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Le Luxembourg, champion des dépenses de protection sociale


Le Luxembourg est le pays européen accordant la plus grande part de dépenses à la protection sociale. (photo Fabrizio Pizzolante)

Le Luxembourg est le pays de l’Union qui consacre la plus grande partie de sa dépense publique à la protection sociale. Une situation inquiétante à long terme.

Passé un peu inaperçu en début de semaine, Eurostat a publié les dépenses des administrations publiques des pays de l’Union européenne en 2014. Le Luxembourg est le pays accordant le plus de moyens à la «protection sociale».

Les chiffres de l’organisme de statistiques européen montrent que les administrations publiques ont dépensé 6 701 milliards d’euros au sein de l’Union européenne, ce qui représente 48,1 % du PIB de l’Union. Une tendance à la baisse, puisque l’année précédente, les États membres avaient dépensé à hauteur de 48,6 % du PIB. La zone euro, elle, s’est montrée plus dépensière avec 49 % en 2014, même si elle a tenté de réduire la voilure par rapport à l’ensemble des pays de l’Union, avec une baisse de 0,4 % par rapport à 2013.

La protection sociale, première dépense

Si l’on décortique les dépenses de l’administration, la part consacrée à la «protection sociale» est de loin la plus importante au sein de l’Union européenne. Ainsi, la sécurité sociale, au sens large du terme, a représenté 40,2 % du total des dépenses des administrations publiques, suivi de la «santé», comptant pour 14,8 %, les «services généraux des administrations publiques» tels que les affaires étrangères et les opérations concernant la dette publique (14,1 %), «l’enseignement» (10,3 %) et «affaires économiques» (8,8 %).

Véritable poids pour l’ensemble des États membres, la protection sociale représente au minimum 28,6 % (à Chypre) et au maximum 44,4 % au Luxembourg. Eurostat explique que le poste «protection sociale» peut être subdivisé en neuf sous-catégories, entre autres : le chômage, la famille et enfants, les survivants, la maladie, l’invalidité et la vieillesse. Cette dernière sous-catégorie représente un peu plus d’un quart du budget (25,8 %) consacré à la «protection sociale». Contrairement aux a priori, le chômage n’équivaut qu’à 3,3 %, soit l’un des plus faibles postes. Au vu de ces chiffres, il serait tentant de les interpréter comme une bonne nouvelle : pour les résidents luxembourgeois, vivre dans le pays européen consacrant la plus large part de ses dépenses publiques à la «protection sociale» de ses citoyens serait une chance.

La vieillesse pèse sur le Luxembourg

Mais à y regarder de plus près, cela montre que le pays est en train de faire face à un problème démographique qui risque d’empirer au fil des années, avec une population de plus en plus vieillissante, représentant un coût toujours plus élevé pour le pays. « Les deux questions à se poser sont de savoir si cela représente un investissement dans l’avenir et si ce modèle est soutenable », explique Michel Edouard Ruben, économiste au sein de la Fondation Idea, avant de continuer : « Il faut avoir un raisonnement plus global et sur du long terme afin de savoir si la situation est bonne ou non. Il va falloir faire face aux inégalités intergénérationnelles et arriver à rapprocher l’âge effectif de la retraite, qui est de 60 ans au Luxembourg, et l’âge légal, qui est de 65 ans. »

Pourtant, la population luxembourgeoise est relativement jeune par rapport au reste des pays de l’Union, mais le problème du vieillissement va se poser dans les années à venir. Ce facteur de société touche plusieurs aspects économiques du pays comme le marché du travail, en lien avec les pensions.

« Le développement du travail frontalier représente également un coût futur à prendre en compte. Aujourd’hui, alors que les frontaliers représentent 45 % de l’emploi «seulement» 25 % des pensions versées le sont à l’étranger, souligne Michel Edouard Ruben. Ce chiffre va sans doute grossir dans les années à venir et c’est autant de prestations à exporter, qui ne seront pas dépensées dans le pays mais qu’il faudra financer. Donc autant penser à ce mur de dépenses des pensions à venir dès à présent.»

Jeremy Zabatta

Un commentaire

  1. Diogene Anders

    Le vieillissement de la population n’est pas un problème en soi pour le financement des pensions. Contrairement à ce que les libéraux de tout poils veulent nous faire croire, les pensions d’aujourd’hui sont financés par les actifs d’aujourd’hui et les pensions de demain seront financés par les actifs de demain. Si jamais, cela devenait un jour financièrement plus serrés, l’on pourrait toujours songé à augmenter les cotisations ou à aller rechercher d’autres sources de recettes. Mais de toute façon, nous sommes encore loin d’être confronté à un problème.

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