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Le bien-être au travail, c’est du «gagnant-gagnant»


En principe, un travail doit donner satisfaction. Ou, comme le résume Marc Spautz (CSV), « le salarié doit se sentir utile et avoir l’impression de faire un travail sensé ». (Photo : Isabella Finzi/Le Quotidien)

Les députés ont souligné jeudi l’importance d’un équilibre sain entre vie professionnelle et vie privée. Un message clair a été formulé : en pleine révolution digitale, le bien-être au travail doit être renforcé.

Le travail a figuré au centre des débats, jeudi, à la Chambre des députés. Au bout d’une séance consacrée au bien-être au travail, au recrutement de l’armée et à l’amélioration des conditions de travail dans le secteur communal (lire l’encadré plus bas), les élus se sont levés pour longuement ovationner Claude Frieseisen, qui a assisté à sa dernière séance publique en tant que secrétaire général de la Chambre. Son successeur sera Laurent Scheeck, élu début février par les députés.

Le Parlement est lui aussi un lieu de travail, non seulement pour les politiciens mais aussi pour le personnel administratif. Disposer d’un diplôme universitaire est devenu une quasi-obligation pour travailler au Marché-aux-herbes. «Mais on est tous différents», souligne Marc Spautz. Le député chrétien-social se trouve à la base du débat mené jeudi sur le bien-être au travail. Il a dressé un long état des lieux d’un marché du travail en pleine mutation. «Aujourd’hui, il n’existe plus de secteur comme jadis la sidérurgie qui pouvait proposer un emploi à une large panoplie de profils», souligne notamment Marc Spautz.

Le principe pour assurer le bien-être au travail reste toutefois le même dans une société en pleine révolution digitale : «Le salarié doit se sentir utile et avoir l’impression de faire un travail sensé.» Trouver le bon équilibre à tous les niveaux, pour réussir la conciliation entre vie privée et vie professionnelle, demeure tout aussi primordial. L’ensemble des intervenants l’ont souligné jeudi, tout en attirant l’attention sur les cas de salariés victimes de dépressions ou de burn-out. «Une entreprise se développe ou chute avec le concours de ses salariés», fait remarquer Jeff Engelen (DP). Le bien-être au travail devrait donc être du «gagnant-gagnant» à la fois pour les salariés et les entreprises.

Cette conclusion a été avancée à plusieurs reprises lors du débat. Mais en même temps, les députés ont énuméré toute une série de maux qui caractérisent le marché du travail moderne. «Le Luxembourg figure parmi les pays européens où le plus grand nombre d’heures supplémentaires sont prestées. Ce sont 46 % des salariés qui indiquent avoir travaillé plus d’heures que prévu dans leurs contrats», indique ainsi Carole Hartmann (DP). Georges Engel (LSAP) s’est montré «révolté» concernant les situations précaires dans lesquelles de plus en plus de salariés doivent travailler. «Au Luxembourg, des améliorations restent à faire. Il est à souligner qu’on a résisté à toute tentative de libéraliser ou déréguler notre droit du travail», développe le chef de file des socialistes à la Chambre.

«Les salariés se sentent comme des esclaves»

Marc Baum (déi Lénk) évoque lui les «délocalisations d’emplois» ainsi que la «flexibilisation des heures de travail». «Une récente étude de la Chambre des salariés est venue démontrer que la flexibilisation équivaut à une augmentation de la durée de travail», indique l’élu eschois.

Et pourtant : une organisation plus flexible des heures de travail est notamment avancée par le DP pour améliorer le bien-être au travail. «Chacun sait quelle est la manière optimale d’organiser son temps de travail et ce qui correspond le mieux à son style de vie», lance Carole Hartmann. Le télétravail et la digitalisation du travail sont deux autres concepts qui doivent contribuer à atteindre l’équilibre décrit plus tôt par Marc Spautz.

Déi Gréng et les pirates se sont eux engagés pour une plus forte implication des salariés dans leurs entreprises. «Il faut s’éloigner du principe que le bénéfice du travail est destiné aux seuls actionnaires», plaide l’élu vert Charles Margue. Sven Clement veut faire un pas de plus en faveur de l’actionnariat salarié pour éviter que «les employés se sentent comme esclaves». «Travailler 40 heures par semaine sans parvenir à joindre les deux bouts à la fin du mois impacte le bien-être», ajoute l’élu du Parti pirate.

Dans sa réplique, le ministre du Travail a rappelé que le gouvernement prévoit de mettre en place un système favorisant la participation des salariés aux bénéfices engrangés par leur employeur. «Ce modèle réduit le risque. L’actionnariat salarial suit une tout autre logique et pourrait négativement impacter les employés», conclut Dan Kersch.

David Marques

Les communes, un «patron attractif»

Les emplois dans la fonction communale, tout comme ceux dans la fonction publique, restent très demandés par les résidents de nationalité luxembourgeoise.

Depuis novembre dernier, les fonctionnaires de l’État bénéficient déjà de conditions d’embauche et de travail plus avantageuses. Jeudi, la Chambre des députés a validé à l’unanimité un cadre similaire pour les personnes travaillant auprès des communes.

Parmi les réformes phares figurent une réduction du stage de trois à deux ans, une hausse des congés extraordinaires ou encore une révision sur le fond et la forme de l’examen d’entrée.

«Notre principe reste celui de mettre en place des communes modernes. Disposer d’un personnel qualifié et motivé est indispensable pour assurer un service de qualité. Avec l’adaptation des conditions de travail, les communes vont rester un patron attractif», souligne la ministre de l’Intérieur, Taina Bofferding.

D. M.

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