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Santé mentale : de plus en plus de dépressions au Luxembourg


"Celui qui prend un congé maladie pour dépression, il possède une étiquette. Et à la première occasion, on va le faire partir", regrette le Dr Patrick Gondoin. (Photo Isabella Finzi)

Le psychiatre Patrick Gondoin revient sur les 60 ans d’existence de la Ligue luxembourgeoise d’hygiène mentale (LLHM) qu’il préside.

Hygiène mentale : voilà une expression qui fait froid dans le dos…

Patrick Gondoin : Historiquement, les premières ligues d’hygiène mentale ont été créées en France et en Belgique en 1922 et 1923, avec l’idée de ne plus mettre les gens dans un hôpital psychiatrique. C’était l’époque des asiles, comme on les voit dans les vieux films. Il n’y avait pas non plus de traitement. Mais l’hygiène, en tant que telle, a été un progrès formidable : si l’espérance de vie a beaucoup augmenté au début du XXe siècle, c’est grâce à l’hygiène. C’était avant qu’on ne développe des antibiotiques.

Depuis, beaucoup de ces associations ont changé de nom et préfèrent parler de « santé mentale ». Or la santé, d’après la définition qu’en donne l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ne désigne pas seulement l’absence de maladie, mais bien un état complet de bien-être physique et psychique. C’est une belle ambition, c’est même l’idéal… (il sourit) Pour moi, l’hygiène est un moyen d’arriver à la santé. Restons modestes. Et puis, garder le nom, cela réfère aussi à l’ancienneté.

Est-ce que la perception de la psychiatrie a évolué avec le temps ?

Probablement pas autant qu’elle aurait dû. Je ne crois pas d’ailleurs qu’il existe un sondage à ce propos au Luxembourg. Il y en a eu un récemment dans le magazine français Le Point, qui montrait que 51% des jeunes estimaient que des personnes présentant des maladies psychiques représentaient un danger pour leur entourage, ce qui est complètement faux, mais laisse à penser que certaines représentations restent dans les têtes.

Le travail de psychiatre, en général, permet de prendre la température d’une société. Concernant le Luxembourg, qu’est-ce qui vous saute à l’œil ?

Ce ne sont que des impressions subjectives, mais depuis disons 2008/2009, on voit de plus en plus de gens qui ont des problèmes au travail : harcèlement moral (mobbing), etc. J’ai vraiment l’impression que le monde du travail s’est durci et qu’il y a de plus en plus de management par la peur, avec des gens qui vivent dans la crainte de perdre leur travail.

Il y a aussi le stress lié à l’atteinte de certains objectifs, qui sont chaque année plus élevés. Par exemple, un milieu qui est extrêmement dur, c’est celui de l’hôtellerie et de la restauration, ou encore celui du bâtiment. Cela concerne surtout les petites entreprises, à cause de la pression économique. Il y a, par exemple, la situation où des gens ne touchent pas l’intégralité de leur salaire et où ils se durcissent les uns avec les autres, ou en cas de licenciement, des comportements de dénonciation, que je trouve affreux.

En termes de troubles psychiques, cela donne quoi ?

Il y a les psychoses, les gens délirants, hallucinés. Toutes les études montrent que ça représente environ 1% de la population, indépendamment de l’époque ou de la culture. On voit de plus en plus de dépressions, où les facteurs de la vie moderne, le stress, etc. jouent un rôle déterminant. Ce qui augmente également, ce sont les troubles du comportement : toxicomanie, violence, etc.

Entretien avec Frédéric Braun

A lire en intégralité dans Le Quotidien papier de ce lundi 4 avril

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