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Esch : Le changement c’est maintenant?


Au restaurant Moustache, où le CSV Esch a pris place dimanche soir, on a sorti le champagne et les gros cigares. (photo Isabella Finzi)

Les chrétiens-sociaux remportent les élections à Esch, quel séisme! Le renouveau contre le pouvoir usé, l’exploitation de terrains politiques mal occupés.

En misant sur la défense du centre-ville et de la qualité de vie, le CSV triomphe dans ces élections. Reste à savoir s’il arrivera à mener une coalition.

Georges Mischo avait lancé sa campagne avec un message clair : «Nous sommes prêts pour gouverner Esch, nous n’avons jamais été aussi préparés.» Voilà c’est fait : le CSV remporte les communales eschoises avec 30,87 % des voix, trois points devant le LSAP. Un score sans appel, malgré des chiffres serrés, qui ressemble plutôt à un 3-0 quand on connaît l’implantation historique du LSAP à Esch. Reste à négocier avec les verts et le DP… Dès hier soir, Georges Mischo se frottait les mains : «Évidemment que l’on va proposer une coalition. Vert, noir et bleu, pourquoi ça ne marcherait pas?»

On n’en est pas là, mais plutôt à l’analyse d’un tel renversement. Qu’est-ce qui a fait la différence, à chaud? «C’est la troisième fois que je mène une campagne pour le CSV à Esch, explique Christian Weis. Je crois que nous avons compris les électeurs : manque d’attractivité du centre, stationnement, disproportion de la politique sociale… Nous avons occupé ce terrain avec un vrai programme.» Et de citer des exemples concrets : «Regardez la rénovation de la place du Brill qui a coûté des millions et sur laquelle plus personne ne se promène… c’est typique des manquements du LSAP. Une rue plus loin on se promène devant des vitrines vides, et on croit que les habitants vont avaler la pilule!»

L’autre point fort mis en avant est le rajeunissement de l’équipe. «On a osé de vrais changements, glisse Georges Mischo, la tête de liste qui écrase le scrutin avec ses 4 498 voix. À la suite de l’image déplorable laissée après 1999 (NDLR : le CSV remporte le scrutin mais ne parvient pas à s’entendre en interne sur la coalition), nous avions perdu toute crédibilité. Nous avons fait la place aux jeunes, contre l’avis même de certains cadres du CSV. On nous a dit : « Pourquoi vous mettez tant de nobody? » La réponse est là : parce qu’ils sont profondément eschois.»

«Nous avons parlé des sujets de fond»

Le choix du cœur, de la jeunesse, d’une certaine hauteur de vue dans le débat aussi. «Après le débat contre Vera Spautz sur RTL, certains m’ont dit : « tu aurais pu l’écraser sur tel dossier! » Mais mon but ça n’était pas de régler des comptes politiques. L’électeur l’a senti : nous avons parlé des sujets de fond.»

Parmi ces sujets, l’un a clairement fait effet : le trop de place accordé à la politique sociale à Esch. «Nos villes voisines ne raisonnent pas comme ça, note Christian Weis, lui-même travailleur social. Pourquoi tant d’Eschois vont vivre à Schifflange, Mondercange ou même plus loin? Parce qu’ils y trouvent un environnement épanouissant pour leur famille.»

Alors quoi? La victoire vient d’un renouveau interne au CSV, indéniablement, autant que des fautes directes (comme on dit au tennis) commises par le LSAP. Les socialistes ont laissé des boulevards à leur adversaire sur des questions aussi basiques que le stationnement, la liaison entre les quartiers et les nouvelles fêtes populaires. Esch, la ville du bon Dr Welter, profondément socialiste, tombe ainsi. Le peuple a parlé. Reste à savoir quels seront (ou pas) les arrangements politiciens pour tenter un ultime barrage au CSV.

Hubert Gamelon

Coalition : les verts au centre du jeu

Alors que tout le monde attendait déi Lénk au plus haut, éjectant littéralement déi gréng, c’est tout l’inverse qui s’est passé. Les verts gagnent même une place au conseil : les voici au centre du jeu. Balèze!

Déi Gréng réalisent le coup du siècle. Torpillés par déi Lénk durant la campagne («qui veut voter écologiste, vote la gauche»), snobés par le LSAP malgré une coalition vieille de 15 ans (Vera Spautz, lors d’un débat, refuse de dire si elle veut repartir avec les verts), les voilà au centre du jeu. «Non, les gagnants ce sont ceux qui ont les gros points», lâche Martin Kox, la tête de liste. Comme si le CSV et le LSAP allaient s’entendre pour faire une coalition.

Trois postes qui valent de l’or

En réalité, la chose est claire : les trois postes de déi gréng valent de l’or. «Nous serons ouverts à toutes les discussions, assure Martin Kox. Ce n’est pas à nous de faire les démarches : les gagnants choisissent. En revanche, si coalition il y a, nous espérons bien peser de tout notre poids.» Au feeling, on a eu l’impression que Martin Kox penchait plutôt en faveur d’un nouveau ticket LSAP-déi gréng. À propos de l’impair de Vera Spautz, il dit : «Sur le coup, ça nous a blessés. Nous n’avons pas cessé de répéter que la coalition avait bien marché et elle, elle répond « ni oui ni non » quant à la possibilité de repartir ensemble. Mais ma conviction est qu’il n’y avait pas de mauvaise intention derrière.» Plutôt une façon maladroite de dire que l’heure n’était pas aux arrangements.

Quoi qu’il en soit, Martin Kox laisse le suspense intact pour une simple raison : «Ce sont nos militants qui choisiront.» L’opération de ringardisation ratée par déi Lénk sur le plan écologique est en revanche savourée sans complexe : «Les électeurs ne sont pas tombés dans le piège, ils savent que nous sommes une équipe, ils connaissent nos convictions.»

H.G.

Un commentaire

  1. je l’espère de tout coeur, pire que ce qu’il y avait à la pointe de Esch, il n’y a pas, donc soyons positifs et espérons en un réel changement.

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