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Coronavirus : dès le début, les pharmacies ont adopté les bons réflexes


Toutes les précautions sont prises par les pharmaciens pour protéger leurs clients et leurs employés. (Photo AFP)

Les pharmacies, maillons essentiels de la chaine sanitaire de lutte contre le Covid-19, ont mis en place toutes les mesures nécessaires pour éviter d’interrompre le circuit des médicaments.

Dès le début de la crise au Luxembourg, soit le vendredi 13 mars, des représentants du Syndicat des pharmaciens luxembourgeois (SPL) ont intégré un groupe de travail initié par le PGEU, groupement pharmaceutique de l’Union européenne, afin de mettre en place des recommandations qui s’inspirent pour la plupart de l’expérience des pharmaciens italiens», explique Théodore Biewer, conseiller délégué de la Chambre du commerce de Luxembourg à laquelle est affiliée la SPL.

Les pharmaciens luxembourgeois ont eu pour recommandation d’aménager leur officine de manière à pouvoir recevoir les clients tout en respectant les distances et barrières de sécurité avec leur personnel. Des vitres en plexiglas ont été installées au-dessus des comptoirs, le nombre de clients à l’intérieur de l’officine est limité et cette dernière est désinfectée toutes les demi-heures. «Le personnel des pharmacies a été réparti en équipes qui alternent chaque semaine afin de le préserver en cas d’aggravation de la pandémie et d’éviter de devoir fermer une pharmacie en cas d’infection», ajoute Théodore Biewer, «Il s’agit avant tout de pouvoir continuer de garantir le circuit des médicaments. S’il était interrompu, ce serait terrible.»

Des pharmacies, pas des foyers d’infection

Comme le personnel médical, les pharmaciens sont en contact permanent avec des personnes malades et donc à risques. Leur rôle est à la fois de protéger ces personnes et de se protéger eux-mêmes. «Au terme d’une longue entrevue avec les membres de la cellule de crise du ministère de la Santé, nous sommes parvenus à obtenir des masques pour le personnel des pharmacies», précise Théodore Biewer. Il est hors de question qu’une pharmacie devienne un foyer d’infection. Heureusement, les pharmaciens n’ont pas attendu nos recommandations pour mettre en place les premières barrières. En tant que professionnels de la santé, ils ont eu les bons réflexes.»

À l’heure actuelle, les gardes des pharmacies n’ont pas été chamboulées par la crise, car aucune pharmacie n’a dû fermer par manque de personnel. Le syndicat reste cependant vigilant et est prêt à agir en cas de scénario catastrophe. «Nous sommes en échange constant avec le ministère de la Santé et sa cellule logistique afin d’établir des scénarios en cas d’aggravation de la pandémie au Luxembourg», assure le conseiller de la Chambre de commerce. La population peut être rassurée, tout a été prévu et notre réserve de médicaments est suffisante.»

Théodore Biewer se veut également rassurant envers les personnes souffrant de maladies chroniques : «Elles ne doivent pas craindre d’entrer dans une pharmacie et ainsi négliger leur traitement contre la maladie chronique dont elles souffrent. De plus, leurs médecins peuvent envoyer leurs ordonnances directement à la pharmacie de leur choix (lire ci-dessous). Les médicaments sont préparés en amont pour limiter la durée de présence du client dans la pharmacie et peuvent même être livrés à domicile.» Par les scouts, les employés des pharmacies, des ouvriers de la Ville de Luxembourg ou toute autre personne assurant ce service. Les pharmaciens restent disponibles par téléphone pour conseiller leurs clients sur la prise de médicaments.

Pas de pénurie de médicaments

À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. «Les pharmaciens n’ont jamais connu une telle ruée sur leurs officines que lors des deux premières semaines après que la présence du Covid-19 a été déclarée au Luxembourg. Pourtant, ils tiennent bon, indique Théodore Biewer. Ces deux dernières semaines, le flux de clients a tendance à diminuer. Ils se sont également dispersés avec les mesures de confinement. Quelqu’un qui travaille à Luxembourg a tendance à y aller à la pharmacie. S’il doit rester à son domicile, il ira à la pharmacie la plus proche de chez lui. La situation s’est inversée. Certaines pharmacies ont ainsi avoir recours au chômage partiel pour leurs employés.»

Les masques chirurgicaux ont été, comme ceux qui ont cherché à en acquérir le savent, le premier produit en rupture de stock, suivi du gel désinfectant. «Le marché étant global, leur approvisionnement ne dépend pas des pharmaciens. Chaque pays a essayé d’en obtenir, explique le conseiller. Les masques arrivent au compte-goutte dans certaines pharmacies, d’après ce qu’on m’a dit, mais en très petites quantités.» Les médicaments en lien avec le traitement du Covid-19 sont, quant à eux, tous disponibles.

Les officines sont désinfectées régulièrement, les pharmaciens portent des masques et des gants. Les clients, malades ou pas, peuvent s’y rendre en toute sécurité.

Sophie Kieffer

Achat de médicaments en ligne : deux services à ne pas confondre

Une des solutions pour ne pas croiser de porteurs du Covid-19 dans une pharmacie est de commander les médicaments dont on a besoin en ligne. Au Luxembourg, seules deux pharmacies sont agréées par le ministère de la Santé pour vendre des médicaments en ligne. Il faut toutefois préciser que ces médicaments, par mesure de sécurité, sont des médicaments disponibles sans ordonnance. Selon le ministère et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il est risqué d’acheter des médicaments sur internet. La moitié de ces médicaments seraient des faux.

Pandémie du coronavirus oblige, les pharmaciens ont dû s’adapter et utiliser les nouvelles technologies pour permettre aux malades de se soigner sans contaminer d’autres personnes. C’est là que la plateforme eConsult intervient. Elle permet non seulement de consulter un médecin traitant de manière virtuelle, mais également à ce dernier d’envoyer l’ordonnance directement aux patients et aux pharmaciens. La prescription d’un test de dépistage au Covid-19 peut aussi être envoyée au laboratoire ou à un centre de soins avancé, entre autres fonctionnalités. La plateforme a été lancée par la Caisse nationale de santé (CNS) et eSanté avec l’aide de l’entreprise Logipharm.

«Nous travaillons à mettre en place les prescriptions électroniques avec les deux tiers des pharmacies au Luxembourg», explique Danielle Becker-Bauer, présidente de l’entreprise et vice-présidente du Syndicat des pharmaciens du Luxembourg. «Nous avons lancé une version simplifiée de notre logiciel qui permet au médecin de télécharger sur la plateforme une ordonnance en version PDF que les pharmaciens peuvent récupérer et traiter.

Il ne s’agit en aucun cas d’un site de vente de médicaments en ligne. La partie réservée aux médecins et aux pharmaciens n’est accessible à personne d’autre.» Certains médecins et patients envoyaient directement les ordonnances par fax ou par e-mail aux pharmacies. La plateforme permet d’unifier et de sécuriser les pratiques. Le projet lancé bien avant la pandémie peut désormais faire ses preuves.

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