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Cattenom : le Luxembourg prêt à payer pour faire fermer la centrale


L'avenir de la centrale de Cattenom reste un sujet d'achoppement majeur des relations bilatérales entre le Luxembourg et la France. (photo JC Ernst)

Décidé à obtenir la fermeture de la centrale de Cattenom, le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel a indiqué ce lundi à son homologue français Manuel Valls que le Luxembourg était prêt à y financer un projet alternatif, si la France choisissait de fermer le site nucléaire.

Fini les arguments liés à la sécurité, le Grand-Duché a décidé d’essayer de convaincre la France par le porte-monnaie. Aux côtés de Manuel Valls en conférence de presse ce lundi soir à Luxembourg, comme avec François Hollande un an plus tôt, Xavier Bettel a d’abord réaffirmé les craintes du Grand-Duché : « Cattenom est un site qui nous fait peur. Les échanges d’information (ndlr : sur la sécurité de la centrale) fonctionnent aujourd’hui. Mais notre plus grand souhait serait que Cattenom ferme, car en cas de problème majeur là-bas, le Grand-Duché serait rayé de la carte. »

Puis le Premier ministre luxembourgeois d’annoncer : « Si Cattenom devait être évoqué parmi les sites nucléaires concernés par une prochaine fermeture en France, le Luxembourg serait prêt à s’engager financièrement pour réaliser un autre projet commun à Cattenom, dédié par exemple aux énergies renouvelables, en lien avec les autres partenaires de la Grande Région. La fermeture de Cattenom est un choix souverain qui appartient à la France, mais si cette participation peut aider la France dans ses choix… »

« Le message est passé »

« Le message est passé », a aussitôt embrayé le Premier ministre français, sans autre commentaire sur cette proposition. Manuel Valls a simplement affirmé être soucieux des échanges d’informations et des garanties de sécurité apportées au Luxembourg, tout en rappelant l’objectif français de « réduire la part du nucléaire dans la production électrique d’ici à l’horizon 2023 de 75 à 50% ». À l’heure actuelle, c’est surtout la question de la fermeture de Fessenheim, située près de la frontière franco-allemande, qui est en débat en France.

Lire aussi : Lanceurs d’alerte « LuxLeaks » : Valls pas vraiment solidaire à Luxembourg

 

Désormais lesté d’un petit chèque, le lobbying luxembourgeois finira-t-il par payer ? Rien n’est moins sûr, car les autorités nucléaires françaises ont récemment annoncé de nouveaux investissements visant à permettre à Cattenom de fêter son 40e anniversaire en 2026. Voire 2036, puisque la ministre française de l’Environnement, Ségolène Royal, souhaite allonger de 40 à 50 ans la durée de vie des centrales en France.

Sylvain Amiotte

Relations bilatérales : « du concret » à l’automne

Une commission intergouvernementale réunira les exécutifs luxembourgeois et français à l’automne, pour aborder les sujets de coopération bilatérale et notamment les dossiers transfrontaliers (condition des frontaliers, Alzette/Belval, desserte ferroviaire et routière…).

« On en attend vraiment des avancées concrètes », a souligné Xavier Bettel à propos de ce nouveau rendez-vous.

Et Manuel Valls de renchérir : « J’ai dit à Xavier Bettel que la France doit prendre davantage compte de sa situation bilatérale avec le Luxembourg. (…) Cette commission intergouvernementale s’intéressera à des situations très pratiques. Nous envisageons d’ailleurs de la présider tous les deux à l’automne, afin de lui donner plus de poids. » Dont acte.

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