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L’égalité femmes-hommes encore trop souvent une illusion


La ministre Taina Bofferding (manteau mauve) est décidée à soutenir activement les activités pour plus dereconnaissance des femmes dans la vie en société. (archives Sip/Méga)

Malgré les efforts législatifs, l’égalité entre femmes et hommes reste encore trop souvent une illusion. Un nouveau plan d’action national doit permettre de casser de manière plus efficace des stéréotypes dépassés.

Les chiffres sont connus. Au Luxembourg, qui impose depuis 2016 l’égalité salariale, les femmes gagnent en moyenne toujours 5,5% de moins que les hommes. Les femmes consacrent aussi en moyenne dix fois plus de temps au ménage et à l’éducation des enfants que les hommes. Ce sont aussi les femmes qui travaillent le plus souvent à temps partiel (39% contre 6%), 58% d’entre elles affirmant devoir faire ce choix pour des raisons familiales. Enfin, la violence domestique reste à la hausse et s’est établie en 2018 à 739 cas. En moyenne, la police intervient donc deux fois par jour pour venir en aide à des personnes en danger, qui sont la plupart du temps des femmes.

Sur le plan politique, la situation ne se présente guère mieux, en dépit des quotas de 40% imposés pour la composition des listes de candidats. Seul un quart des membres de la Chambre des députés sont ainsi des femmes. Au gouvernement, cinq femmes se retrouvent parmi les 17 ministres.

La théorie… et la réalité

Avec ces chiffres, le Luxembourg se place pourtant assez correctement dans différents classements internationaux. «On compte parmi les pays les mieux classés, avec la Belgique, le Danemark ou les pays baltes», note Gilles Baum (DP).

Bon nombre d’autres études, concepts et instruments ont été cités jeudi à la Chambre des députés lors du débat de consultation sur le prochain plan d’action national d’égalité des femmes et des hommes. Dans les interventions, les phrases au conditionnel du genre «il serait important que», «il serait bien de» ou «il faudrait que» se sont succédé. Cela démontre qu’il existe toujours un fossé entre la théorie politique et la réalité du terrain.

«L’égalité entre les femmes et les hommes reste une volonté du gouvernement», souligne pourtant la ministre de tutelle. «Il s’agit d’une des conditions de base pour établir une société équitable», enchaîne Taina Bofferding.

Elle se dit décidée à lancer un «large débat de consultation» pour définir de nouveaux «instruments qualitatifs» afin de mieux lutter contre les «stéréotypes et le sexisme» qui restent bien ancrés dans certaines couches de la société mais aussi de l’économie. «Le gouvernement ne peut pas agir seul. L’égalité nécessite l’engagement de tout un chacun», clame Taina Bofferding.

Une indignation qui en dit long

Parmi les propositions faites, on retrouve un forum d’échanges de bonnes pratiques, l’organisation d’assises nationales (toutes les deux signées LSAP), une politique familiale «plus flexible» (CSV et ADR, opposés à la majorité), une «hausse substantielle» des revenus pour les plus démunis (déi Lénk), l’abolition des quotas (ADR) ou le changement de nom du ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes en ministère de l’Égalité des genres et des sexes (Parti pirate).

Le problème est que le débat reste assez superficiel. Pire, les députés ont été interrompus hier en plein débat par une clôture, des chasseurs et des sangliers (lire ci-dessous). «Il reste pourtant du pain sur la planche» pour faire avancer l’égalité femmes-hommes, comme le constate Djuna Bernard (déi gréng). «L’égalité est ancrée dans la Constitution, mais de facto elle n’est pas atteinte», souligne Dan Biancalana (LSAP).

Jeff Engelen (ADR) dénonce toutefois que la «politique de l’égalité au Luxembourg se résume souvent à un féminisme radical encouragé par les bords de gauche». Dan Biancalana (LSAP) lui répond que «la génération d’aujourd’hui se doit de construire une société basée sur le respect, l’équité et l’égalité». «L’objectif ne peut pas se limiter à rendre plus égalitaire la composition des conseils d’administration», insiste de son côté Marc Baum (déi Lénk). «Des actes symboliques ne suffisent pas», ajoute Marc Goergen (Parti pirate).

Tout cela nous amène où ? Difficile à dire, mais l’indignation suscitée par la pancarte provocante d’une jeune manifestante lors de la grève pour le climat («F… me, not the climate») démontre à elle seule que le chemin pour mieux respecter le libre choix des femmes est encore très long…

David Marques

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