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Charles Goerens sur la Grèce : «Bras de fer? Non, bras d’honneur!»


L'eurodéputé Charles Goerens ne mâche pas ses mots à l'égard de la Grèce. (photo Hervé Montaigu)

Charles Goerens conçoit que les Grecs se retrouvent dans une position peu enviable. Pour autant, le Luxembourgeois ne trouve rien qui puisse justifier leur attitude. L’eurodéputé libéral ne comprend pas comment les Grecs ont pu rompre les négociations alors que ses créanciers s’étaient montrés très généreux. Il rappelle que d’autres pays ont consenti des sacrifices pour rétablir leurs finances publiques.

« Je ne trouve aucun argument grec pouvant justifier la rupture des négociations», lâche Charles Goerens qui s’est exprimé lundi matin sur le dossier brûlant du dernier rebondissement du gouvernement d’Alexis Tsipras. Et pour l’eurodéputé libéral, il s’agit pas d’un «bras de fer» mais d’un véritable «bras d’honneur» que les Grecs ont adressé aux institutions.

Charles Goerens reconnaît qu’il ne voudrait pas être à la place des Grecs qui ont déjà consenti à de gros sacrifices et «il n’est nul besoin d’être Syriza pour reconnaître que leurs conditions sont invivables», admet le député européen. Mais cela étant dit, il martèle que la Grèce «a besoin d’un plan de redressement».

Les perspectives offertes par ses créanciers «étaient généreuses», selon lui en soulignant dans la foulée que des pays comme la Slovaquie ou la Slovénie étaient encore prêts à prêter de l’argent malgré tout aux Grecs avant que ces derniers ne rompent les négociations samedi avec l’annonce d’un référendum. Aujourd’hui, ces pays s’interrogent et affichent leur exaspération.

L’UE ne reverra jamais un sou…

«Le programme de 30 milliards d’investissement n’est quand-même pas une insulte au peuple grec, loin de là!», estime Charles Goerens en rappelant que la zone euro est aujourd’hui mieux équipée qu’il y a cinq ans pour garantir sa cohésion. Il cite bien sûr le Mécanisme européen de stabilité, le MES qui demeure un instrument de solidarité financière permanent pouvant intervenir sur les marchés et voler au secours d’un État membre de la zone euro menacé de faillite.

«Il s’agit d’une force de frappe de 700 milliards d’euros et s’il n’avait pas existé on ne parlerait pas seulement de la Grèce aujourd’hui mais de l’Irlande et du Portugal», rappelle-t-il.

L’Irlande et le Portugal confrontés à de graves problèmes ont eux aussi consenti des sacrifices quasi équivalents à ceux de la Grèce et sont parvenus à redresser leurs comptes publics. Au bout de trois ans, ils n’ont plus eu besoin de la solidarité financière du MES et sont même parvenus à rembourser par anticipation le Fonds monétaire international (FMI).

Le même scénario s’est produit pour Chypre ou encore l’Espagne qui a entrepris des réformes d’envergure. «Si l’on parle aujourd’hui de restructuration de la dette grecque, alors le Portugal, l’Irlande et l’Espagne pourront demander le même traitement», conçoit justement Charles Goerens.

L’eurodéputé n’évoque pas seulement le MES comme instrument mais encore l’Union bancaire qui à ses yeux est un autre instrument de stabilisation de la zone euro. Il revient sur le rapport des cinq présidents des institutions communautaires (celui du Conseil, de l’Eurogroupe, de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du Parlement européen) qui proposent de mettre en place un contrôle démocratique et de créer d’ici à 2025 un Trésor européen.

« Normalement, le FMI ne peut pas prêter à des États incapables de rembourser »

Comme il s’en est déjà plaint auparavant, Charles Goerens regrette que le Parlement européen ni les Parlements nationaux n’aient été consultés quant à la mise en place du Mécanisme européen de stabilité, ce qui constitue un «déficit démocratique flagrant, mais ce n’est pas nouveau», dit-il avant de souhaiter que ce déficit soit résolu. C’est ce que préconise le rapport des cinq présidents.

Quant au rôle du FMI dans les négociations avec la Grèce, il rappelle que c’est l’Allemagne qui a insisté pour l’intégrer tout comme il se plaît à souligner que «normalement, le FMI ne peut pas prêter à des États incapables de rembourser».

Pour conclure sur ce sujet, estimera enfin que «si le FMI sera remboursé, les États membres, eux, ne reverront jamais un sou prêté à la Grèce»…

Geneviève Montaigu

 

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