion de la Crimée par la Russie. « Les pères fondateurs de l’Europe, eux non plus, n’ont pas tout obtenu tout de suite! », a-t-elle lancé à l’assistance.

L'am

Quelque 700 membres de la famille politique des démocrates-chrétiens et conservateurs européens ont en effet assisté à la grand-messe du PPE, dans l’hémicycle du Kirchberg. (photo H.Montaigu)

Par ailleurs, Angela Merkel n’a pas occulté les problématiques du bien-être dans l’UE et du chômage, notamment des jeunes. La chancelière a enfin loué le plan d’investissement Juncker et estimé qu’il fallait « veiller à l’UE numérique ».

En guise de conclusion, la chancelière a appelé à ne pas oublier ces 40 ans d’histoire du PPE et a exhorté ses membres à poursuivre la construction de l’Union, « en y plaçant le citoyen au cœur ». Comprendre qu’il leur revient de poursuivre la mission entamée par Robert Schuman, Jean Monnet, Konrad Adenauer, Joseph Bech, Alcide De Gasperi, Paul-Henri Spaak et Johan Willem Beyen. Au nom de valeurs chères au PPE : la dignité humaine, la solidarité, la liberté et l’État de droit.

Claude Damiani

Marc Spautz (CSV) : «Bienvenue au coeur de l’Europe»

Le président du CSV, Marc Spautz, et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, ont exprimé leur fierté d’appartenir au CSV et au PPE.

Le président du CSV, Marc Spautz, était l'hôte de la cérémonie. (photo JC Ernst)

Le président du CSV, Marc Spautz, était l’hôte de la cérémonie. (photo JC Ernst)

Les deux présidents n’ont pas caché leur fierté à propos de la création du PPE à 20 mètres de l’hémicycle de la rue du Fort-Thüngen et à quelques centaines de mètres de la maison natale de Robert Schuman.

De son côté, Marc Spautz, après avoir souhaité la «bienvenue au cœur de l’Europe» , a encensé la famille politique européenne du CSV, « qui a énormément fait dans la cadre de la crise des réfugiés et permis une réduction de la pression sur les frontières extérieures de l’UE ». Un travail de longue haleine que Marc Spautz a qualifié d’obligatoire au nom de l’intégration européenne et de la liberté de circulation « qui sont des acquis communautaires ».

Puis le président du CSV a fait assaut d’amabilités à l’égard du président du groupe politique du PPE au Parlement européen, Manfred Weber (CSU) : « Manfred, tu es le plus jeune président du groupe parlementaire du PPE au Parlement européen . Le PPE fête aujourd’hui ses 40 ans et toi, tu n’as que trois ans de plus. 40 ans de success story, pour dire que 40 ans est également un bel âge, car on a encore toute la force d’un jeune. »

Dans son allocution, Marc Spautz a également fustigé la montée des populismes en Europe et le fait que « l’UE est parfois comparée à Hitler ». Dans ce sens, Marc Spautz est d’avis que les pères fondateurs diraient, face aux crises actuelles : « Faites front face aux populistes, afin de garantir le vivre ensemble et en vue de mettre fin à la haine! »

Sarkozy, le grands absents

photo Hervé Montaigu

photo Hervé Montaigu

De son côté, Jean-Claude Juncker s’est fendu d’un « Moien! » avant de passer aux choses sérieuses, en évoquant également l’importance de l’héritage des pères fondateurs et du traité de Maastricht (1992). « L’euro et moi-même en sommes les seuls survivants, voilà pourquoi j’y tiens! », a-t-il déclaré, avant de rendre un hommage à Helmut Kohl, « un vrai soldat du PPE ».

Puis le président de la Commission européenne a également appelé à ne pas céder aux populismes et invité les Européens à « la patience et à la détermination », au nom des ambitions de ce projet européen qui lui est également cher.

À noter enfin que le président du plus grand parti d’opposition français, Les Républicains, Nicolas Sarkozy, était absent. Bref, la famille du PPE n’est pas forcément entièrement unie. Mais cela est une autre histoire.

C. D.

Du soutien pour Wiseler

Alors que le CSV vient à peine de lancer la procédure pour désigner sa tête de liste en vue des élections législatives de 2018, le secrétaire général du PPE, Antonio Lopez-Isturiz White, semble, lui, déjà avoir fait son choix. Lors du discours prononcé lundi soir dans le cadre du 40e anniversaire du PPE, il a en effet affirmé : « J’espère que Claude Wiseler deviendra le prochain Premier ministre du Luxembourg. » Il s’agit d’une sortie qui risque de déplaire à Viviane Reding, qui en tant qu’ancienne vice-présidente de la Commission européenne a longtemps fait partie des ténors du PPE. La concurrente de Claude Wiseler siège toujours sous les couleurs du PPE au Parlement européen.

Les autres candidats à l’investiture du CSV, Luc Frieden et même Martine Hansen, ne devraient également pas être ravis.

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