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Claude Meisch : « La rentrée de la confiance »


"Dès cette rentrée, nous affecterons 70 enseignants spécialisés dans les écoles fondamentales pour s'occuper des enfants à besoins spécifiques", assure le ministre Claude Meisch. (photo Fabrizio Pizzolante)

Le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, estime que cette rentrée scolaire sera placée sous le signe de la confiance entre son ministère et les agents du terrain.

Les vacances scolaires arrivent tout doucement à leur terme… Appréhendez-vous cette rentrée, comme certains élèves qui sont déjà tendus, ou au contraire l’abordez-vous de manière décontractée ?

Claude Meisch : Je ne me sens pas du tout stressé. Comme la plupart de nos directions et de nos enseignants, nous allons affronter les nouveaux défis qui se présentent à nous après un repos bien mérité. Cela étant, cette rentrée a été très bien préparée, bien qu’elle soit quand même différente des précédentes. En effet, il y a toute une série de réformes qui entreront en vigueur et ce, après des années de discussions quant à leur bien-fondé. Ceci dit, je répète que tout a été très bien préparé et, de ce fait, le ministre que je suis n’a pas besoin d’être stressé. Tout comme l’ensemble de mon ministère, qui est très serein.

L’une des grandes nouveautés de cette rentrée 2017/2018 sera la suppression des cours de religion au fondamental et l’introduction du cours « vie et société ». Comment voyez-vous cette transition ?

J’ai constaté que beaucoup de titulaires de classe avaient suivi la formation spécifique pour ce cours et décidé de saisir cette opportunité unique de le donner à leurs élèves. Car ce ne sont pas uniquement les anciens enseignants de religion « reconvertis » qui donneront ces cours. Les titulaires de classe ont entrepris cette démarche afin, peut-être, de mieux cerner la personnalité de leurs élèves. Ainsi, ils aspirent à voir leurs élèves d’une autre manière et à les assister selon une autre approche que celle adoptée, par exemple, pour un cours de mathématiques ou de langues. Cela est une très bonne chose.

Les autres acteurs qui donneront ces cours (enseignants remplaçants et chargés de cours) ont suivi une formation et pris connaissance des manuels scolaires qui ont été élaborés par une commission de programme scolaire qui a spécialement été créée à cet effet. Le cours « vie et société » sera, comme tous les autres, évalué et adapté. Pour moi, le plus important est qu’à partir de cette rentrée tous les élèves discutent ensemble des questions de société, de la vie, des religions et des approches philosophiques.

Cela est primordial pour moi, dans un pays si hétérogène que le nôtre. J’y tiens, car j’estime qu’il ne faut pas diviser les enfants selon leurs croyances – ou celles de leurs parents – et ce, afin de créer ce respect mutuel qui permettra à la société luxembourgeoise, tellement hétérogène, de fonctionner à l’avenir.

Alors, doit-on évoquer une révolution de velours ou une révolution tout court ?

Oui, il s’agira, en quelque sorte, d’une vraie révolution. En effet, si l’on se penche sur le contexte historique du Grand-Duché, qui a connu une multiplication de querelles durant 150 ans, notamment sur la position de l’Église catholique au sein de l’école publique, on peut véritablement évoquer une révolution. Avec ce pas en avant qui sera acté dès vendredi, l’Église ne sera plus présente dans nos écoles. Ceci dit, les sujets religieux ne disparaîtront pas pour autant, car ils seront également abordés dans le cadre du cours de vie et société. J’estime qu’il s’agit, là, de la suite logique de l’évolution de notre société, ainsi que, de manière plus générale, de l’évolution de l’approche des gens par rapport aux cultes et vis-à-vis de la diversité de notre société.

L’une des grandes réformes qui seront à mettre en musique sur le terrain est celle relative à l’éducation différenciée. Où en est-on avec la mise en place d’un centre de compétences pour la prise en charge des élèves concernés par la dyslexie, la dysphasie et la dyscalculie, ce qu’on appelle la problématique des « dys » ? Une question qui, par ailleurs, tient particulièrement à cœur à la Grande-Duchesse Maria Teresa…

Cette réforme se fera en plusieurs étapes. Dès cette rentrée, nous affecterons 70 enseignants spécialisés dans les écoles fondamentales pour s’occuper des enfants à besoins spécifiques. Jusqu’à présent, les écoles ne disposaient pas des ressources nécessaires pour prendre cette problématique en charge. En effet, elles devaient, jusqu’à cette rentrée de vendredi, s’adresser à une équipe multiprofessionnelle afin d’obtenir, ponctuellement, ce type de ressources.

Ce temps est désormais révolu et nous nous dirigeons vers la création d’une plus-value de compétences, en matière d’inclusion sociale. D’un autre côté, il est prévu de renforcer cette équipe multiprofessionnelle, au niveau régional, avec la réforme des directions régionales. De plus, dans le cadre de cette réforme, la gestion de ces équipes tombera sous la compétence des directeurs régionaux.

Par ailleurs, nous sommes en train de recruter 40 personnes supplémentaires – des psychologues, des pédagogues, des éducateurs gradués – pour la fin de l’année 2017, en vue de renforcer cette équipe multiprofessionnelle. Je rappelle également qu’un projet de loi, récemment adopté par le Conseil de gouvernement, vise à créer des centres de compétences. J’espère que la loi sera votée avant les prochaines élections. Cela étant, je tiens à souligner qu’il existe déjà des centres de compétences, mais notre futur défi sera d’harmoniser leur fonctionnement, en réseau, en plus des trois nouveaux centres de compétences qui seront créés. Nous sommes d’ailleurs actuellement à la recherche de locaux pour remplir cette mission. L’un de ces trois nouveaux centres sera dédié à la problématique des « dys », car il y a un véritable manque d’encadrement à ce sujet. En effet, certains parents d’élèves ont dû se tourner vers l’étranger pour pouvoir placer leurs enfants. D’autre part, certains d’entre eux ont très souvent dû payer pour pouvoir disposer d’une telle aide. Ce premier centre de compétences pourrait ouvrir ses portes au début de l’année 2018, tandis que des responsables ont déjà été désignés pour les deux autres centres qui pourraient voir le jour autour de la rentrée scolaire 2018/2019.

Au niveau du dialogue social, vous attendez-vous à une année scolaire au cours de laquelle vous serez régulièrement pris à partie par les syndicats ?

Je pense que nous avons eu de très bons échanges dernièrement et que la majorité des grandes réformes, bien qu’elles ne se fassent pas dans un consensus absolu, sont le fruit d’un dialogue social permanent et de réguliers compromis. Certaines réformes ont d’ailleurs été actées à la suite d’accords conclus avec les différents syndicats d’enseignants.

D’un autre côté, il est clair que les syndicats ont leurs propres missions à remplir et je les encourage réellement à défendre les conditions de travail de leurs membres. Par ailleurs, leurs missions incluent des prises de position sur des questions d’ordre général en matière de politiques d’éducation… et c’est leur bon droit! Ceci dit, je dirais que cette rentrée 2017/18 peut facilement être placée sous le signe de la confiance entre ministère et agents du terrain, qu’ils soient enseignants, éducateurs ou autres. Il y a une répartition des tâches qui est véritablement basée sur la confiance. Le ministère définit les orientations politiques, tandis que les agents du terrain les appliquent dans leurs établissements respectifs. Cet élément de confiance sera donc au cœur de cette rentrée.

Entretien avec Claude Damiani

A lire en intégralité dans Le Quotidien papier du lundi 11 septembre

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