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Les « mains » d’Amazon tapent du poing sur la table


Les syndicalistes demandent à Amazon de meilleurs salaires et des conditions de travail décentes. (Photo Isabella Finzi)

Venus de tout le Vieux Continent, des syndicalistes se sont réunis vendredi devant le siège européen d’Amazon, à Luxembourg, pour critiquer la politique salariale et sociale du géant du commerce en ligne.

Amazon les surnomme ses «hands». Comme des milliers d’autres salariés, Khaled et Alain sont les «mains» du géant du commerce en ligne, ceux qui s’affairent en respectant la cadence millimétrée dans ses immenses entrepôts.

Des «mains» qui tapent du poing sur la table. Vendredi, ces deux caristes ont fait la route depuis Orléans et Châlons-sur-Saône pour parler de la politique salariale de Jeff Bezos, le big boss d’Amazon. « Le salaire de base chez Amazon, en France, est de 1 260 euros net. Là, on nous a proposé une augmentation de 0,5 %, soit 6 euros en plus par mois. Donc quand on voit monsieur Bezos se faire prendre en photo avec des piles de billets, comprenez qu’on n’apprécie pas trop cette provocation », grince Alain.

Khaled évoque ses conditions de travail : « Nous, on est conducteurs d’engins sur les quais, donc on est un peu moins fliqués que dans les entrepôts. On n’a pas de scanners qui comptent le nombre d’articles que l’on traite chaque heure, mais on a un talkie-walkie sur nous, et on est constamment sollicités. Au moindre écart, ils veulent savoir où on se trouve. »

« Mais pour tout le monde, les conditions de travail sont très dures. Amazon demande aux salariés d’être tout le temps à leur maximum, et à la moindre baisse de productivité, si une personne va boire un verre d’eau ou va aux toilettes, elle se fait rappeler à l’ordre. »

Des personnes craquent ? « Oui, souvent. Et les chefs essaient d’opposer les salariés les uns aux autres, en offrant par exemple une prime d’assiduité pour culpabiliser les personnes qui tombent malades. »

«Amazon ne sera pas une zone de non-droit»

Vendredi, des syndicalistes venus de Fra nce, d’Allemagne, de Pologne, ou encore d’Espagne se sont rejoints devant le siège européen d’Amazon, à Luxembourg.

Le but, explique Michelle Cloos, secrétaire centrale adjointe de l’OGBL, était de réaliser « un piquet de protestation à caractère symbolique, afin de montrer notre unité et la détermination à faire respecter les droits et les revendications légitimes des salariés dans tous les pays où Amazon est implanté. »

Car Amazon « n’est pas seulement une grande et puissante entreprise de commerce, ce sont aussi de très mauvaises conditions de travail. On est ici pour dire stop, montrer que les syndicats sont vigilants et qu’Amazon ne sera pas une zone de non-droit. »

Les syndicats ont rédigé une lettre de protestation en ce sens, qu’ils ont adressée vendredi aux dirigeants d’Amazon.

Comme l’explique ce syndicaliste allemand, il ne s’agit pas seulement « de demander des augmentations salariales, mais aussi de dénoncer les conditions de travail. Quelqu’un qui travaille chez Amazon est dégradé au rang de machine. »

Un confrère polonais renchérit : « Nous, syndicalistes, représentons les travailleurs, mais Amazon nous empêche de les rencontrer. Pour l’instant, il n’y a pas de dialogue, juste un monologue d’Amazon, ou des pourparlers qui ne mènent jamais à rien. »

Maria Rosario Garcia Sanchez, venue d’Espagne, enfonce le clou : « Cette multinationale gagne énormément d’argent sur le dos des employés. Notre rythme de travail acharné fait qu’on tombe souvent malades, bien plus que dans d’autres entreprises. Et la flexibilité est telle qu’il devient très difficile de concilier notre travail avec notre vie privée. »

Romain Van Dyck

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