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[Débat] Diversité en entreprise : des effets qui restent difficiles à mesurer


L'angle abordé lors de la conférence-débat a été la différence de nationalité des salariés au sein des entreprises. (photo Fabrizio Pizzolante)

À l’échelle du pays, on observe globalement un lien entre la diversité et la croissance, les effets de la diversité sur le lieu de travail restant parfois ambigus. Force ou faiblesse, cette diversité est difficile à mesurer. Le sujet a été au cœur du septième café-débat organisé par le Liser, mardi au Ratelach de la Kulturfabrik.

Le thème pourrait être considéré comme presque inutile dans un pays comme le Luxembourg, qui a un modèle économique ouvert et une longue histoire d’accueil en matière de main-d’œuvre étrangère. Actuellement 73% de la main-d’œuvre est issue du travail frontalier ou de l’immigration. Pourtant, la question de la diversité au sein des entreprises reste présente, notamment pour les chercheurs.

La diversité est avant toute chose un concept très large, qui va des différentes nationalités au sein d’un groupe de personnes à la différence de genre, de couleur, de culture, de langue, de religion, d’âge…

Parfois négative

L’angle abordé lors de la conférence-débat a été la différence de nationalité des salariés au sein des entreprises. Le Dr Vincent Dautel, chercheur au Liser, a d’ailleurs travaillé sur le sujet, notamment pour savoir «s’il y a un lien entre la nationalité et la diversité, et donc si certains groupes favorisent la diversité ou non», a-t-il expliqué. «On a constaté que les entreprises où la diversité est la plus grande sont les entreprises où il y a une majorité de Luxembourgeois. C’est très différent de ce qui se passe dans les autres pays, où les immigrés ont tendance à se regrouper entre eux», a expliqué le chercheur.

Pour expliquer ce phénomène, Vincent Dautel pense que la maîtrise de plusieurs langues par un Luxembourgeois lui permet d’échanger et de travailler facilement avec un francophone, belge ou français, mais également avec un allemand, et sans doute avec d’autres nationalités lorsque la langue de travail est l’anglais. «Il faut également prendre en compte un autre effet, celui qu’un Luxembourgeois a souvent une origine étrangère, par exemple portugaise ou italienne, ce qui favorise également cette facilité à la diversité», a-t-il ajouté.

D’un autre côté, la diversité peut également avoir des effets négatifs au sein des entreprises. «Contrairement à certains courants de pensée mettant en avant l’effet positif de la diversité, comme l’égalité des chances, on n’a pas analysé que la diversité pouvait avoir des effets économiques négatifs et baisser la satisfaction au travail et augmenter la volonté de quitter l’entreprise», a souligné la Dr Thi Thuc Uyen Nguyen, chercheuse au Liser.

Tirer profit des aspects positifs

En effet, la diversité peut également être à la base de tensions au sein de l’entreprise. «On pourrait dire que la pluralité d’opinions et d’idées qu’est la diversité pourrait créer des conflits. Des conflits d’intérêts, des conflits de valeur, des conflits de perception ou, tout simplement, des problèmes de communication en lien avec les différences linguistiques. Tout ceci peut alors amener à une baisse de la satisfaction des salariés, à une baisse de la motivation et, par conséquent, à une baisse de la productivité et, donc, de la performance de l’entreprise», a expliqué plus longuement la chercheuse du Liser.

Difficile, donc, de prôner la diversité comme une force à toute épreuve pour une entreprise. Tout comme il est tout aussi complexe d’étudier et d’analyser les raisons de la diversité au Luxembourg tant les individus et leurs parcours mais également les entreprises et leur gestion du personnel sont parfois très différents les uns des autres.

Par contre, les chances de tirer profit des côtés positifs de la diversité en entreprise sont plus importantes dès lors que les entreprises prennent conscience de l’importance de mettre en place des processus et des mesures pour justement aller dans ce sens. C’est d’ailleurs ce que tente de faire IMS Luxembourg et sa «charte de la diversité». Être signataire de cette charte, qui n’est pas qu’un simple document, permet d’avoir accès à des outils afin de mettre en place de bonnes pratiques au sein de l’entreprise.

Jeremy Zabatta

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