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Polémique autour de la procession dansante d’Echternach


La procession dansante d'Echternach a lieu le mardi de Pentecôte. L'Œuvre Saint-Willibrord craint que la décision de ne pas accorder un congé scolaire ne provoque une césure aux effets néfastes pour l'avenir. (photo archives Alain Rischard)

Les organisateurs de la procession dansante ont bondi en découvrant le calendrier des vacances scolaires qui ne prévoit pas de jour férié pour l’édition 2019.

Si dans le passé le mardi de Pentecôte ne faisait pas d’office partie des vacances scolaires, le jour de la procession dansante était toujours déclaré comme congé scolaire. En 2019, tel ne sera toutefois plus le cas.

Les vacances de la Pentecôte sont en effet fixées en 2019 du 25 mai au 2 juin. Le lundi de la Pentecôte (10 juin) sera jour férié scolaire. L’arrêté grand-ducal fixant les vacances scolaires pour l’année 2018/19 n’a toutefois pas prévu de jour férié le mardi de la Pentecôte, jour de la célèbre procession dansante d’Echternach. Seuls les élèves d’Echternach seront libérés ce jour-là.

L’argument de la convention de l’Unesco

Selon l’Œuvre Saint-Willibrord, la décision gouvernementale ne respecte pas la convention de l’Unesco du 17 octobre 2003 qui exige de l’État qu’il prenne toutes les mesures pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Dans son communiqué, l’association, qui pourvoit depuis 1975 à l’organisation de la procession dansante, rappelle que «la tradition séculaire de la procession dansante fut inscrite par l’Unesco en novembre 2010» et qu’à l’époque «le gouvernement d’alors s’était engagé à prendre toutes les mesures nécessaires pour la sauvegarde de ce patrimoine».

Dans ce contexte, l’Œuvre Saint-Willibrord dit avoir lancé en mars 2017 un échange de courriers avec le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch. Ce dernier lui aurait répondu que «les enseignants sont invités à accepter d’éventuelles excuses écrites concernant les absences d’élèves lors de cet événement, sans que pour autant les élèves soient libérés collectivement des cours». Bref, il s’agit des mêmes dispositions que pour les pèlerinages de l’octave.

Or, pour l’Œuvre Saint-Willibrord, «la situation de départ des deux manifestations [est] très différente». Elle note que l’octave s’étend sur deux semaines entières alors que la procession dansante a lieu exclusivement le mardi de la Pentecôte.

«Chaque élève a le droit d’y participer»

«La décision de ne pas accorder un congé scolaire en 2019 provoquera une césure aux effets néfastes pour l’avenir de la procession», considère le conseil d’administration de l’Œuvre Saint-Willibrord qui soulève, en plus de la tradition religieuse, la dimension culturelle de la procession : «Elle rassemble, en effet, des participants qui ne sont pas tous pratiquants, mais aussi des gens qui participent parce que c’est la tradition dans la famille ou le village.»

Du côté du ministère de l’Éducation nationale, on a du mal à comprendre les critiques de l’Œuvre Saint-Willibrord. «Tout élève de l’enseignement fondamental ou secondaire qui souhaite participer à la procession dansante a le droit d’y participerdu moment qu’il est excusé», explique Myriam Bamberg, chargée de presse au ministère. «Normalement le mardi de la Pentecôte tombe pendant les vacances. En 2019, ce sera la première fois que le jour n’est pas déclaré jour férié scolaire pour tous les élèves, à l’exception de ceux d’Echternach», poursuit-elle.

Quant au reproche de la rupture avec la convention de l’Unesco, elle conclut : «On est d’avis que si on donne le droit aux élèves de se rendre à la procession, on respecte la convention.»

Fabienne Armborst

Neuf exceptions en 43 ans

Ce n’est pas la première fois que le mardi de Pentecôte tombe en dehors des vacances scolaires. Or dans le passé, c’était la tradition de déclarer le mardi de Pentecôte jour férié scolaire.

Dans son communiqué, le conseil d’administration de l’Œuvre Saint-Willibrord ne manque pas de faire l’historique des 43 dernières années. Il constate que les mesures d’exception pour libérer les élèves le mardi de Pentecôte ont été relativement rares. «Au cours de la période 1975-2017, on a dû ajouter seulement neuf fois un jour de congé aux vacances habituelles.» Il cite ainsi l’exemple en 1978 et 1979 sous le gouvernement socialo-libéral de Gaston Thorn.

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