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Bissen : Google a joué avec le feu


Le bourgmestre Jos Schummer a tout fait pour convaincre les élus de Bissen d'ouvrir une nouvelle porte à Google. Finalement, le projet a été sauvé de justesse. (Photo LQ / Isabella Finzi)

Le conseil communal de Bissen a validé jeudi soir, d’une courte majorité (quatre pour, deux contre et cinq abstentions), le reclassement du terrain sur lequel un centre de données de Google doit être construit. Le manque de transparence a toutefois failli condamner le projet.

« Quoi ? C’est fini ? Tout ça pour ça ? » Dépitée, une habitante de Bissen a du mal à croire que le conseil communal vient d’accorder son feu vert au reclassement des terrains censés accueillir un centre de données de Google. « Ce sont des politiciens. Ils n’ont pas de courage », ajoute un autre habitant. Un bref moment, la confiance avait cependant gagné l’esprit des opposants au projet, qui avaient pris possession de la petite salle du conseil.

Avec Cindy Barros Dinis-Seyler et Christian Hoscheid, deux des six élus de la majorité – formée par le CSV – avaient en effet annoncé, sous les applaudissements, leur intention de voter contre le reclassement du terrain. Un peu plus tôt, les cinq élus du parti local, Är Leit, avaient eux fait part de leur décision de s’abstenir. À ce moment, le projet Google ne tenait plus qu’à un fil, d’autant plus que la troisième conseillère du CSV, Joëlle Fagny-Kraus, avait qualifié d’ « injuste » le fait que le géant américain n’ait pas souhaité avancer plus de détails sur son projet. Mais elle a fini par rejoindre le bourgmestre Jos Schummer et ses deux échevins, Frank Clement et Carlo Mulbach, pour valider la modification ponctuelle du plan d’aménagement général (PAG). La zone rurale du Busbierg est donc depuis hier soir une zone spéciale « data center ».

« Il s’agit d’une simple modification du PAG et de rien d’autre », avait d’emblée tenu à préciser le bourgmestre. « D’habitude, on modifie des parties du PAG sans savoir ce qui va être réalisé sur le terrain en question », ajoute-t-il. Comme dans toutes les communes du pays, ces modifications ponctuelles sont en effet monnaie courante. Avec Google en toile de fond, les choses se sont cependant compliquées dès le départ. En quelque sorte, les « nains » de la commune de Bissen, qui compte quelque 3 000 habitants, pouvaient décider du sort réservé à la multinationale américaine, qui emploie plus de 98 000 personnes.

Parmi le peu de détails connus sur le projet luxembourgeois figure le chiffre de 300 postes qui doivent être créés. Cette information émane du bourgmestre Jos Schummer. Aussi bien le collège échevinal que les conseillers ont eu l’occasion d’échanger avec des émissaires de Google.

«Rien ne nous dit que Google va venir»

« Je leur ai posé plein de questions, mais je n’ai reçu aucune réponse, fustige Christian Hoscheid. Une entreprise si hautement cotée devrait être en mesure de présenter des animations détaillées de ce qu’elle compte réaliser. Mais on préfère jouer la montre. » « Je sais que les détails demandés vont finir par arriver, mais on aurait dès maintenant eu besoin de plus d’informations », complète Cindy Barros Dinis-Seyler.

Dans les rangs d’Är Leit, on dénonce la passivité du gouvernement. « Le projet nous a été imposé. C’est donc à nous de revendiquer des compensations financières pour que la qualité de vie soit maintenue et même améliorée, insiste David Viaggi. Or on n’a pas obtenu de signal concret. »

Les explications du bourgmestre Jos Schummer n’ont pas réussi à renverser la vapeur. « Je ne peux pas donner plus de détails, tout simplement parce que je ne connais pas plus d’éléments. Rien ne nous dit d’ailleurs aujourd’hui que Google va vraiment venir », explique-t-il. « En tout cas, ce vote n’équivaut pas à un chèque en blanc que l’on donne à Google ou même au gouvernement », ajoute l’échevin Carlo Mulbach.

Selon Jos Schummer, « le travail gigantesque » que représenterait l’installation du géant du numérique ne fera que commencer avec la présentation des plans détaillés. Le projet de Google va être analysé en détail dans le cadre du plan d’aménagement particulier (PAP). Il est déjà acquis que la « ligne verte » autour du site sera maintenue. Des mesures antibruit et des dispositions pour l’éclairage du site sont également déjà arrêtées. La principale pomme de discorde restera cependant la consommation en électricité et en eau. Des chiffres énormes sont mis en avant. Google a tout intérêt à relancer rapidement sa machine de recherche pour disperser toutes les inquiétudes concernant son arrivée au Luxembourg.

David Marques

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