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Arthrose du genou : «Un article qui fait peur»


(illustration Le Quotidien)

Suite à l’article « Arthrose du genou : injections risquées » paru dans nos colonnes le 4 septembre dernier où il était question d’une décision de la CNS de ne plus rembourser les injections à base d’acide hyaluronique, les rhumatologues ont vivement réagi. Utilisées dans le traitement de l’arthrose du genou, elles sont jugées très risquées pour la santé selon la CNS, faux selon la Société luxembourgeoise de rhumatologie (SLR).

Le Dr Claude Heuschling, président de la SLR, a jugé l’article du Quotidien comme «faisant peur» aux patients.

« L’article sème le doute et fait peur à nos patients», a estimé le rhumatologue. Ce dernier appuie son jugement sur le fait que «le langage dans cet article n’est pas scientifique, mais plutôt de type idéologique, (car) on emploie les termes de « risque », de « dangerosité », « coûteux », en citant même le nombre de remboursements de l’année 2015».

Atteintes articulaires inflammatoires limitées

Par ailleurs, le Dr Claude Heuschling est d’avis que «les représentants de la CNS s’acharnent à citer les quelques références exprimant un avis négatif sur les injections d’acide hyaluronique, et parlent d’experts étrangers sans préciser leur nom ni leur provenance exacte». De plus, le médecin spécialiste pointe du doigt le fait que l’article du Quotidien «fait référence à la HAS (Haute Autorité de santé); en effet, en 2013, la commission nationale d’Évaluation des dispositifs médicaux avait rendu un avis défavorable au maintien du remboursement de ces dispositifs médicaux à base d’acide hyaluronique, indiqués dans l’arthrose du genou. Or, à la suite d’un conflit d’intérêt d’ordre familial du président de la commission nationale d’Évaluation des dispositifs médicaux, le collège de la HAS a alors décidé de retirer cet avis du site internet de la HAS.»

D’autre part, le Dr Claude Heuschling donne sa propre interprétation de l’hypothétique «dangerosité» des injections. «En ce qui concerne leur dangerosité, les atteintes articulaires inflammatoires sont limitées et ne laissent aucune séquelle, le risque d’arthrite septique reste excessivement faible (lire ci-dessus) et plus faible qu’en cas d’injections de corticoïdes», indique le Dr Claude Heuschling, avant de préciser son avis.

Arthrose : possibilités de thérapie très limitées

«Par contre, il faut confronter la rareté des effets secondaires des injections d’acide hyaluronique à ceux des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), qui causent 16 500 décès par an, de par leur seules complications gastro-intestinales, le risque de décès de 1/1 220 en cas de traitement continu de 2 mois par un « AINS ». Les inhibiteurs de COX-2 ont diminué, mais n’ont pas fait totalement disparaître le risque digestif», souligne le médecin spécialiste. Concernant le déremboursement des injections d’acide hyaluronique, le rhumatologue estime que celui-ci «risque de conduire à la prescription d’autres traitements nettement « plus dangereux ».»

De plus, le Dr Claude Heuschling estime qu’«il est très regrettable que le comité scientifique, actif depuis plusieurs années, n’ait pas été saisi pour évaluer ces produits et leur indication». Enfin, le médecin spécialiste est d’avis que «les possibilités thérapeutiques de l’arthrose restent très limitées et (qu’)il est absolument nécessaire d’intensifier et de stimuler la recherche dans le domaine de l’arthrose, afin de pouvoir améliorer le sort de nombreux de nos patients».

Claude Damiani

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