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Les bals étudiants en perte de vitesse


Le Bréisseler Bal, avec plus de 5 000 fêtards, appartient désormais au passé. Mais une suite n'est pas exclue. (illustration Fabrizio Pizzolante)

Ces dernières années, les bals d’étudiants, organisés traditionnellement pendant les vacances de Noël, ont perdu en vitesse et en attractivité. Plusieurs raisons expliquent cette régression.

Chaque génération développe ses mœurs et traditions. Cela vaut également pour la communauté estudiantine du Luxembourg. Depuis plus de 150 ans, les jeunes du pays mettent le cap sur toute l’Europe pour suivre leurs études supérieures. L’arrivée de l’université du Luxembourg en 2003 n’a pas changé la donne. À Bruxelles, on dénombre ainsi toujours près de 1 300 étudiants grand-ducaux, dont 600 sont affiliés au cercle des étudiants luxembourgeois de la capitale belge (CELB).

Malgré cette masse critique, le traditionnel Bréisseler Bal, organisé le 28 décembre, a été obligé de réduire considérablement sa voilure lors des dernières années. Entre le début des années 2000 et jusqu’en 2012, le bal des étudiants bruxellois n’avait cessé de grandir pour accueillir en fin de compte près de 5 000 visiteurs à Luxexpo, même en pleine semaine et avec des rues blanchies par la neige. Aujourd’hui, le bal est organisé au Melusina, discothèque de renom de la capitale, avec une capacité d’accueil d’un petit millier de fêtards.

«La principale raison de ce choix se situe dans le manque d’alternatives au niveau des salles pouvant accueillir notre bal. On avait songé à Luxexpo, mais le subside accordé auparavant par la Ville de Luxembourg n’existe plus. Cela n’est donc plus à financer pour nous en tant que CELB, le risque est trop grand», note Luc Jacobs, organisateur du Bréisseler Bal. «On voulait garder nos principes, avec des prix qui restent constants depuis dix ans, que ce soit pour l’entrée, la bière ou notre ‘bombe bleue’. Et on voulait aussi rester un bal estudiantin où le folklore domine», poursuit notre interlocuteur, qui a connu le «bon vieux temps».

Moins de soutien de la Ville de Luxembourg

Le contre-exemple est le Zürcher Bal, organisé le jour de Noël par les étudiants luxembourgeois de Zurich (LSZ), qui est le dernier à attirer plus de 4 000 personnes tous les ans. Par rapport à leurs collègues bruxellois, les étudiants de la capitale suisse peuvent demander des prix d’entrée et de consommation plus élevés, en raison notamment du cadre plus chic avec l’obligation de porter le costard-cravate ou la robe de soirée. «Mais si une année, on attire moins de monde, on connaîtra aussi des difficultés sur le plan financier», admet Rafael Lombardi du LSZ.

Ce sort a frappé en 2011 les étudiants luxembourgeois de Liège. Le Lécker Bal, traditionnel rendez-vous de la Saint-Sylvestre depuis les années 60, a signé une perte sèche en attirant uniquement un petit millier de personnes. Le cercle a connu les pires difficultés à payer ses fournisseurs, mais s’est stabilisé entretemps. Depuis lors, la demande pour organiser une grande soirée pour accueillir le nouvel an n’est plus vraiment présente.

Il y a une quinzaine d’années, un autre bal étudiant de taille avait percé. Les étudiants luxembourgeois de Strasbourg ont en effet vu leur nombre de visiteurs tripler en quelques années, à chaque fois lors du samedi ayant précédé le réveillon de Noël. Comme pour les Bruxellois et bien d’autres cercles, la salle adéquate fait aujourd’hui défaut.

À côté du subside accordé par la Ville de Luxembourg sous les bourgmestres Paul Helminger et Xavier Bettel pour Luxexpo, la capitale a par le passé aussi mis à la disposition des étudiants des chapiteaux installés sur la place Guillaume-II ou au parking Bouillon. Aujourd’hui, seule l’Association des cercles d’étudiants luxembourgeois (ACEL) profite de ce privilège pour son grand Studentebal, le bal réunissant chaque année à la mi-juillet l’ensemble de la communauté estudiantine du pays, et comptabilisant entre 4 000 et 5 000 entrées.

Plus de soirées à travers l’Europe

«Le risque financier reste important. De plus, il manque des salles où toutes les conditions sont réunies pour organiser un tel événement en tant que petit cercle d’étudiants, sans évoquer la concurrence des cafés et discothèques qui proposent aussi pas mal de soirées spéciales pendant les fêtes de fin d’année», note Gilles Johann de l’ACEL.

«On s’est posé la question au niveau du comité de savoir si on serait nous-mêmes intéressés à aller à un nouveau Stroossbuerger Bal à Luxembourg. Et la réponse a été non. On préfère miser sur des soirées aux couleurs luxembourgeoises à Strasbourg», explique de son côté Nadja Poensgen, présidente de l’Association des Luxembourgeois aux universités de Strasbourg (ALUS).

«Les étudiants sont peut-être aujourd’hui aussi moins motivés pour fréquenter trois ou quatre bals pendant les vacances», ajoutent d’autres représentants de cercles d’étudiants luxembourgeois.

Le Tournoi de Noël a lui aussi gagné en ampleur, avec à la clé la soirée des étudiants luxembourgeois britanniques, réunis sous le toit du SLSB. «C’est un moyen de continuer la fête après le sport», conclut un membre du SLSB.

Un certain rééquilibrage a donc eu lieu, avec moins d’événements d’envergure au Luxembourg, mais une multiplication de soirées et d’événements grand-ducaux dans les différentes villes estudiantines d’Europe. Le «nation branding» est donc aussi vécu à fond par la communauté estudiantine du pays.

David Marques

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