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Le mariage séduit de moins en moins


Cette scène du film "Eng nei Zäit" montre un mariage dans le Luxembourg des années 40. La fête n'a pas vraiment changé, mais le couple, beaucoup. (Photo Samsa Film)

Alors que la Saint-Valentin est fêtée ce dimanche par les amoureux luxembourgeois, le Statec révèle qu’ils se marient de moins en moins, préférant un autre mode de vie loin des conventions.

Entre 2000 et 2013, selon le Statec, le taux de mariage a baissé continuellement, tandis que l’âge moyen au premier mariage connaissait une hausse continue.

Selon les résultats du recensement général de la population de 2011, plus de la moitié des personnes âgées de 20 ans et plus étaient mariées (55,1 %). En deuxième position venaient les célibataires (personnes jamais mariées ou pacsées) avec 27,5 %, suivies par les personnes divorcées (8,6 %), les veufs et veuves (7,2 %) et les personnes pacsées (1,6 %).

La part des personnes mariées ou pacsées diminue avec le temps. En comparaison avec les résultats du recensement de 1981, elle a chuté de 13,7 points. A contrario, la part des personnes célibataires et des personnes divorcées a augmenté de respectivement 9,3 et 6,1 points.

Pour Roberto Traversini, le bourgmestre de Differdange, ces chiffres ne sont que le reflet de l’évolution de la société. « Quand on s’aime, c’est mieux de pouvoir se marier, mais au niveau de notre commune, nous avons constaté que les pacs ont augmenté, analyse-t-il. Dans le même temps, les non-Luxembourgeois se marient plus jeunes que les Luxembourgeois, qui font de plus en plus de pacs. »

Du temps et de l’argent

Paradoxe, 2015 aurait été une très bonne année pour les mariages à Differdange. « Nous en avons célébré davantage qu’en 2013 et 2014 », continue-t-il. Il faudra attendre les prochains chiffres du Statec pour savoir si cette tendance se confirme au niveau national.

Les données statistiques sur les partenariats sont encore trop récentes pour être significatives, mais elles montrent une augmentation de la pratique, d’autant plus qu’elle a été ouverte aux couples homosexuels en 2015. Rapide, efficace et intéressant fiscalement, le pacs séduit.

« Organiser un mariage prend du temps. C’est coûteux et nous n’étions pas prêts à le faire, confie Ana, 25 ans, qui a signé le contrat avec son partenaire, Olivier, en septembre dernier. Nous nous sommes installés ensemble à Schifflange. C’était logique de se pacser, mais il ne faut pas le voir comme une décision purement financière. » Car le pacs, sous ses dehors administratifs, peut aussi être un moment romantique. «Nous avons fait la fête, deux fois, continue Ana. Une fois avec nos familles et une fois avec nos amis. Et rien ne nous empêchera de nous marier dans quelques années.»

Nouvelle conception du couple

La tendance actuelle pourrait ainsi s’expliquer par une stagnation des mariages qui sont repoussés de quelques années grâce à l’arrivée du pacs mais aussi aux unions libres, qui concernent 5,4 % de la population âgée de 20 ans et plus. Au Luxembourg, les unions consensuelles sont plus fréquentes parmi la population jeune : en 2011, 8,4 % des personnes âgées entre 20 et 29 ans vivaient en union consensuelle, contre 7,7 % des 30 à 49 ans et 2 % des 50 ans et plus.

Tandis qu’en 2000, l’âge moyen des conjoints au premier mariage était de respectivement 27,4 ans pour les femmes et de 30,3 ans pour les hommes, ces âges moyens s’élevaient à 29,7 et 32,7 ans en 2013. Les personnes se marient donc, en moyenne, deux ans et demi plus tard qu’en 2000.

Selon les résultats du dernier recensement de 2011, 80,5 % des personnes âgées entre 20 et 29 ans étaient célibataires, tandis que c’était le cas pour uniquement 6,3 % des 65 ans et plus. La part des personnes mariées augmente ainsi avec l’âge, les parts étant de 15,5 % pour les 20 à 29 ans, de 61,4 % pour les 30 à 49 ans et de 71,7 % pour les 50 à 64 ans. À partir de 65 ans, cependant, la part des personnes mariées diminue (56,5 %), car une augmentation des personnes veuves est observée (31,2 % pour les 65 ans et plus).

mariagedivorce

Autre paramètre, l’augmentation constante de la population luxembourgeoise. Elle a pour conséquence un taux de nuptialité qui est passé de 4,9 mariages pour 1 000 habitants en 2000 à 3,2 en 2013. Sur la même période, le taux de divortialité, c’est-à-dire le nombre de divorces pour 1 000 habitants, est relativement stable, autour des 2 %.

Nombre de mariages en baisse, nombre de divorces stable : l’amour est-il en danger au Luxembourg ? Pas vraiment, c’est juste le mode de fonctionnement des couples qui a changé. Car pour le reste, il faut toujours être deux pour choisir de se passer la bague au doigt.

Christophe Chohin

1 722 mariages, 1 163 divorces

En 2013, 1 722 mariages ont été célébrés au Luxembourg, contre 2 148 en 2000.

Depuis 2009, le nombre de mariages chaque année au Grand-Duché tourne autour de 1 750.

Dans le même temps, 1 163 mariages se sont terminés en divorce en 2013, contre un peu plus de 1 000 en l’an 2000.

 

En Europe aussi, ça baisse

Le Luxembourg ne fait que suivre la tendance de l’Union européenne. Partout, le nombre de mariages recule. Le taux de mariage pour 1  000 habitants dans l’UE des 28 était de 4,2 en 2011 contre 5,2 en 2000. C’est en Lituanie (6,9), à Chypre (6,4) et à Malte (6,1) que l’on se marie le plus. À l’inverse, la Bulgarie et la Slovénie (3), le Portugal (3,1), l’Italie et le Luxembourg (3,2) sont les pays où l’on se marie le moins selon l’institut Eurostat.

La proportion de la population âgée de 20 ans et plus mariée en 2011 varie considérablement au sein de l’Union. À Chypre, à Malte, en Grèce, en Roumanie et en Pologne, plus de 60  % de cette catégorie de population est mariée, alors qu’en Estonie, en Suède, en Lettonie, en Hongrie, en Finlande et en Slovénie, ce taux passe sous la barre des 50  %.

C’est en Europe de l’Est qu’on se marie le plus jeune. Les femmes sont en moyennes âgées de 26,3 ans en Roumanie, 26,6 ans en Pologne et 26,7 ans en Bulgarie au moment de passer la bague au doigt. Les Irlandaises (34,3 ans), les Suédoises (33) et les Espagnoles (32,2) se marient le plus tard. La tendance est la même pour les hommes.

Avec la légalisation du divorce par Malte en 2011, tous les citoyens européens peuvent désormais y avoir recours. Les Lettons sont les Européens qui divorcent le plus avec 3,5 divorces pour 1  000 habitants, juste devant le Danemark et la Lituanie (3,4). Sans grande surprise, c’est en Irlande (0,6), à Malte (0,6) et en Italie (0,9) que l’on divorce le moins.

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