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Affaire Traversini : la ministre Carole Dieschbourg secouée, mais sereine


Le cabinet de la ministre Carole Dieschbourg affirme que le dossier de l'ancien bourgmestre Roberto Traversini n'a pas eu de traitement de faveur par rapport aux 3000 demandes instruites en application de la loi sur la protection de la nature (Photo : archives Editpress).

Elle a confié au premier conseiller Mike Wagner la tâche de répondre à nos questions. La ministre est abattue par les attaques qu’elle subit de la part de l’avocat Georges Krieger, mais elle se défend.

Il y a d’un côté un avocat, Me Georges Krieger, qui dès la semaine dernière accusait ouvertement de tous les maux la ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, Carole Dieschbourg, qu’il tenait coupable de favoritisme dans l’instruction du dossier Traversini à Differdange.
De l’autre, la ministre déi gréng, camarade de parti de Roberto Traversini, qui reste tapie dans l’ombre, silencieuse et sourde aux nombreuses sollicitations de la part des médias. Jusqu’à mercredi en fin d’après-midi. Carole Dieschbourg envoie au charbon le premier conseiller de gouvernement Mike Wagner, qui entreprend de démonter point par point la théorie de l’avocat selon laquelle il y aurait une affaire Dieschbourg-Traversini. D’ailleurs, au ministère, ils sont habitués aux attaques répétées de l’avocat qui se décrit comme «passionné de droit immobilier» sur son blog. D’autres recours ont été déposés dans d’autres affaires.

L’ANF mène son enquête

«Cela devient explosif!», nous déclare Me Krieger en se référant à l’affaire. «C’est de la bêtise», répond en écho Mike Wagner dans le plus grand calme. L’avocat affirme que l’instruction du dossier a été assurée personnellement par la ministre, mais il se trompe, soutient le conseiller. Le dossier Traversini n’a pas eu de traitement de faveur par rapport aux quelque 3 000 demandes instruites en application de la loi sur la protection de la nature.
Ce sont les préposés à l’administration de la Nature et des Forêts (ANF) qui sont chargés d’enquêter et ce sont eux qui préparent les décisions. «Dans le cas de la maison de jardin de Roberto Traversini, le préposé avait préparé sa décision en indiquant qu’il s’agissait d’une construction existante dans une réserve naturelle et qui était dans un triste état. Une rénovation améliorerait la situation et il a donné une autorisation pour la façade. Puis il a constaté que des fenêtres étaient remplacées et a donc complété le dossier tout en demandant qu’une des fenêtres soit murée», explique le conseiller.

Bofferding a dénoncé les faits au parquet

Cette autorisation préparée par l’ANF atterrit alors sur le bureau de la ministre et c’est à ce moment-là seulement qu’elle voit le dossier. C’est ce qu’assurent ses services qui ne se préoccupent que de ce seul volet de l’affaire puisque tous les autres éléments qui composent l’affaire Traversini ne sont pas de leur ressort. Pour l’heure, un recours en annulation de l’autorisation de bâtir a été déposé au tribunal administratif par un voisin représenté par Me Krieger.
L’affaire suit son cours et Carole Dieschbourg affirme n’avoir rien à se reprocher. Elle ne pouvait pas ordonner de remise en état de la parcelle de Traversini, car seul un tribunal peut le décider. «Me Krieger aurait dû le savoir…», balance Mike Wagner.
Puis il y a les travaux de déblaiement qui, eux, ont été entrepris sans autorisation, pour lesquels l’ANF est saisie d’une enquête, avant même que l’affaire n’apparaisse dans les médias, selon Djuna Bernard, coprésidente du parti déi gréng. «L’administration établit un rapport qu’elle adresse au parquet et la ministre n’intervient plus», rappelle le conseiller.
Quant aux travaux réalisés par le CIGL et un stagiaire employé à la commune, c’est un autre volet de l’affaire qui là encore ne concerne pas Carole Dieschbourg. Une enquête ordonnée par le parquet est en cours. Et ce volet-là de l’affaire concerne en premier lieu la ministre de l’Intérieur, Taina Bofferding.
Dans une réponse qu’elle adresse au député Fernand Kartheiser (ADR), la ministre de l’Intérieur affirme avoir dénoncé les faits au parquet le 19 septembre. Soit un jour après l’ouverture de l’enquête. Si l’on se réfère au communiqué de l’administration judiciaire, le parquet a ouvert l’enquête le 18 septembre.

Geneviève Montaigu

La direction nationale du CSV reste discrète

La cheffe de file des députés chrétien-sociaux ne s’épanche pas trop sur le cas Traversini. Certes, l’opposition prépare ses questions, mais elle ne demande pas la tête de Roberto Traversini. «Il est le seul à connaître le dossier, c’est à lui de prendre une décision», commente-t-elle.
Quant au cas de Carole Dieschbourg, elle attend l’évolution de l’enquête. «Si les soupçons de clientélisme sont avérés, alors c’est inacceptable. La loi ne fait pas aucune différence entre des petits et des gros dossiers», dit-elle. Non, la loi ne fait pas de différence, mais il y a bel et bien des dossiers qui sont plus vite instruits que d’autres et c’est le cas pour des cabanes de jardin à rénover qui ne posent pas de problème particulier pour la faune et la flore. C’est en tout cas ce qu’indique le ministère de l’Environnement qui a tenu à préciser la pensée de la ministre Dieschbourg, quand elle a évoqué cette différence de délai dans une même procédure.

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