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Marianne Thyssen : «L’Europe revient plus forte que jamais»


(Photo : Editpress/Didier Sylvestre)

Ouf, économiquement, l’Europe va mieux, nous dit la commissaire européenne à l’Emploi et aux Affaires sociales en visite vendredi à Luxembourg. Restent de grosses épines dans le pied, comme le travail détaché.

Marianne Thyssen était vendredi à la Chambre des députés pour présenter aux élus les principales mesures européennes pour une Europe «plus forte et plus sociale». Certaines mesures concernent directement le Luxembourg.

Il y a encore peu, l’UE paraissait désemparée face à la crise et à la montée de forces populistes, rappelle Mars Di Bartolomeo. Chômage terrible, ascenseur social en panne, austérité sévère… L’Europe ne fera pas rêver si elle n’offre pas des solutions politiques palpables. Nous devons reprendre l’initiative», avertit le président de la Chambre des députés.

Marianne Thyssen confirme : «Oui, l’Europe revient de loin. Mais elle revient plus forte que jamais», assène-t-elle, égrenant les chiffres. «À mi-mandat, la Commission européenne a déjà présenté 80 % des propositions que nous avions annoncées en 2014, et les premiers résultats sont déjà visibles.

Aujourd’hui, on a 6,9 millions d’emplois qui ont été créés, 234,5 millions de personnes ont un emploi, un chiffre sans précédent. Le chômage est tombé à 7,6 %, c’est son plus bas niveau depuis novembre 2008. Quant à la croissance, elle est à 2,4 % pour l’UE, et 2,3 % pour la zone euro.» Quant au plan d’investissement (ou «plan Juncker»), il a généré 225 milliards d’euros d’investissements et la mise en œuvre du pacte de stabilité et de croissance a permis de réduire de 6,6 % à 1,6 %  le déficit public en Europe.

Le Brexit comme outil d’unité

Voilà pour le bilan. Et l’avenir? «Toutes les conditions sont donc réunies pour préparer ensemble l’avenir de l’UE.» Y compris le Brexit, «que nous regrettons tous» mais qui «a permis, il faut bien l’avouer, de rapprocher les 27 États membres autour de leur destinée commune».

Quant au sujet précis du monde du travail en Europe, la commissaire estime que «la crise a laissé des traces profondes, et augmenté les inégalités. Il faut donc construire une UE plus équitable tout en préservant la compétitivité de nos économies. C’est pourquoi la Commission a présenté en avril dernier le socle européen des droits sociaux.»

Ce socle repose sur trois axes : égalité des chances et accès au marché du travail (notamment pour les femmes), conditions de travail équitables et protection et insertion sociales. Les États membres, partenaires sociaux et autres acteurs civils seront les principaux promoteurs de ce socle, dont la mise en œuvre est attendue dès le prochain cycle du semestre européen.

Ce socle n’est qu’une des nombreuses priorités que la Commission s’est imposées pour les mois à venir, afin de «mener à bien notre projet d’une Europe plus forte et plus unie», conclut-elle.

Romain Van Dyck

Le controversé travail détaché

S’il y a bien un sujet qui divise les États membres, c’est celui des travailleurs détachés. Ce statut permet à un travailleur européen de réaliser une mission temporaire dans un autre pays de l’UE, en profitant des droits sociaux de son pays d’accueil et d’un salaire défini dans celui-ci. Mais les cotisations sociales sont payées dans son pays d’origine. Une pratique qui donne lieu à des abus et à un dumping social auxquels participent de nombreux pays, dont le Luxembourg : travailleurs détachés dans leur propre pays, non-respect du salaire minimum, hébergement ou conditions de travail déplorables…

«La Commission continue d’accompagner la procédure législative concernant la révision de la directive sur les travailleurs détachés, qui garantira un salaire égal pour un travail égal sur un même lieu, explique Marianne Thyssen.
Cette directive vise à établir les conditions d’une concurrence loyale et à respecter les droits des travailleurs. La Commission est consciente de la susceptibilité de certains États membres sur le sujet (NDLR : notamment les pays de l’Est, gros pourvoyeurs de travailleurs détachés) et fera tout pour faciliter un accord le plus tôt possible.»
Des propositions accompagnent cette volonté : «M. Juncker a proposé de créer une autorité européenne du travail, qui renforcera la coopération entre les autorités du travail et de mieux gérer le travail transfrontalier.» La Commission va également proposer la création d’un numéro de sécurité social européen, pour aider à l’identification des travailleurs détachés, pour les aider à faire valoir leurs droits, «tout en permettant de prévenir les erreurs et la fraude.»

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