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Contact Esch : un « office social pour toxicomanes »


La nouvelle salle de consommation de drogues supervisée se situe à l'intérieur de la structure bleue, installée à l'arrière de la maison n°130 de la rue de Luxembourg. Six places sont à la disposition des toxicomanes. (Photo LQ/Alain Rischard)

Le Contact Esch va ouvrir ses portes la semaine prochaine. Dans un premier temps, seul le volet social de l’infrastructure sera accessible. La salle de consommation de drogues supervisée sera lancée en septembre.

« Il existe des centaines de raisons pour qu’une personne finisse dans la rue. Il en va de même pour les raisons qui l’amènent à venir nous voir. Mais cela ne constitue aucune raison pour ne pas continuer à le considérer comme un être humain.» Jean-Nico Pierre, directeur de la fondation Jugend- an Drogenhëllef, résume en quelques mots en quoi va consister la mission du Contact Esch.

Après Luxembourg, Esch-sur-Alzette sera la deuxième ville du pays à être doté d’une salle de consommation de drogue supervisée. Communément, on parle de « Fixerstuff » pour désigner ce genre de centre. « Pour moi, c’est bien plus qu’un office social pour toxicomanes », souligne Jean-Nico Pierre, dont la fondation assumera la gestion des nouvelles installations, officiellement inaugurées, hier.

La structure eschoise ne va en effet pas se limiter à la salle de consommation de drogues supervisée. Des assistants sociaux vont encadrer les toxicomanes. Ils auront aussi la possibilité de prendre un repas ou, tout simplement, un café. Une infirmerie et des vestiaires complètent l’offre sociale de l’infrastructure. Seul le logement n’est pas assuré. « Il est bien de séparer les deux. Certains ont un logement. Notre objectif sera de les aider à ne pas le perdre, de gérer au mieux leur argent. Les sans-abri peuvent se rendre à Abrisud », détaille Martina Kap, responsable de la gestion des contacts à la fondation.

Le Contact Esch est situé dans la rue de Luxembourg, entre le supermarché Cactus et la Kulturfabrik. « L’emplacement est acceptable. L’État est peu doté en possibilités, les communes aussi. Après de longues tractations, la commune d’Esch nous a mis à disposition cette maison. On est surtout content de pouvoir se lancer », résume Jean-Nico Pierre.

Plus de 20 ans de discussions

Et pour cause. Les premiers pourparlers pour installer une « Fixerstuff » à Esch-sur-Alzette remontent à 1998. « Il a fallu trois bourgmestres et quatre ministres pour mener le projet à bien. Cela démontre la complexité qu’il y a à réaliser une telle infrastructure », note le ministre de la Santé, Étienne Schneider. « Beaucoup de gens et de communes sont conscients du besoin de tels projets, mais ils plaident pour l’installer partout sauf dans leurs alentours », ajoute le vice-Premier ministre.

Afin de réduire les nuisances, des dispositifs particuliers seront mis en place. En premier lieu, Étienne Schneider a été soulagé de pouvoir inaugurer ce « refuge » pour des gens qui « comptent parmi les plus vulnérables de notre société. C’est notre foutu devoir de les soutenir. »

Le besoin de disposer d’une infrastructure supplémentaire pour aider au mieux les toxicomanes n’est plus à remettre en question. Les chiffres présentés hier par le Dr Alain Origer, coordinateur national drogues du ministère de la Santé, le démontrent. «Un tiers des personnes qui se présentent à Luxembourg viennent de la région Sud. Chacun ne se rend pas dans une salle de consommation supervisée. Il nous faut donc un concept global», indique-t-il.

Des premiers succès seraient d’ailleurs à enregistrer. À Luxembourg, environ 600 000 consommations supervisées sont enregistrés tous les ans. Jusqu’à 3 millions de seringues propres sont fournies. « En 2007, on comptait encore 27 décès liés à une intoxication de drogues. L’année dernière, ce sont quatre toxicomanes qui sont morts », constate Alain Origer.

Malgré toutes ces avancées, deux structures du type « Fixerstuff » ne sont pas suffisantes. « On a besoin d’un réseau plus large », clame Jean-Nico Pierre. « Je serais content que d’autres communes prennent aussi leurs responsabilités », rétorque le ministre de la Santé.

Rendez-vous dans 20 ans ?

David Marques

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