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Martine Hansen, cheffe de la fraction CSV : « Je n’ai pas peur des hommes »


Déterminée, Martine Hansen a le regard déjà tourné vers le futur. (illustration Alain Rischard)

Elle est la première femme à devenir présidente de la fraction parlementaire de l’histoire du CSV. Connue pour son franc-parler, la nouvelle cheffe de l’opposition, Martine Hansen, est prête pour cette législature.

Sans langue de bois, elle évoque son élection à la tête de son groupe parlementaire mais aussi le nouveau gouvernement et son programme, qu’elle s’apprête à remettre en question «de manière constructive» et ce, dès mercredi, à la Chambre des députés.

Quinze députés CSV ont voté pour vous, mais il y a tout de même eu trois voix contre et une abstention (19 députés présents sur les 21 que compte la fraction chrétienne-sociale). Que vous inspire cela ?

J’en avais discuté en amont avec Claude Wiseler (NDLR: son prédécesseur à ce poste) et il m’avait prévenu qu’il n’y aurait probablement pas d’unanimité. Cela étant, je suis très contente et le fait que je sois la première femme à exercer ces fonctions ne m’inquiète pas le moins du monde, car j’ai souvent travaillé avec des hommes et surtout parce que je n’ai pas peur des hommes.

Comment cette transition avec Claude Wiseler s’est-elle précisément déroulée ?

Je n’aurais jamais postulé à ce poste si Claude ne me l’avait pas demandé. À partir du moment où il a annoncé qu’il ne souhaitait pas continuer pour une législature supplémentaire, je me suis portée candidate. Il faut dire que Claude était un chef de fraction vraiment très sympathique, compétent et qui était bien considéré par la grande majorité des députés. En ce sens, je dirais même qu’il est difficile de le remplacer ! (Elle sourit.)

Quand Claude Wiseler vous a-t-il demandé de prendre sa succession ?

Il y a eu quelques « petites » discussions quasiment tout de suite après les élections du 14 octobre. Des gens, dont Claude, sont venus me voir en me disant : « Tu as été élue avec quelque 20 000 suffrages dans la circonscription Nord, alors il faudrait que tu poses ta candidature, soit pour le poste de cheffe de la fraction soit pour celui de présidente du parti. » À cet instant, j’ai bien senti que l’on attendait quelque chose de ma part, même si l’on avait décidé de ne pas évoquer d’éventuels changements de poste, avant que le gouvernement ne soit en place.

Le poste de président du CSV ne vous intéressait pas, Marc Spautz ayant récemment annoncé qu’il ne se représenterait pas ?

Le poste de président est également très intéressant et très important, mais ma décision s’est tournée vers celui de cheffe de fraction.

Quel style d’opposition allez-vous privilégier durant cette législature ?

Je veux faire une opposition critique et constructive. Nous allons faire des propositions, présenter des amendements lorsque nous ne serons pas sur la même ligne que la majorité; le gouvernement devra véritablement se rendre compte à chaque fois que le CSV ne sera pas d’accord avec sa vision ! Pour ce faire, chacun des 21 députés CSV devra travailler sur ses dossiers et élaborer des visions concrètes dans leur domaine.

Il faudra aussi être un peu moins soft qu’au cours de la dernière législature, car beaucoup de projets de loi qui étaient débattus à la Chambre avaient été élaborés par nos propres ministres (NDLR : avant 2013, lorsque le CSV était au pouvoir) : nous avons donc logiquement connu des situations où il était compliqué de faire une réelle opposition. Cela va changer et nous allons, dès mercredi, entamer notre travail d’opposition et commencer à contrôler le gouvernement, c’est-à-dire dès le lendemain de la déclaration de Xavier Bettel sur son programme gouvernemental. Et je peux vous assurer que nous serons actifs, réactifs, parce que nous sommes plus que prêts !

Justement, quel regard portez-vous sur ce nouveau gouvernement et sur son programme ?

Sur la forme, je trouve qu’il y a beaucoup trop de ministres. Le LSAP avait annoncé, dans son programme électoral, sa volonté de réduire le nombre de ministres à quinze. Dans un débat entre Xavier Bettel et Claude Wiseler, ce dernier avait estimé que le futur gouvernement devait idéalement être composé de 12 à 15 ministres au maximum, et Xavier Bettel avait approuvé ses dires… Cela dit, nous avons maintenant 17 ministres, alors qu’en Allemagne, pays de plus de 80 millions d’habitants, il y en a 15. Donc, pour moi, 17, c’est trop et ce n’est pas rationnel. De plus, je ne sais pas si nous avons vraiment besoin de deux vice-Premiers ministres; d’ailleurs, c’est du jamais vu au Luxembourg !

Par ailleurs, beaucoup de gens ne sont pas satisfaits de certaines nominations. D’une part, on vient régulièrement me dire : « On ne votera plus parce que cela ne sert à rien, parce qu’on ne nous entend pas », malgré le fait qu’un tiers des électeurs a voté CSV. D’autre part, les gens, notamment du Nord, ne comprennent pas comment Marc Hansen (NDLR : entre autres, ministre de la Fonction publique), qui n’a pas été élu, le 14 octobre aux législatives en vue de devenir député, puisse rester ministre. Moi-même, j’ai été ministre dans le passé sans avoir été élue, mais je ne m’étais pas présentée à des élections législatives ! Les gens n’acceptent vraiment pas cela et il ne faudrait pas procéder ainsi !

Et quant au fond de ce programme électoral ?

Je le trouve lourd, volumineux et vague sur beaucoup de points. Ce qui me marque véritablement est l’absence de fil rouge. On va analyser tout cela mais je ne comprends pas pourquoi la question de la croissance économique, qui a largement été discutée en amont du scrutin, ne fait pas office de fil conducteur. C’est incompréhensible !

Entretien avec Claude Damiani

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