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Un camion arrêté avec 200 armes alors qu’il se rendait au Luxembourg


Le véhicule transportait près de 200 armes de guerre. (Photo : Police allemande)

La police allemande a bloqué un camion chargé d’armes de guerre à destination du Luxembourg, à la frontière autrichienne, dans la nuit de mardi à mercredi. Mais tout était légal.

Un camion de 3,5 tonnes chargé de caisses contenant 200 armes de guerre, dont des pistolets et des kalachnikovs AK47, a été intercepté par la police allemande peu après minuit, dans la nuit de mardi à mercredi, au poste de Bad Reichenhall, à la frontière avec l’Autriche. De quoi susciter un certain émoi dans les rangs policiers, à l’affût de ce type de transport depuis les attentats sanglants de Paris, en 2015, commis avec des fusils d’assaut.

Les policiers allemands ont immédiatement contacté leurs homologues autrichiens et slovènes dans la crainte que le chargement ne soit destiné à des terroristes, ont rapporté mercredi et hier plusieurs médias allemands et autrichiens.

Le conducteur slovène du camion, employé par une société de transport autrichienne, a immédiatement présenté des documents en règle, attestant que le chargement était légal et qu’il était à destination du Luxembourg. Les policiers ont toutefois voulu en avoir le cœur net et ont bloqué le camion durant 14  heures, le temps de procéder aux vérifications nécessaires.

Après ces vérifications, le véhicule a pu reprendre la route vers le Luxembourg où les armes doivent être livrées à un négociant légalement établi. « Le chargement disposait de toutes les autorisations pour le transport d’armes de guerre », a déclaré Stefan Sonntag, un porte-parole de la police allemande, interrogé par le journal autrichien Heute . « Il y a toujours des chargements de ce type qui circulent, mais par les temps qui courent, nous voulons être certains que tout est en règle », a-t-il ajouté.

Le Grand-Duché, une plaque tournante

Cet incident vient une nouvelle fois confirmer la place déterminante jouée par le Luxembourg en Europe de l’Ouest dans le commerce, légal et illégal, des armes de guerre légères. Il est en effet possible d’acquérir au Grand-Duché des fusils d’assaut directement auprès des armureries. Le 9 mars dernier, Le Quotidien rapportait dans une enquête qu’une importante cargaison de kalachnikovs, de chargeurs et de caisses de munitions avait été saisie par la police luxembourgeoise.

Là encore, il semblerait que le propriétaire de ces armes possédait les autorisations nécessaires à leur détention et probablement à leur commerce. Les spécialistes jugent que le mode de fonctionnement des kalachnikovs et le type de munitions utilisées (calibre 7,62 mm) en font l’un des fusils d’assaut les plus redoutables, à même de percer des blindages légers.

Selon des sources policières et judiciaires européennes concordantes, le Luxembourg est devenu, par sa position géographique et la souplesse de sa législation, une plaque tournante du trafic illégal d’armes de guerre à destination du grand banditisme. Un atelier de remilitarisation d’armes de guerre avait ainsi été démantelé en février 2015 dans une discrète maison de Rumelange.

L’opération, diligentée par la justice française, avait abouti à l’arrestation de plus de 70 personnes au Grand-Duché, dans l’Hexagone et aux Pays-Bas, dont des figures connues des grands banditismes corse et marseillais. Selon plusieurs sources, cette filière aurait aussi pu fournir des fusils d’assaut utilisés par les terroristes islamistes en janvier 2015 à Paris. Au total, 546 armes avaient été saisies dans les deux pays au cours de cette enquête.

Ces armes, et particulièrement les kalachnikovs, proviennent principalement des Balkans et de Slovaquie.

Lors de la publication de son enquête en mars, Le Quotidien avait tenté à de nombreuses reprises d’interroger sur ces faits les ministres de la Justice, Félix Braz, et de la Sécurité intérieure, Étienne Schneider. Ils n’ont toujours pas donné suite à nos demandes.

Fabien Grasser

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